La mesure ne cible que les loueurs professionnels utilisant les plateformes pour particuliers comme Airbnb ou Abritel. Ce faisant, la municipalité espère atteindre “un équilibre d’implantation” de nouveaux habitants dans Paris intra-muros, a expliqué ce jeudi Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire Anne Hidalgo.
La Ville de Paris va interdire les nouveaux meublés touristiques de loueurs professionnels dans les zones d’hyperconcentration touristique qui souffrent d’un déficit de logements, afin de protéger les résidents permanents de l’explosion des locations de type Airbnb, a-t-on appris jeudi.
“Des secteurs entiers de Paris vont être interdits aux créations de nouveaux meublés touristiques parce que nous considérons que l’offre est déjà très abondante et que nous visons un étalement et un équilibre d’implantation dans Paris intra-muros”, a expliqué à la presse Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire PS de Paris lors d’une déambulation dans le quartier du Sentier, très touché par la transformation de commerces en meublés touristiques.
Proposition de loi à l’Assemblée Nationale
Cette mesure ne s’appliquera pas aux propriétaires qui louent occasionnellement leur résidence principale dans la limite de 120 jours par an, uniquement aux investisseurs professionnels. La ville, qui compte officiellement 43.000 meublés touristiques – un chiffre largement sous-estimé selon la mairie -, espère également profiter d’une proposition de loi qui sera discutée en juin à l’Assemblée nationale.
pour réguler la transformation de bureaux en meublés de tourisme. Trois députés (EELV, Horizons et PS) suggèrent notamment de réduire de 120 à 90 le nombre de nuitées autorisées pour la location touristique, et d’étendre cette obligation aux résidences secondaires.
Les élus redoutent en effet que l’appétit des investisseurs ne se tourne désormais vers les bureaux, pour lesquels il n’existe encore aucun outil de régulation, après avoir jeté leur dévolu sur les petits commerces, dont la transformation est aujourd’hui réglementée. Selon Dorine Bregman, adjointe chargée des commerces à Paris Centre, un commerce sur huit a été transformé en meublé touristique au coeur de la capitale entre 2020 et 2022.
L’annonce intervient en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. La veille, dans une interview aux Échos, le PDG d’Airbnb Brian Chesky, avait affirmé s’attendre à recevoir “beaucoup d’athlètes […] peut-être leurs familles, les équipes, les coachs, d’autres VIP”, dans les locations hébergées sur sa plateforme lors de la compétition, qui se déroulera l’été prochain.
Offensive contre les plateformes de location
Les élus parisiens envisagent aussi d’imiter la communauté d’agglomération du Pays basque, qui oblige dans 24 communes un propriétaire à produire, dans la même ville et avec une surface équivalente, un bien sur le marché locatif à l’année pour compenser un logement transformé en meublé touristique.
Longtemps désarmée face à l’explosion incontrôlée des meublés touristiques, la Ville de Paris a beaucoup renforcé son arsenal juridique ces dernières années. Depuis janvier 2022, tout changement d’usage d’un commerce en meublé touristique est soumis à autorisation de la mairie et les logements
transformés en locations touristiques doivent être compensés par deux fois, voire trois la même surface en logements à l’année.
En 2021, la plateforme Airbnb, attaquée par la Ville, a par ailleurs été condamnée à 8 millions d’euros d’amende pour avoir publié un millier d’annonces sans numéro d’enregistrement. “Aujourd’hui, les outils de régulation montrent leurs premiers effets positifs et on assiste à un tassement du nombre de meublés touristiques déclaré”, a souligné M. Grégoire.
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