Après plusieurs reports du procès en appel et plus de dix ans après les faits, les victimes de prostitution forcée au bois de Vincennes, des jeunes Nigérianes dont certaines avaient à l’époque 13 ans, ont enfin vu plusieurs de leurs bourreaux définitivement condamnés ce mercredi 27 septembre.
Les proxénètes, qui avaient été condamnés de 10 à 19 ans de prison en première instance, en 2020, ont écopé de peines proches, même si légèrement plus faibles, allant de 8 à 18 ans. La Cour d’appel les a définitivement reconnus coupables de proxénétisme aggravé en bande organisée et traite d’êtres humains.
“La cour a pris en compte l’extrême gravité des faits reprochés” et “la manière dont ces jeunes filles ont pu voir leur humanité niée dans un but mercantile”, a souligné la présidente, Pascale Pérard, à la lecture du verdict. L’avocat général avait requis mardi des peines de prison ferme allant de 9 à 18 ans.
Des micro-réseaux organisés
Cette affaire n’est pas isolée. À l’origine de cette traite, des micro-réseaux organisés sur place ont fait croire aux parents des victimes qu’elles auraient un travail en France, recrutant sur place, dans l’Etat d’Edo (sud-ouest du Nigeria), dans des salons de coiffure notamment.Avant de partir, les jeunes filles devaient prêter serment lors d’un “juju”, un rite consistant à se soumettre aux passeurs sous peine de mauvais sort.
Suivait un long périple pour rejoindre la France. Parmi les victimes qui ont saisi la justice, un groupe de neuf jeunes filles a fait route ensemble. Elles étaient réparties dans trois zodiacs au moment de traverser la Méditerranée, “car on ne met pas toute la marchandise dans le même bateau par précaution”, relevait l’avocate de l’une d’entre elles, Catherine Delanoë Daoud (interviewée suite au report du procès en janvier 2022). Une traversée mortelle puisque l’un des bateaux a chaviré alors que les trois jeunes filles à bord ne savaient pas nager. L’une d’elles a réussi à se raccrocher à une corde et a été récupérée par un bateau italien. Les deux autres meurent noyées.
80% des jeunes Nigériannes en exil destinées à la prostitution
Une fois dans le camp de migrants, les jeunes filles avaient un numéro à appeler pour qu’on vienne les chercher. “80% des filles nigérianes qui arrivent dans ces camps sont destinées à cette issue”, indiquait l’avocate. Pour d’autres filles, le périple s’est arrêté avant la traversée de la mer, vendues dans des maisons closes en Lybie.
16 victimes identifiées
Au procès de Créteil, les jeunes femmes qui ont porté plainte se sont retrouvées obligées de se prostituer dans le bois de Vincennes. Un calvaire au quotidien que les huit femmes qui se sont portées partie civile ont dû, pour certaines, raconter plusieurs fois. Au total, seize victimes ont été identifiées.
Cinq responsables ont été inculpés : deux couples, Osmos et Miriam Wiseborn, et Blessing Ubi et Dennis Brown, ainsi qu’une homme, Emmanuel Ainwansosa, inculpé pour avoir pratiqué des avortements sauvages. Seuls quatre comparaissaient ce mois de septembre. Miriam Wiseborn avait, en effet, pris la fuite, et avait donc été condamnée par défaut à 20 ans de réclusion.
De 8 à 19 ans de prison
Pour Omos Wiseborn, qui “a participé activement à l’organisation de ce réseau” selon l’accusation, la cour a suivi les réquisitions de l’avocat général et l’a condamné à 18 ans de réclusion, contre 19 ans en première instance. Une peine “extrêmement sévère” pour son avocate, Me Caroline Thévenin, “qui n’est pas le reflet de la réelle implication d’Omos Wiseborn dans ce réseau criminel : il n’était pas en haut de la pyramide”, a-t-elle dit.
Pour avoir hébergé des jeunes filles, les avoir forcées à se prostituer, et avoir récupéré l’argent gagné lors de leurs nuits de passes, Dennis Brown et Blessing Ubi ont été condamnés à respectivement 12 et 15 ans ferme. Ils avaient écopé de 13 et 15 ans de réclusion en première instance.
Emmanuel Aiwansosa, jugé pour avoir pratiqué un avortement forcé sur une des parties civiles et pour proxénétisme aggravé, a écopé de huit ans de prison ferme, contre dix ans en première instance.
“Cela me semble juste, c’est une décision qui ne choquera pas ma cliente”, a réagi Me Catherine Delanoë Daoud, avocate d’une jeune femme qui avait 14 ans au moment des faits, et avait raconté à la cour son avortement sauvage et forcé jeudi dernier.
Tout au long de l’audience, les accusés ont reconnu les faits, cherchant toutefois à minimiser leur rôle et leur implication. Ils ont aussi exprimé des regrets et présenté leurs excuses aux victimes, qui avaient raconté leur supplice à la cour.
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‘Enfin’ est le terme qui convient … à condition que l’on poursuive la surveillance et la répression des trafiquants d’êtres humains, et que l’on mette ces jeunes femmes à l’abri.
Ah mais que je suis bête : on ne peut pas mettre ces jeunes femmes à l’abri, puisque la prostitution est ‘libre’ !!!
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