Culture | | 21/09/2023
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Transhumanisme et photographie post-mortem : 2 expos pour dépasser la mort à Gentilly

Transhumanisme et photographie post-mortem : 2 expos pour dépasser la mort à Gentilly © Eric_Dexheimer

Prolonger le vivant via le transhumanisme, ou se projeter dans la finitude du corps humain en regardant la mort en face ? À Gentilly, l’équipe muséale de la Maison Doisneau et du Lavoir numérique, propose deux expositions pour questionner notre rapport au corps, à la vie à la mort.

Gérée par la même équipe, les deux lieux culturels cultivent chacun un regard qui leur est propre et cette complémentarité fait tout l’intérêt de cette double exposition.

Et nos morts ?

À la Maison Robert Doisneau, dédiée à la photographie humaniste, l’exposition “Et nos morts ?” s’attaque au sujet du point de vue corporel, de la dépouille humaine. “L’objet ici n’est pas la mort dans un absolu. Il n’est pas question de s’interroger sur les diverses façons dont la photographie peut, de manière plus ou moins réaliste ou métaphorique, s’emparer de la mort en tant que notion ou abstraction. Car ce sont bien les morts eux-mêmes et l’image de leurs dépouilles en Europe (en France en particulier) qui font l’objet de notre réflexion”, pose, d’entrée de jeu, Michaël Houlette, directeur des deux lieux culturels et commissaire de l’exposition, dans sa présentation.

Le mort comme objet photographique, avec ses contraintes (position, éclairage, codes funéraires à respecter…), voilà le sujet. La place de ce corps mort dans la société, est aussi questionnée. “Ce qui relevait du visible et d’une certaine tradition, au moins jusqu’au milieu du 20ᵉ siècle, a de toute évidence évolué ou semble désormais révolu. Les morts européens ont disparu de la sphère médiatique. Quotidiens et magazines imprimés, journaux télévisés ou sites internet d’informations ne diffusent, par exemple, plus les portraits post mortem de nos célébrités trépassées comme cela se faisait jusque dans les années 1960”, constate Michaël Houlette.

L’exposition présentée du 22 septembre 2023 au 18 février 2024 brise le tabou, tout en restant fidèle à son approche humaniste. Pas de spectaculaire mais du quotidien, comme cette photographie à la morgue, issue de la série Post Mortem de Patrick Budenz (2009), ou encore de la tendresse, avec le cliché centré sur des mains croisées, âgées, de femme, délicatement posées sur un lainage rose, de Odhran Dunne (2019).

© Odhran Dunne
A great send off, diapaorama sonore, 2019 Odhràn Dunne

Les photographes de l’exposition : Laure Albin Guillot, Philippe Bazin, Goran Bertok, Patrik Budenz, Christine Delory-Momberger, Eric Dexheimer, Robert Doisneau, Odhràn Dunne, Laurence Geai, Steeve Iuncker, Irène Jonas, Beate Lakotta et Walter Schels, Franck Landron, Jacques Henri Lartigue, Frédéric Pauwels, Bruno Réquillart, Rudolf Schäfer, Raymond Voinquel et Sophie Zénon 

Vernissage de l’expo ce jeudi 21 septembre à 18h, puis entrée libre jusqu’au 22 février 2024.
Infos pratiques

H+, transhumanisme(s)

Guérir les corps, prolonger le vivant, l’augmenter, le dupliquer, le numériser… Le transhumanisme questionne et divise. “Certains considèrent ce mouvement comme un phénomène «neutre», logique au vu des avancées scientifiques. On peut aussi considérer qu’il s’agit d’une nouvelle forme de spiritualité, dégagée du poids des religions et qui érige l’humain en animal tout puissant. D’autres enfin y voient une forme d’adoration de la technique et de l’individu, signes d’une mégalomanie fautive”, résume Matthieu Gasfou, philosophe et photographe suisse, à qui l’expo est consacrée.

Ouvert fin 2020 pour explorer et favoriser la création numérique, mais aussi la questionner, le Lavoir numérique nous invite à réfléchir, à partir de réalisations concrètes de ce transhumanisme, de la couveuse aux souris transgéniques en passant par les implants, croqués par Matthieu Gasfou.

© Matthieu Gasfou
Yann Minh, né en 1957, est un artiste spécialisé dans la cyberculture. On le voit ici dans son Nooscaphe. Photographie de Matthieu Gasfou

“La sécheresse formelle, mariée à la simplicité des compositions, permet de saisir la vision d’un humain détaché de sa chair. Prises isolément, les images déroutent plus qu’elles n’explicitent. C’est mises en réseau qu’elles tissent la toile d’une histoire. Artificielles, les photos ressemblent à leur sujet: on ne sait plus si c’est le vivant qui s’éteint en devenant machine ou si l’inanimé prend vie. Cette série parle donc de notre corps, de notre quotidien et de notre rapport à la technique autant qu’elle ouvre sur des perspectives d’avenir”, indique le photographe tout en prévenant : “H+ ne donne aucune réponse”.

Vernissage ce jeudi 21 septembre à 18h, puis entrée libre jusqu’au 11 février 2024
Visite commentée samedi 23 septembre à 14h30
Infos pratiques

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