Un incendie a ravagé samedi plusieurs étages d’un immeuble d’habitation à L’Île-Saint-Denis, causant la mort de trois personnes, dont un adolescent, et faisant une vingtaine de blessés.
Le feu a pris peu aux alentours de 09H30 au 9e étage et s’est propagé jusqu’au 12e et dernier étage d’une tour en briques apparentes de la cité Maurice Thorez.
“On est sur un bilan très lourd, quelque chose d’assez catastrophique. Heureusement que les voisins ont donné l’alerte assez vite, avec une intervention très rapide”, a réagi la secrétaire d’Etat chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, venue sur place samedi.
Lors d’un point presse à 15h00, la préfecture de Seine-Saint-Denis avait fait état de “trois personnes décédées, 19 blessés en urgence relative”.
Dans cette tour “comprenant 46 logements occupés”, “une centaine de personnes (a été) impactée par cet incendie”, a précisé le bailleur social Seine-Saint-Denis habitat dans un communiqué.
Dans la soirée, le parquet de Bobigny a précisé que les trois personnes décédées étaient une femme née en 1976 et son fils né en 2009, ainsi qu’une jeune femme née en 1997.
D’après Katy Bontinck, vice-présidente à la rénovation urbaine de l’EPT Plaine Commune, cette dernière “essayait de rejoindre le balcon inférieur aidé par les riverains” lorsqu’elle a chuté.
Une enquête pour “recherches des causes de la mort” a été ouverte et confiée au service de police judiciaire du département, a indiqué le parquet, précisant n’avoir “pas d’informations précises sur l’origine de l’incendie”.
“Huit sauvetages de personnes bloquées dans les étages“
Un important dispositif de secours et de lutte contre l’incendie a été déployé, mobilisant plus de 200 sapeurs-pompiers appuyés par 60 engins. Quatre d’entre eux ont été légèrement blessés.
“Le feu est éteint”, a annoncé vers 15h00 un officier de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Il a décrit un “engagement éprouvant” pour les équipes, qui ont procédé au moins à “huit sauvetages de personnes bloquées dans les étages”.
De son côté, la ville a ouvert un gymnase municipal pour accueillir les sinistrés. Un centre d’appui psychologique a été mis en place par la préfecture.
Les logements situés du neuvième au douzième étage sont complétement “neutralisés”, indique Seine-Saint-Denis habitat. Il n’est donc pas possible d’envisager de réintégrer ces logements (4 par pallier). “Seize relogements durables sont à ce stade à prévoir. Dès demain, l’Office travaillera aux solutions à proposer à ces locataires afin qu’ils puissent être relogés à très court terme. En parallèle, un état des lieux sera effectué du rez-de-chaussée au 8e étage”. Pour l’heure, seule la police judiciaire peut autoriser ou pas à pénétrer dans le bâtiment.
Une permanence pour aider les locataires dans leurs démarches
Le bailleur social a ouvert une permanence “pour faciliter l’accueil des locataires en loges “pour”, “répondre à toutes leurs questions et les accompagner dans leurs démarches” et installé une cellule de soutien psychologique au gymnase Alice Milliat. “Dès mardi, notre équipe juridique sera sur site pour aider les locataires à établir leur déclaration de dommages à leurs assureurs et plus globalement les aider dans toutes leurs démarches administratives”, promet le bailleur.
Rénovation programmée
En septembre 2021, un incendie non meurtrier s’était déjà déclaré dans la cage d’escalier de la même tour selon Jacques Paris, adjoint au maire chargé du patrimoine et de l’espace public. Depuis, les immeubles ont été rachetés par Seine-Saint-Denis habitat.
“On avait exigé que le repreneur fasse des vraies rénovations” de cette cité “qui date du début des années 1970” et “n’est plus aux normes actuelles“, a-t-il expliqué. Sa “rénovation lourde” était “programmée.”
Préfète à l’égalité des chances, Isabelle Pantèbre a indiqué que “l’enquête (était) en cours sur l’état du bâtiment”.
Cité traumatisée
Dans la cité Thorez, l’émoi était palpable parmi la soixantaine d’habitants réunis à l’extérieur. D’après certains d’entre eux, une salle, au rez-de-chaussée d’un bâtiment voisin, a été réservée pour l’accueil des corps des personnes décédées. Un homme en est ressorti en pleurs, pris en charge par des proches.
“Quelqu’un à l’intérieur m’a appelée et j’ai appelé ma famille. Tout le monde est sorti par les escaliers à part les gens du 10, 11, 12 qui ne pouvaient pas sortir”, raconte à l’AFP Jehovana Mvula 21 ans, étudiante infirmière, assise sur un bloc de béton à proximité de l’immeuble. D’après elle, c’est le quatrième incendie depuis 2014. “On est sortis tout de suite”, confirme son père, Maurice Mvula, qui habite au huitième étage. “Il y avait des très grosses fumées”, ajoute ce menuisier à la retraite.
“Je suis descendu et j’ai frappé aux portes, il n’y avait ni alarme qui a sonné, ni rien. C’est le bouche-à-oreille” qui a permis de prévenir les habitants, témoigne à leurs côtés Roger Okitachungu, qui se dit “traumatisé”.
Article actualisé à 9h ce lundi
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