Deux fillettes abusées et proposées par leurs pères via un site libertin, des milliers d’images pédopornographiques saisies… Cinq hommes et trois femmes comparaissent durant un mois à la cour d’assises de la Seine-Saint-Denis dans le cadre d’une sordide affaire d’inceste.
L’audience se penchera pendant un mois sur une série de crimes et délits dont “viol incestueux”, “enregistrement, détention et diffusion d’image à caractère pornographique d’un mineur”, “corruption de mineur” et “non dénonciation de mauvais traitements”. Dans le box des accusés, ils seront huit; cinq hommes et trois femmes.
Sébastien et Nicolas, deux pères de famille entrés en contact via des sites libertins, sont poursuivis pour les faits les plus graves, commis sur leurs filles. En détention provisoire depuis leur interpellation en 2019, ils encourent vingt ans de réclusion criminelle.
Cadre BCBG le jour, violeur la nuit
A la ville, Nicolas est un quadra bon chic bon genre, directeur financier dans de prestigieuses entreprises, père d’une fille unique, dont il a la garde une semaine sur deux. Pacsé avec sa compagne, il réside en Seine-Saint-Denis. Son ex habite dans un autre département. Dans l’intimité, le père abuse de sa fille, sous couvert “d’éducation sexuelle”. Les actes sont pris en photo, voire filmés, et scrupuleusement consignés dans des dossiers portant son prénom.
D’après les dires de la fillette, les attouchements ont commencé lorsqu’elle avait quatre ans. Progressivement, Nicolas s’enfonce dans la déviance, jusqu’à proposer à des contacts libertins d’y participer. Parmi eux, Charles, à qui il raconte ses “progrès” dans l’exploration incestueuse du corps de sa fille. Charles se rendra à au moins six reprises chez Nicolas entre 2017 et 2018.
A l’âge de onze ans et avec des mots d’enfants, la fille de Nicolas sera capable de décrire le fonctionnement de sextoys que son père et son partenaire ont utilisés sur elle. Une infection à la bactérie sexuellement transmissible chlamydia lui sera diagnostiquée.
Charles, également détenu, sera jugé pour viol sur mineure.
L’inventaire des actes sexuels dressé par les enquêteurs mentionne principalement du sexe oral, de la masturbation et des débuts de pénétration anale.
“c’était à celui qui allait faire la photo la plus excitante“
Un soir, alors que Nicolas demande à sa fille de lui faire une fellation, caméra et ordinateur allumés, il voit apparaitre sur son écran Sébastien, qui fait subir la même chose à sa propre fille. Près de Poitiers, lui aussi abuse de son enfant depuis quelques années. Et il a trouvé en Nicolas un compagnon de perversion, avec qui il peut s’épancher sur ses pulsions et les “progrès accomplis”.
Dans cette spirale pédocriminelle, “c’était à celui qui allait faire la photo la plus excitante”, admet Sébastien devant la juge d’instruction.
Le silence des témoins
La fille de Nicolas, qui n’a pas décrit de violences physiques aux enquêteurs, n’a jamais fait part à son entourage des abus sexuels commis par son père. La dénonciation vient d’un utilisateur de site échangiste, à qui Nicolas a suggéré des séances avec sa fille. Avant ce témoin clé, au moins une dizaine d’hommes avaient reçu la même proposition, sans le dénoncer.
Une cellule psy pour les jurés
Pour ce dossier qui relève d’“un voyage aux confins de la perversité humaine”, selon Me Saveriu Felli, avocat de l’association La Voix de l’enfant, une cellule psychologique à destination des jurés sera mise en place.
Comparaîtront sous contrôle judiciaire la compagne de Nicolas ainsi que l’épouse de Sébastien, mère d’une des victimes. Sans en être à l’initiative, elles ont pu participer à des actes impliquant les fillettes. Deux autres hommes, dont un médecin anesthésiste, et la mère de deux enfants victimes de Nicolas sont aussi poursuivis.
“Il n’y a pas de phrase plus difficile à prononcer pour un homme que -je suis pédophile. Il y a un processus long pour y arriver, il l’a fait”, a déclaré à l’AFP son avocat Philippe Sarda. “Les faits sont graves et reconnus pour l’énorme majorité par mon client, a poursuivi le conseil. Ça vaudra une peine sévère, il s’y attend”.
Le verdict doit être rendu le vendredi 3 mars.
par Maryam EL HAMOUCHI
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