Société | Ile-de-France | 26/04/2023
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Une soirée avec Equivox, le chœur LGBTQIA+ de Paris

Une soirée avec Equivox, le chœur LGBTQIA+ de Paris © RB

Depuis plus de trente ans, Equivox défend la cause des personnes LGBTQIA+ en chantant, proposant des reprises de variétés francophones et anglophones. Une initiative inclusive, militante et festive. Reportage.

“Allez ! Plus fort !” Debout derrière son piano, Mariette, tape dans ses mains, donne la cadence avec son pied, et encourage ses troupes à la manière d’une coach sportive. Depuis 2018, elle est la cheffe de chœur d’Equivox, une chorale qui défend à sa façon la cause des personnes LGBTQIA+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers, Intersexes, Asexuels et plus). Ce lundi soir, dans le préau de l’école primaire Saint-Sébastien (Paris XIe), le groupe organise une soirée ouverte à tous ceux qui aimeraient pousser la chansonnette. Au programme : Don’t Leave Me This Way de Thelma Houston, tube de la lutte contre le SIDA des années 1980.

Le répertoire inclut des hymnes LGBT, comme un medley des succès de Dalida, I Wanna Dance With Somebody de Whitney Houston, ou des chansons moins marquées et plus actuelles, comme Le Dernier Jour du Disco de Juliette Armanet. Chaque année, les 70 membres se produisent une dizaine de fois, à l’occasion d’événements militants comme les journées de lutte contre l’homophobie et contre le Sida, mais aussi au festival des Voix sur Berges, ou lors de la fête de la musique. Peu importe l’occasion, l’important est d’occuper l’espace public : “Notre militantisme, c’est d’être visible”, explique Simon, choriste depuis cinq ans. “La dimension militante contribue au plaisir que j’ai”, motive cet éducateur spécialisé. “On est lié par des choses assez fortes, constitutives de qui on est. Donc il y a forcément un côté un peu famille.”

Chanter pour être ensemble, sans railleries

Hormis la cause LGBTQIA+, Equivox sert aussi de lieu de socialisation à ses membres. “J’ai fait mon coming-out assez tard, à 25 ans, donc la plupart de mes amis étaient hétéros”, explique Thomas, 34 ans, dont 4 au sein d’Equivox. “Je cherchais un un lieu de regroupement LGBTQIA+, peu importe l’activité. J’ai aussi cherché du côté des clubs de natation, de handball… Et je suis tombé sur Equivox via un ami à moi, qui m’en a parlé” raconte ce brun aux cheveux courts. Pour Olivier, le cheminement est inverse, mais le résultat est le même : “Je cherchais à chanter, mais c’est vrai que le fait que ce soit une chorale LGBT était un plus. Ne pas être avec des gens qui nous regarderaient bizarrement dans d’autres milieux, ça pousse à se lâcher”, confie ce développeur informatique. Car, ailleurs, les railleries existent. Thomas raconte l’histoire d’un ex-membre de la chorale, victime de moqueries dans un autre chœur à cause de sa voix de soprano, jugée trop aigüe pour un homme.

De gay et lesbien, à LGBTQIA+ : le chœur aussi a évolué

De fait, la chorale est organisée pour inclure le plus grand éventail d’identités possibles. “Les pupitres [sous-groupes au sein du choeur, répartis en fonction des timbres de voix, ndlr] sont non-genrés ! Vous pouvez être une femme et aller avec les voix graves, et inversement. Et si vous voulez qu’on vous appelle par un certain pronom, il, elle, iel, faites-le nous savoir !”, annonce Mariette à la trentaine de visiteurs venus se tester. Le chœur, appelé “Chœur Gay et Lesbien de Paris” lors de sa création en 1989, s’est aussi renommé Équivox, un signal d’ouverture aux personnes transgenres. “La décision a été prise après qu’on se soit fait un peu secouer lors de la Pride de 2018, par des manifestants qui nous trouvaient un peu trop genrés”, se rappelle Thomas. “C’est vrai que ça nous mettait dans le passé du mouvement militant ! Aujourd’hui, les revendications sont beaucoup plus larges.”

“Ça donne des frissons”

Elle-même hétérosexuelle, Mariette plussoie. “L’important, c’est d’aller là où ta voix te mène. La chorale, c’est un cocon de sécurité”, insiste la cheffe de chœur. La formule fait mouche. “Quand tu vois ça, ça donne forcément envie de les rejoindre, ça donne des frissons !” s’enthousiasme Anthony, 42 ans. “Je voulais faire de la chorale avant tout, mais le fait que ce soit une chorale LGBT a été un plus. Être entre nous, ça nous permet d’éviter les railleries. Or, quand tu chantes, tu te mets à nu“, développe ce grand blond, qui n’avait pas chanté en chœur depuis ses 15 ans, au lycée. L’année prochaine, il compte bien rattraper le temps perdu.

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