Presque deux semaines après la rentrée des classes, seuls les cours magistraux ont démarré à la faculté de sport (Staps) de l’Université Paris Est Créteil (Upec). Dès le 1ᵉʳ septembre, les enseignants ont démissionné de leurs responsabilités administratives pour dénoncer une prime jugée inéquitable.
En principe, les étudiants en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) sont parmi les premiers à reprendre les cours à l’université. Mais, si le 4 septembre, les enseignants ont accueilli la nouvelle promotion en amphithéâtre, ils n’ont pas proposé l’habituelle semaine d’intégration, ni organisé les travaux dirigés (TD) et cours d’approfondissement. Depuis une dizaine de jours, les étudiants de la fac de sport de Créteil doivent donc se contenter des cours magistraux.
En cause, la décision collective de l’équipe enseignante de démissionner de leurs fonctions administratives en raison d’une revalorisation jugée inéquitable de la prime liée à ces missions. “Ces missions concernent par exemple la constitution des groupes de TD en fonction des choix et profils des élèves, la mise en stage de nos premières années, l’accompagnement des sportifs de haut niveau, des étudiants salariés, les gestions d’emploi du temps, les recrutements de vacataires, résume Christophe Bordenave-Biben, enseignant à la fac de sport de Créteil. Jusqu’à présent, nous touchions une prime de 1 500 euros annuels pour l’équivalent de 40 heures en plus du temps d’enseignement. Le ministère a annoncé une revalorisation mais elle est discriminante.”
Une différence statutaire à l’origine du conflit
Le ministère de l’Enseignement supérieur a, en effet, proposé au début de l’été d’augmenter cette prime progressivement jusqu’en 2027 mais a distingué les enseignants du second degré affectés au supérieurs, des enseignants-chercheurs. Pour les premiers, la prime grimpera à 3 300 euros d’ici à quatre ans, pour les seconds à 6 400 euros. “Nous effectuons le même travail alors, comment justifier cette différence ?”, s’interroge l’enseignant, responsable jusqu’à maintenant de la troisième année de licence et de la spécialité football.
Ce mouvement pour l’alignement de la prime a été lancé au printemps dernier par le collectif 384, un groupement inter-universitaire d’enseignants du secondaire affectés au supérieur. Le conseil d’administration de l’Upec a voté une motion de soutien à ces revendications, le 7 juillet dernier. “Mais les revendications des enseignants de STAPS relèvent de la politique nationale sur laquelle nous n’avons pas de prises“, précise le cabinet de la présidence.
Pour autant, les enseignants de l’UFR Staps de Créteil, réunis en assemblée générale début septembre, ont décidé la démission collective. Ils ont depuis reçu le soutien de la députée LFI Clémence Guetté, présente lors de l’accueil des élèves et de l’association Nationale des étudiants en STAPS (ANESTAPS).
Depuis, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a publié, le 7 septembre, un communiqué dans lequel sont annoncées plusieurs mesures visant à “mieux reconnaître“, le travail des “12 000 enseignants agrégés ou certifiés affectés dans les établissements d’enseignement supérieur, où ils transmettent leurs savoirs essentiellement dans les licences et les BUT“. Concrètement, la prime en question est augmentée de 1 000 euros dès cette année, pour atteindre 4 200 euros en 2027. Une avancée jugée insuffisante et qui ne résout pas la différence de statut.
Au-delà de la prime, inquiétude sur le financement de l’Upec
Sur la cinquantaine de titulaires que compte la faculté de sport, 17 enseignants possèdent le statut considéré comme lésé, et sont soutenus par leurs collègues enseignants-chercheurs. Les démissionnaires de Staps pointent par ailleurs des problèmes structurels. “Le point de départ des revendications, c’est cette prime, mais cela a exacerbé d’autres problèmes. Ainsi, nous nous sommes rendu compte que les dotations du ministère aux universités, à la nôtre en particulier, décroissent énormément. En 2017, le ministère donnait 7 452 euros par élèves, aujourd’hui, nous accueillons davantage d’étudiants et pourtant, l’Etat nous verse 702 euros de moins. Notre université se retrouve en difficulté, nous risquons la mise sous tutelle du rectorat avec des craintes évidentes sur les conditions d’emploi”, poursuit l’enseignant qui évoque l’hypothèse du non-remplacement de trois collègues bientôt en retraite et d’une mutation.
Une troisième assemblée générale est organisée ce jeudi par les enseignants de la fac de sport. Une rencontre a par ailleurs lieu ce lundi entre les représentants nationaux de la mobilisation et le ministère de l’Enseignement supérieur. “L’UPEC met tout en œuvre afin que la rentrée se déroule dans les meilleures conditions pour les étudiants : les cours magistraux ont bien lieu à partir du lundi 11 septembre pour l’ensemble des années de la licence STAPS. Nous travaillons activement, avec la composante, à la constitution des emplois du temps afin que les étudiants puissent démarrer le plus rapidement possible les cours de TD“, précise l’université.
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