Economie circulaire | Val-de-Marne | 16/03/2023
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Val-de-Marne circulaire : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine

Val-de-Marne circulaire : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine © Maximum

Concilier design, recyclage des matériaux et production en série, tel est le pari réussi par Maximum à Ivry-sur-Seine. L’entreprise, créée par trois vingtenaires en 2015, propose du mobilier de bureau au design standardisé, intégralement conçu à partir de chutes industrielles. Une recette écologique à prix maîtrisé qui s’est transformée en succès économique.

À l’origine de cette entreprise 100% circulaire : trois jeunes diplômés. Armand Bernoud, président, sort alors de l’EM Lyon. Romée de la Bigne et Basile de Gaulle achèvent pour leur part leur cycle à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs avec les félicitations du jury, dans les catégories design d’objet et design graphique.

“Nous constations le développement des meubles en palette mais souhaitions y ajouter la notion de design. Nous nous sommes aussi d’emblée engagés dans une dimension sérielle”, explique Armand Bernoud. Objectif : standardiser la production pour proposer des articles en série et à des tarifs abordables.

Une condition qui sélectionne les approvisionnements. “Nous cherchons des gisements qui ont de la récurrence et nous travaillons donc avec des industriels qui produisent aussi en série. Il s’agit de partenariats de long terme, pas de série limitée.”

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série consacrée à l’économie circulaire dans le Val-de-Marne, réalisée avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne et de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
La CCI 94 développe actuellement un accélérateur d’économie circulaire à l’attention des acteurs économiques du département. Pour plus d’informations, contacter Patricia Fouré, responsable partenariats et projets circulaire (pfoure(a)cci-paris-idf.fr)

“On ne cherche pas seulement à valoriser la matière mais le travail fait dessus

Échafaudage, barrières métalliques, planchers carbone issus de l’industrie aéronautique, portes… les objets récupérés sont variés dans leur composition. Peu importe, pourvu qu’ils soient disponibles en nombre, de manière récurrente. À partir de là, le défi de l’entreprise est d’utiliser au maximum, comme son nom l’indique, la valeur ajoutée du design initial de l’objet. “On ne cherche pas seulement à valoriser la matière mais le travail fait dessus. Lorsque l’on récupère des échafaudages, par exemple, on réutilise leurs fixations. Nos partenaires deviennent ainsi des sous-traitants”, détaille le président.

C’est tout l’enjeu du design que d’imaginer du mobilier à partir de ces récupérations, qui réponde à des critères esthétiques et de praticité, tout en restant reste simple à répliquer de manière standardisée.

Les fixations des échafaudages sont ainsi utilisées, telles que conçues à leur origine, pour constituer des supports de table. En guise d’embout, du liège issu de bouchons de bouteille vient chapeauter les tubes métalliques. Le plateau, lui, provient de cloisons en verre trempé qui ne se redécoupent pas et finiraient autrement à la déchetterie.

La table Clavex, fabriquée à partir d’échafaudages, de bouchons de bouteille et de parois vitrées non redécoupables.

Les barrières Vauban, que l’on voit partout dans les rues, récupérées notamment auprès de préfectures de police lorsque leurs pieds lâchent, sont transformées en canapés dont le tissus et le rembourrage proviennent des chutes de tissus pour intérieur automobile et d’un fabricant de mousse. Leur couture est effectuée par la société Bilum, par ailleurs pionnière du surcycling à partir de toiles publicitaires, basée à Choisy-le-Roi.

“Nous essayons de créer des best sellers”

Les panneaux de carbone alvéolaires destinés aux planchers des Airbus A350, eux, sont sauvés de l’enfouissement en étant recyclés en étagères à suspension. Les tubes lumineux usagés, encore, sont regroupés pour se transformer en abat-jour, servant à adoucir la lumière de nouveaux leds.

Autre exemple encore, celui des portes de bureau standard, jetées par millier. Leur cadre en bois massif est utilisé pour les pieds tandis qu’un système de courbure permet de faire varier la dimension du plateau sans créer de nouvelles chutes. L’objectif, ici, est de n’utiliser qu’une porte par bureau, mais entièrement.

“Nous essayons de créer des best sellers”, explique Armand Bernoud. Les chaises Gravêne, moulées à partir de chutes de plastique d’un industriel de la plasturgie, sont par exemple produites à 4 000 exemplaires par an, détaille le président.

Le canapé Bultan conçu avec des barrières de police et des chutes de tissus pour intérieur automobile.

Chaque nouveau modèle prend un temps de création, car il faut s’assurer d’un approvisionnement durable et cadrer le processus de fabrication en volume. Un travail d’évangélisation à faire auprès des industriels pour créer ces filières d’approvisionnement. “La demande est actuellement plus mature que l’offre”, constate Armand Bernoud.

Garantir des prix maîtrisés : un enjeu concurrentiel par rapport aux produits non surcyclés

Installée dans une ancienne manufacture de lampes rachetée à la ville, boulevard du colonel Fabien, à Ivry-sur-Seine, la jeune pousse a pris ses marques et emploie désormais 12 personnes pour un chiffre d’affaires de 700 000 euros. Une recette qui passe par une commercialisation essentiellement en BtoB, avec des architectes d’intérieur, distributeurs spécialisés. Dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024, la PMI a également remporté un marché avec le Groupement Village Responsable, qui fédère des structures de l’ESS et de l’économie circulaire.

“Nous essayons d’être le plus abordable possible pour nous aligner sur des concurrents qui ne procèdent pas par upcycling mais font, par exemple, fabriquer en Roumanie”, détaille l’entrepreneur.

Maximum développe également l’innovation en investissant dans la recherche et le développement. “Nous avons inventé un matériau rigide à partir de vieux vêtements”, cite le président. De nouveaux projets dans les cartons, qui motivent la levée de fonds, en cours, de cette entreprise d’avenir.

Voir tous les articles de la série :
Val-de-Marne circulaire # 1 : un enjeu environnemental et économique stratégique
Val-de-Marne circulaire # 2 : Réparer, réemployer, recycler, surcycler… petit tour de l’économie circulaire en Val-de-Marne
Val-de-Marne circulaire #3 : Louer au lieu de vendre : comment la startup Viluso a changé de modèle
Val-de-Marne circulaire #4 : Ambiance Lumière à Alfortville : une PMI à rebours de l’obsolescence programmée
Val-de-Marne circulaire #5 : le vrac n’est pas mort
Val-de-Marne circulaire # 6 : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine
Val-de-Marne circulaire #7 : Économie circulaire en Val-de-Marne : quel modèle économique ? Quel foncier ?
Val-de-Marne circulaire #8 : Économie circulaire en Val-de-Marne : le défi de la déconstruction-reconstruction
Val-de-Marne circulaire #9 : Ta Tiny House invente la maison mobile low-tech
Val-de-Marne circulaire #10 : quel rôle pour les collectivités locales ?
Val-de-Marne circulaire #11  : verdir la culture en maintenant le rêve
Val-de-Marne circulaire #12 : Oser l’économie circulaire ? Retours d’expérience en Val-de-Marne et mode d’emploi
Val-de-Marne circulaire #13 : Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions

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