Ancien résistant et déporté originaire de Maisons-Alfort, Jean Villeret est décédé à l’âge de 100 ans. Ce grand témoin a consacré toute sa vie à la transmission aux nouvelles générations de ses combats pour la liberté.
Son histoire, il l’a déroulée à maintes reprises devant des jeunes du Val-de-Marne, département où il a résidé presque toute sa vie.
Plus tout à fait un adolescent, pas tout à fait un adulte, il fuit le domicile parental de Maisons-Alfort à 17 ans quand les Nazis envahissent le nord de la France en juin 1940. Le jeune mécanicien-tourneur doit renoncer à son projet de rejoindre les Forces françaises libres avec l’occupation de la zone libre en 1942. Réfractaire aux réquisitions pour aller travailler en Allemagne et soutenir l’effort de guerre, il rejoint le groupe de résistants des Francs-Tireurs Partisans (FTP) en décembre 1943.
“Ils m’ont prévenu que si nous étions arrêtés, je risquais d’être fusillé. J’ai quand même accepté. Il faut prendre ses responsabilités et oser dire non. Les plus dangereux sont ceux qui se contentent de ne rien faire“, se remémorait-il en 2020 face à 400 jeunes à Villiers-sur-Marne.
À peine un mois après son entrée chez les FTP, il est arrêté par les autorités françaises en possession de faux papiers et d’une arme à feu chargée. Remis aux occupants allemands puis interné à la prison de Fresnes, il est privé d’eau pendant trois jours. Jean Villeret est ensuite déporté en train au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace. “Une fois arrivé, on nous a prévenus que nous serions des Nacht und Nebel, des Nuits et brouillard, que nous allions rentrer par la porte et sortir par la cheminée“. Après plus d’un an dans l’enfer concentrationnaire et après un transfert au camp de Dachau, il est libéré par l’armée américaine.
À son retour en région parisienne, il tente de reprendre le cours de sa vie, se marie et aura trois enfants. C’est arrivé à l’âge de la retraite que Jean Villeret replonge dans le passé, et se consacre à perpétuer la mémoire. Il s’investit dans le secteur associatif, participe à des commémorations et intervient auprès de jeunes publics. Un parcours récompensé par le rang de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur en 2019.
Un livre d’entretiens avec Jean Villeret, écrit par Julien Le Gros, était paru en mai, chez Alisio Histoire. Son titre : “Un jour, nos voix se tairont”.
Hommages
“Les membres de l’Assemblée départementale expriment leurs plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jean Villeret, saluent sa mémoire et rendent hommage à son engagement indéfectible pour la liberté“, a réagi Olivier Capitanio, président LR du département, à l’annonce de sa disparition.
“Encore présent à notre assemblée le 24 juin dernier, il aura été jusqu’au bout un infatigable témoin de la déportation, la sienne et celle de ses camarades non rentrés“, salue l’Amicale nationale française des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof.
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