Le Silence et la colère, Terminus Malaussène, Mes fragiles, Crépuscule… Plus de 600 sorties littéraires sont annoncées en janvier et février. Du pain sur la planche pour les librairies. Rencontres en Val-de-Marne.
Des dizaines de cartons vides s’empilent dans l’entrée de la libraire Mot à Mot, à Fontenay-sous-Bois. “Ce sont les cartons dans lesquels on a reçu les sorties de janvier. On va s’en servir pour renvoyer les invendus de la période des fêtes !”, s’excuse presque Guillaume Chevalier, propriétaire depuis 11 ans de cette petite librairie du centre-ville. Cette année, le commerçant s’attend à revoir environ 400 nouveautés. De quoi bien renouveler son stock, estimé à environ 6000 livres. Bien entendu, les arrivées dépendent de la place disponible dans les boutiques : à l’Instant Lire, librairie plus spacieuse de Champigny-sur-Marne, on anticipe entre 500 et 700 arrivées. Mais ces nombres ne sont que la face émergée de l’iceberg : “Pendant ce temps, on continue à recevoir de nouvelles bandes dessinées, des mangas, des livres de sciences humaines…” ajoute Jacques-Étienne Ully, gérant de Folies d’Encre, chaîne de librairies indépendantes présente au Perreux-sur-Marne et dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis.
Parmi l’océan de nouveaux titres et de premiers romans, seuls quelques titres surnagent et tirent les ventes vers le haut, souvent en raison de la notoriété de leur auteur. À l’unanimité, les libraires citent Le Silence et la Colère, de Pierre Lemaître, déjà primé du Goncourt en 2013, ainsi que Terminus Malaussène, dernier opus de Daniel Pennac. Autre surprise : “Le Suppléant”, l’autobiographie en forme de règlement de comptes du prince Harry. “Tout le monde nous l’a demandée d’un coup”, témoigne Isabelle Léger, gérante des Mots Retrouvés à Vitry-sur-Seine.
Une rentrée en chasse une autre
Commercialement, la rentrée littéraire de début d’année ne revêt pas la même importance que celle de septembre, traditionnellement réservée aux prétendants aux prix littéraires. Mais la période reste une bonne opportunité. Pour Albert Zenouda, propriétaire de l’Instant Lire à Champigny-sur-Marne, et de L’Ivresse du livre à Bry-sur-Marne, ce nouveau souffle permet de continuer sur la lancée des fêtes. Les livres qui sortent maintenant marchent souvent jusqu’à l’été, période où les lecteurs viennent acheter les sorties qu’ils n’ont pas eu le temps de lire pendant l’année scolaire. “Un livre comme celui de Pierre Lemaître, par exemple, on sait qu’il va durer jusqu’à août”, estime Jacques-Étienne Ully.
Même si une rentrée en chasse une autre. “Les sorties de janvier février seront remplacées par celles de mars avril. Les livres qui durent plus longtemps, ce sont les gros titres, ou bien nos coups de cœur que nous avons décidé de mettre en avant”, constate Éléonore Vinay, libraire chez Mot à mot.
Un prix unique mais qui augmente
Petit bémol, l’augmentation des prix, poussée par celle du papier. “La particularité du livre, c’est qu’il a un prix très stable, notamment pour les grands formats. Mais là, l’inflation nous rattrape. Les maisons d’édition ont commencé à toucher au totem des 20€, on voit des BD à 24-25€ …” note Jacques-Étienne Ully. D’autant plus que l’augmentation se fait très rapidement, et sans que les commerçants en soient nécessairement informés. Désormais, il n’est pas rare que le prix affiché en boutique diffère du prix lors du passage en caisse, ce dernier étant fixé par les éditeurs. Une mauvaise surprise qui peut causer des frictions avec certains clients – même si la plupart restent compréhensifs. “Les gens restent prêts à mettre un ou deux euros de plus pour avoir de la qualité. De manière générale, tous les produits culturels comme le cinéma, le théâtre, les concerts, sont devenus chers” observe le libraire.
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