Écoles occupées, instances boycottées, organisation de rassemblements… Parents d’élèves et syndicats enseignants donnent de la voix contre le projet de carte scolaire 2023.
Alors que le nombre d’élèves doit diminuer selon les prévisions du rectorat, le solde entre ouvertures et fermetures de classe est négatif.
Lire : Quelles écoles vont gagner ou perdre des classes en Val-de-Marne à la rentrée 2023
Vendredi matin, une vingtaine d’écoles principalement à Villejuif, Vitry-sur-Seine et à Cachan ont été occupées par des parents d’élèves pour s’alarmer des premières mesures de carte scolaire. Ce mouvement, initié par le collectif parents du Val-de-Marne, s’oppose aux fermetures de classes et s’est donné pour slogan “Nous ne sommes pas qu’une ligne sur un tableau Excel”. Pour Amandine, mère d’élève à Villejuif, la direction académique ne peut pas se contenter d’arbitrer en fonction du comptage des inscriptions. “Des décisions doivent être prises avec, pour boussole, le besoin et les apprentissages de nos enfants. La direction doit prendre en compte la réalité des établissements et des populations accueillies (précarité sociale, élèves allophones, élèves en situation de handicap,…) et des autres manquements du système (manque d’AESH, de remplaçants, de psychologues, de médecins,…)“.
Alors que le groupe scolaire Robert Lebon doit perdre deux classes, en maternelle et élémentaire, Emmanuel, père d’élève, estime pour sa part que la carte ne tient pas compte de l’évolution urbaine.”Il y a eu des démolitions d’immeubles dans ce secteur, d’autres ont été construits ou sont en cours de travaux, rappelle-t-il. L’école Karl-Marx est déjà en sureffectif. Ici, nous sommes en sous-effectif pour le moment, mais les parents demandent des dérogations pour scolariser leurs enfants. Où les mettra-t-on ? Avec cette suppression de classe en maternelle, notre directrice perd sa décharge. Toute l’organisation va être chamboulée. Ce sera dommageable, d’autant qu’il est plus facile à l’inspection académique de fermer une classe que d’en ouvrir. Pour le primaire, la fermeture va accroître le nombre d’élèves dans les classes de CM1 et CM2.”
A Cachan, Caroline, mère de deux enfants, l’un au groupe scolaire La Plaine, l’autre au collège Victor Hugo, estime pour sa part que le classement en réseau d’éducation prioritaire (REP) est obsolète. Elle demande une meilleure prise en compte des disparités sociales. “La carte est gelée, regrette-t-elle. L’Éducation nationale doit se pencher davantage sur les caractéristiques sociales des écoles. Les établissements qui accueillent des élèves défavorisés n’ont pas de moyens à la hauteur des besoins. C’est anormal que le collège Victor-Hugo, qui accueille les enfants des quartiers de la politique de la ville, soit considéré de la même façon que Paul Bert, qui fait partie des huit établissements les plus privilégiés du Val-de-Marne.“.
Les syndicats obtiennent une dizaine d’annulations de fermeture
Après avoir boycotté le premier Comité social d’administration spécial départemental (CSASD), instance de concertation entre syndicats et direction académique, les représentants du personnel ont plaidé la cause de plusieurs dizaines d’écoles concernées par des fermetures, à l’occasion d’un CSASD de repli, vendredi 3 février. “Sur le papier, on pourrait croire qu’ils ont annulé une vingtaine de fermetures mais en réalité, c’est un tour de passe-passe. À L’Haÿ-les-Roses, les fermetures devaient permettre d’ouvrir des classes dans le nouveau groupe scolaire Paul Hochard. L’ouverture a été annulée donc les postes sont maintenus. Ce sont de simples transferts de locaux”, regrette Luc Bénizeau, délégué Snudi-FO 94.
Chez Snuipp-FSU, on attire l’attention sur les problèmes de recrutements d’enseignants pour élèves allophones. “La direction a décidé de rouvrir des classes parce qu’elle s’est rendu compte que les effectifs étaient bien plus élevés que prévu. Ils n’arrivent pas à trouver le personnel qualifié, comme à Arcueil, où une demi classe d’UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants) a été réouverte. Deux autres réouvertures sont sur la table mais ne sont pas encore repositionnées. Même les contractuels deviennent difficiles à trouver” explique Thierry Guintrand. “Avec zéro poste en plus dans le Val-de-Marne, toutes les annonces traduisant des priorités ministérielles comme les grandes sections à 24 se font au détriment des autres niveaux. Il nous faut une enveloppe exceptionnelle pour couvrir les besoins”, réclame le délégué syndical.
Le conseil départemental de l’éducation national (CDEN), instance départementale coprésidée par la préfecture et le département, devrait prochainement acter cette carte scolaire. Certaines organisations syndicales comptent manifester à cette occasion.
La direction académique n’a pas souhaité commenter les premières mesures de carte scolaire avant la tenue de cette audience.
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