Villeneuve-Saint-Georges : irréconciliable, la majorité se déchire et paralyse le maire

Après deux heures de discussion houleuse, une suspension de séance et un scrutin à bulletin secret, Philippe Gaudin a perdu une nouvelle bataille. Le conseil municipal a voté le retrait des délégations de pouvoir qu’il lui avait accordé à l’unanimité après son élection. 22 élus municipaux ont voté en faveur du retrait contre seulement douze contre. 5 conseillers n’ont pas pris part au vote.

Ces délégations, accordées à tous les édiles, permettaient au maire de réaliser au quotidien des actes banals comme des prêts de salles, la délivrance de concessions dans les cimetières, des fixations de tarifs, de préempter des biens ou de passer des contrats. En contrepartie, le maire en fait un compte-rendu à chaque conseil municipal.

Une première partie de mandat à oublier

Devant une salle comble, occupée en majorité par des agents municipaux, le maire a appelé son conseil à la responsabilité. “Sans cette délégation, je serai contraint d’organiser des conseils municipaux toutes les semaines. Les adjoints et agents administratifs vont perdre leur pouvoir de signature. Ceux qui pensent que je me retrouverai sans pouvoir se trompent. Ce sont les Villeneuvois qui vont pâtir de la situation“.

Un argument irrecevable pour des élus de la majorité comme de l’opposition, unanimes sur le sujet. “On a dit aux Villeneuvois que nous ferions mieux qu’avant. Il faut avoir l’honnêteté de se dire que, au bout de trois ans, le résultat n’y est pas“, a rétorqué Emmanuelly Gougougnan-Zadigue, revenu dans la fronde après s’être rabiboché au printemps. “Je me suis battue pour mettre fin à deux décennies d’une gestion communiste qui a laissé la ville dans l’état que nous connaissons. Nous avons formé un rêve commun et pourtant aujourd’hui plus rien n’avance“, a enchaîné Kristell Niasme, ex-première adjointe désormais opposante.

L’opposition de gauche a aussi tiré à boulets rouges sur le bilan de mi-mandat. “Y a-t-il déjà eu une équipe unie et compétente sous votre direction ? Votre équipe n’a pas été construite sur des fondements solides et un projet commun, mais sur une opposition stérile aux communistes“, a lâché Birol Biyik, écologiste. Sylvie Altman, l’ancienne maire PCF, a donné le coup de grâce, listant les dossiers au point mort. “Le résultat de vos querelles internes, ce sont des projets bloqués ou qui prennent un retard inacceptable, comme la revitalisation du centre-ville et encore l’Anru du quartier nord qui entre à peine en concertation, la construction d’une école à Triage, la renaturation des berges, et tout cela n’est pas exhaustif. Quatre ans ont été perdus !“

© Fb

Des conseils municipaux hebdomadaires

Au sortir de ce conseil municipal exceptionnel, Philippe Gaudin assure s’être préparé à ce scénario. “J’ai consulté un cabinet d’avocats spécialisés. Nous devrons préparer toutes les semaines un conseil municipal avec l’envoi des convocations sous le délai des cinq jours francs. J’accepte ce défi. Quelque part, ça me permettra de laisser au conseil la responsabilité de décisions que je n’aime pas toujours signer seul dans mon bureau” L’édile estime cependant que ce rythme de travail n’est pas tenable sur la durée, d’autant que tous les postes d’adjoints de direction sont vacants. “Ma directrice générale des services fait un travail remarquable, mais elle ne tiendra pas comme ça trois ans“, convient-il.

Changement de conseiller

Le maire de Villeneuve-Saint-Georges espère surtout “reconstruire une majorité”. Pour cela, une des premières étapes va être de changer de conseil. Après s’être longtemps appuyé sur Jean-Christophe Canter, l’ancien maire de Senlis condamné pour favoritisme, qui ne faisait pas l’uninamité dans la majorité, l’élu a fini par se tourner ailleurs. “J’ai demandé de l’aide aux hautes autorités départementales, aux sénateurs Christian Cambon et Marie-Carole Ciuntu pour qu’ils m’envoient quelqu’un“, confie-t-il.

Une fronde réversible

Pour les frondeurs, la balle est dans le camp du maire. “Le vote, c’est l’aboutissement d’une longue démarche de recherche d’échange et d’une méthode de travail qui n’a pas abouti, malheureusement. Le vote de ce jeudi n’est pas irréversible. Nous pourrons alléger les tâches administratives du maire, lui redonner certaines de ses prérogatives. Nous souhaitons simplement avoir la main sur les affaires de la ville. Nous n’acceptons pas le statu quo“, prévient Emmanuelly Gougougnan-Zadigue.