Inaugurée ce mardi 21 novembre, la Maison des Femmes de l’hôpital Bicêtre (AP-HP) fonctionne depuis quatre mois. Ce lieu hybride propose de l’écoute, des soins, de l’accompagnement social, des activités et même du soutien juridique.
Dans le dédale de l’hôpital Bicêtre, rien ne distingue la Maison des Femmes des autres bâtiments. Pour garantir la confidentialité du lieu et la sécurité des participantes, la première visite s’effectue sur rendez-vous ou sur orientation d’un professionnel.
Une fois la porte passée, les femmes victimes de violences sont accueillies par une infirmière pour identifier les besoins sur lesquels elles peuvent être accompagnées. La Maison offre des prestations sanitaires et médicales comme l’accès à une sage-femme, à un psychologue et un psychiatre ou encore des soins infirmiers. L’équipement abrite également des services sociaux. Il permet aussi de consulter des avocats et de rencontrer des policiers.
Pour l’AP-HP, il s’agit de la quatrième Maison des Femmes après celles de Bichat, de la Pitié-Saplêtrière et de l’Hôtel-Dieu. Une cinquième est prévue à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart.
“Nous appliquons ici le modèle de l’hôpital idéal puisque nous ne visons pas seulement la prise en charge médicale, mais la guérison sous tous ces aspects. Notre enjeu, maintenant, est d’étendre ce réseau tout en gardant ce niveau d’excellence“, promet Nicolas Revel, le directeur-général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.
70 femmes lors des 4 premiers mois
Après plusieurs mois de démarrage, cet espace a déjà reçu 70 femmes, la plupart victimes de violences conjugales. Elles ont été orientées vers ce nouveau lieu par d’autres services hospitaliers (urgences, gynécologie/obstétrique), des commissariats ou des travailleurs sociaux, notamment des centres communaux d’actions sociales (CCAS).
Ces Maisons des Femmes sont financées par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France via des appels à projets complétés par du mécénat. Les structures ont toutes un principe identique, mais chacune se nourrit de son tissu de partenariats locaux.
Les bénéficiaires pourront ainsi être orientées vers des associations locales pour l’ouverture de droits au logement ou aux aides sociales. Le barreau du Val-de-Marne met également en place des permanences pour conseiller les victimes sur les démarches à entreprendre pour se protéger, et les assister en cas de procès. “L’un des intérêts de notre présence est de pouvoir rapidement mettre les victimes en contact avec des avocats spécialisés parce que, souvent, le laps de temps est très court entre le placement en garde à vue de l’auteur des violences et son déferrement. Il est important que l’auteur soit défendu, mais la victime doit aussi être représentée”, insiste Edouard Billaux, bâtonnier du Val-de-Marne.
Déjà un millier de poursuites pour violences envers les femmes en 2023
Sur le plan judiciaire, des officiers de police peuvent se rendre sur place pour recueillir des dépôts de plaintes depuis la signature d’une convention avec le parquet de Créteil, en octobre dernier.
“C’est une politique de synergie avec un territoire et ses acteurs. Nous sommes sur de la dentelle humaine avec des affaires complexes, souvent contestées. Ces outils permettent d’aller vers les victimes et de libérer leur parole“, souligne le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin. Le parquet de Créteil indique par ailleurs avoir ouvert un millier de procédures liées à des violences envers les femmes en 2023, en hausse de 10% par rapport à l’année précédente.
Objectif : une maison des femmes par département
“La réponse pénale reste insuffisante. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience du phénomène, mais les politiques publiques sont encore en gestation. Il y a encore beaucoup à faire, à commencer par le déploiement de formations, souligne pour sa part Amélie Verdier, directrice de l’ARS Île-de-France. Nous comptons aujourd’hui en Île-de-France 13 Maisons des Femmes. À terme, il en faudrait une dans chaque département.”
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