Société | Val-de-Marne | 05/04/2023
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Violences intra-familiales : le Val-de-Marne ouvre une ligne d’écoute pour victimes et proches

Violences intra-familiales : le Val-de-Marne ouvre une ligne d’écoute pour victimes et proches

Une ligne d’écoute et de conseil pour se confier dès les premiers signaux de la violence, et être mis en lien avec les associations locales d’aide aux victimes, tel est l’objet du dispositif “Premier pas”, lancé ce mardi 11 avril en Val-de-Marne. Explications et mode d’emploi.

“Ce n’est pas un numéro d’urgence”, prévient Karine Bastier (photo de une), présidente déléguée du Val-de-Marne, en charge de l’égalité femmes-hommes. En cas de danger imminent, le numéro d’urgence reste toujours le 17 ou le 112. Mais, avant d’en arriver à cette extrémité, il y a d’autres étapes lors desquelles il est possible de réagir.

Aider les femmes, hommes, jeunes adultes à sortir de la spirale de violence, à l’identifier comme telle, à trouver des relais d’accompagnement locaux, voilà la mission de cette nouvelle ligne d’écoute. Un enjeu est aussi d’identifier des victimes qui ne sont “pas déjà dans les radars” du département via les CCAS (Centres communaux d’action sociale) ou EDS (Espaces départementaux des solidarités), souligne la présidente déléguée.

Le numéro 01 89 11 94 94 sera accessible de

9h à 17h du lundi au vendredi

Un partenariat avec des associations de victimes du Val-de-Marne

La ligne permettra d’apporter des réponses concrètes sur le plan social et du droit, et de communiquer sur les relais locaux comme les EDS et associations locales. “L’idée est d’aider les victimes à faire un premier pas, à entrer dans un parcours”, insiste Jean-François Watrin, directeur de l’hébergement des familles vulnérables au conseil départemental. Cette ligne s’inscrira en complémentarité de la plate-forme nationale 3919, en se distinguant par son ancrage local. “Nous avons passé des conventions avec trois associations d’aide aux victimes, le CIDFF 94 (centre d’information sur les droits des femmes), l’APCARS 94 (Association de politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale) et l’APCE 94 (Association pour le couple et l’enfant)”, détaille Karine Bastier.

Jean-François Watrin, directeur de l’hébergement des familles vulnérables au conseil départemental

Un lien avec les associations permettant de leur transmettre l’histoire de la personne afin d’éviter qu’elle n’ait à tout reprendre à zéro à chaque interlocuteur, de faire en sorte qu’elle se sente attendue. “Nous pouvons aussi lui proposer de la faire rappeler par l’association”, indique Jean-François Watrin. “L’objectif est vraiment d’initier un parcours, c’est pourquoi nous l’avons appelé Premier pas”, insiste le chef de service, pour qui les slogans du type “Stop violence” sonnent comme des injonctions aux victimes.

Le numéro s’adresse à la fois aux victimes et aux proches qui constatent des violences et ne savent pas comment réagir.

Conçu en 2018 par les Observatoires des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et Paris et l’association En Avant Toute(s), le violentomètre vise à aider les victimes à prendre conscience des violences et risques de violences.

Le Val-de-Marne, loin d’être épargné par la statistique

Si le département a initié cette démarche, c’est que la statistique est plutôt préoccupante. En 2021, 122 femmes et 23 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire en France et 14 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple, selon le ministère de l’Intérieur. 82 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi elles, 35 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 22 femmes ayant tué leur partenaire, la moitié, soit 11 d’entre elles, avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire. “Et le Val-de-Marne n’est pas bien classé”, pointe Olivier Capitanio, président du département, avec 4,6 à 6,6 femmes victimes de violences intrafamiliales pour 1 000 plaintes déposées contre 2,4 au niveau national.”

“Il y a cinq ans, la part des victimes de violences conjugales, parmi les mères avec enfants de moins de trois ans qui nous contactaient pour un problème d’hébergement, était de 12-14%. Aujourd’hui, nous sommes à 35%”, ajoute le directeur de l’hébergement des familles vulnérables.

Une plate-forme ouverte aux femmes mais aussi hommes victimes

La plate-forme Premier Pas, elle, s’adressera aussi bien aux femmes qu’aux hommes victimes, même si ces derniers sont nettement moins nombreux, ainsi qu’aux enfants adultes. Les enfants mineurs sont en revanche pris en charge dans un autre cadre, celui de l’aide sociale à l’enfance. Au niveau national, les hommes représentent environ une plainte pour violences conjugales sur 10. “Cela peut paraitre peu, mais reflète un sujet encore tabou, puisque les hommes victimes de violences préfèrent, par culpabilité, se taire et minimiser les violences physiques ou morales qu’ils subissent sans chercher de protection”, indique le département.

Pour opérer ce dispositif, quatre travailleurs sociaux, formés à l’écoute à distance, ont été recrutés pour recevoir les appels. Un accompagnement financier a aussi été conclu avec les associations de victimes partenaires, à raison de 4 000 euros par an et par association cette année, et 6 000 l’année prochaine.

Téléphones grave danger, hébergement

En parallèle de ce nouveau numéro, la mise à disposition de téléphones grave danger, initiée avec le Parquet depuis 2014, se poursuit, avec actuellement 50 téléphones grave danger mis à disposition.

La question ardue reste aussi celle de l’hébergement. Pour l’heure, le département dispose de deux résidences d’urgence, Marielle Franco et Olympe de Gouge. La résidence Marielle Franco, gérée par l’association AUVM, a accueilli 116 nouveaux ménages en 2021, soit 333 nouvelles personnes. “La même année, 25 ménages, soit 64 personnes ont retrouvé un foyer, dont 18 ménages qui ont été relogés par l’association et les services départementaux”, chiffre le conseil départemental.

Au-delà, le département essaie de développer les logements relais. “Nous discutons avec les communes pour développer les logements relais, actuellement au nombre d’une vingtaine”, indique Olivier Capitanio. L’objectif est de mutualiser les propositions afin de permettre à des victimes de s’éloigner de leur ex. 15 villes et 9 associations ont d’ores et déjà conventionné, précise la collectivité.

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