Les ouvriers du centre Pizzorno de Vitry-sur-Seine tiennent le piquet de grève depuis mardi dernier. Ils réclament l’application d’un protocole de fin de conflit de novembre dernier et se joignent également au mouvement contre la réforme des retraites. Ils bloquent désormais la sortie des camions bennes 24 heures sur 24.
“C’est monté crescendo. Au départ, c’était un piquet de grève standard, mais maintenant, nous sommes là non-stop“, lance un éboueur en tenue de travail, installé sous un barnum monté près de la grille d’accès au site de Pizzorno Vitry-sur-Seine. Il somnole, car il a fallu monter la garde toute la nuit. Sur un bloc-note, les grévistes et leurs soutiens se sont inscrits pour se relayer et veiller sur les camions. “Si l’on entend un moteur s’allumer, nous sortons et nous nous mettons devant la grille. Ils ne pourront pas sortir“, ajoute un syndicaliste de l’union locale CGT venu épauler les éboueurs.
Quand les Pizzorno démarrent leur mouvement mardi dernier, l’impact est immédiat avec l’arrêt de la collecte des déchets dans le XVe arrondissement de Paris. Près de 95% des ouvriers travaillant sur les tournées parisiennes ont cessé le travail. “Nous réclamons le respect du protocole de fin de conflit signé début novembre. Il n’a jamais été respecté“, résume Jean-Pierre Lascary, délégué syndical CGT. Amplitudes horaires importantes, réduction des bennes, accroissement de la charge de travail et gel des salaires avaient provoqué un mouvement inédit il y a cinq mois au centre de Vitry-sur-Seine. La grève avait été levée après six jours d’arrêt. Cet épisode a laissé un goût amer aux ouvriers qui, également en désaccord avec le projet de réforme des retraites, se sont joints au mouvement. “Il y a 31 ans que je travaille là-dedans, d’abord comme rippeur, puis chauffeur après avoir eu un accident. À l’heure actuelle, je pourrais partir à 62 ans et six mois. Il me reste 7 ans. Avec la loi, je devrais tirer jusqu’à 64 ans. Ce n’est pas possible ! On ne peut plus continuer à exercer des métiers pénibles à cet âge là”, explique Christophe.
Jeu du chat et de la souris
La semaine dernière, le deuxième client de Pizzorno Vitry-sur-Seine, le Grand-Orly Seine Bièvre, n’a pas été autant impacté par la grève. Les équipes se mobilisent moins. Constatant que des camions bennes continuaient leurs allées et venues, avec des équipes formées par des cadres, des agents de maîtrise ou des intérimaires, les grévistes de Pizzorno ont toutefois décidé de durcir le mouvement. “Habituellement, les équipages les plus matinaux sortent à 5h30. Quand nous sommes arrivés sur place, nous avons su qu’une dizaine de bennes étaient sorties dès 4h45. Ils nous l’ont faite à l’envers ! C’est pour ça que nous avons instauré ce piquet 24h/24. C’est aussi une façon d’impliquer tous les grévistes et nos soutiens”, explique l’un des chauffeurs ayant cessé le travail. Ce lundi, finalement, le territoire a signalé à ses 24 communes membres que des perturbations sont à prévoir sur la collecte des déchets.
Interrogé par Nice-Matin, Frédéric Devalle, le directeur général de l’entreprise de 2 500 salariés, a confirmé avoir envoyé en région parisienne une vingtaine de cadres pour effectuer des tournées avec les bennes non bloquées par les grévistes du dépôt de Vitry-sur-Seine.
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