Créer un espace de travail et de partage pour développer les matières de demain, tel est l’objectif du tiers-lieu ouvert par le réseau Matériaupôle dans le domaine de Chérioux en Val-de-Marne. Visite.
Depuis sa création en 2009, le Matériaupôle, qui s’appuie sur une équipe de quatre personnes (dont deux à temps plein), fédère et anime les projets relatifs aux matériaux et procédés en Ile-de-France. Ce cluster économique compte plus de 80 adhérents : entreprises, artistes, designers, centres de recherche et d’enseignement, collectivités territoriales. Une diversité d’acteurs qui stimule la créativité. Objets à base d’algues, d’écailles de poissons ou encore de carapaces d’insectes… toutes les idées sont bonnes pour concevoir de futurs matériaux.
Quand l’art et l’aéronautique se nourrissent
“Nous ne sommes pas centrés sur une approche secteur, ou matériaux mais trans-secteurs et trans-matériaux afin de croiser les filières, les matériaux, pour développer de nouveaux marchés”, développe Arnaud Bousquet, directeur du Matériaupôle. “En 2018 par exemple, nous avons déposé un gros dossier de partenariat avec Paris Tech, mêlant des acteurs de l’aéronautique et des adhérents des métiers d’art. Cela a permis à notre ébéniste d’art, Arca, de développer de nouvelles gammes, et de sortir de seul vernis ou peinture pour projeter de la céramique sur du bois par exemple. Une technique qui ouvre de nouvelles perspectives comme la création de couverts en bois recouverts de céramique, évitant les odeurs persistantes”, illustre le directeur. Côté aéronautique, le partenariat a permis de tester les propriétés de nouveaux matériaux composites. “Notre rôle est de lancer des programmes et de faire de la mise en relation pour aider à débloquer des projets”, résume-t-il.
Un tiers-lieux pour accueillir la créativité
Pour favoriser l’expérimentation et les échanges, le cluster a ouvert un tiers-lieux dans le domaine Chérioux de Vitry-sur-Seine. Sur 550 m², le nouvel espace propose 11 espaces de travail privatifs et 120 m² d’ateliers partagés équipés de machines textiles, cuir, de fabrication additive (comme l’impression 3D), outils électroniques…
Noir Pastel, collectif d’artisans et d’artistes alternatifs
Plusieurs résidents ont déjà pris place, à l’instar de Romain, Damien et Sonie, à la tête de Noir Pastel, un collectif d’artisans et d’artistes alternatifs. Leur projet : créer et expérimenter en mixant les savoirs et techniques. Impression, illustration, sérigraphie ou encore couture : les trois amis mettent en commun leurs compétences pour créer des produits à leur image. “On avait besoin de place et d’un espace commun pour développer nos projets. Ici, il y a beaucoup de machines et on peut avoir des expertises sur les matériaux. Chez nous, chacun est indépendant et a sa spécialité. Ici, on mutualise nos savoirs et nos outils dans un même local”, s’enthousiasme Romain.
Du 13 au 16 juillet prochains, le collectif sera présent à la Japan Expo pour son premier projet. Pins, stickers, peluches, illustrations et autres goodies seront en vente : de quoi découvrir l’univers décalé des trois compères.
G28, accompagner la fabrication additive
Jeremy Haw, fondateur de G28, a aussi pris ses quartiers au Matériaupôle. Créée en 2020, cette start-up accompagne les porteurs de projets dans le domaine de la fabrication additive. Formation et bureau d’études sont proposés aux grandes comme aux petites entreprises afin qu’elles intègrent facilement et efficacement la fabrication additive à leurs projets. “Comme je suis tout seul, le Matériaupôle est un moyen de partager et de multiplier les profils pour répondre au mieux aux adhérents”, explique Jeremy Haw.
ReflexLab, laboratoire de fabrication bio-inspirée
Le ReflexLab, lui, est un laboratoire de fabrication orienté sur la fabrication bio-inspirée. Son fondateur, Tom Samson, veut accélérer l’émergence d’un design circulaire grâce à l’ingénierie des matériaux et des procédés. Il utilise une approche écologique de l’architecture et du design et cherche à remplacer le plastique par des matériaux biodégradables. De la fabrication de la matière à la conception des machines adaptées, chaque tâche est effectuée par le ReflexLab dans les locaux du Matériaupôle. “Voilà un prototype de lampe fabriquée à partir de cellulose et d’algues. Les gens aiment modifier leur déco, on ne peut pas les obliger à garder les mêmes objets toute leur vie. Alors, avant de changer les mentalités et les habitudes, on essaye de s’y adapter. On crée des objets qu’on pourra revaloriser ensuite, pour en créer d’autres à partir de la matière originale”, motive Tom Samson.
Développement durable et économie circulaire
Au-delà d’un espace d’expérimentation, le Matériaupôle vise aussi à inscrire le territoire dans une économie durable et circulaire. “Dans un contexte de finitude des ressources, il est nécessaire de construire de manière durable”, plaide Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry. “La durabilité et l’ecoconception dans nos statuts depuis 2009”, rappelle Arnaud Bousquet.
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