Cinq ans après le meurtre de Sandra Bignet, étudiante de 23 ans étranglée dans un Franprix et dont le corps a été retrouvé dans le coffre de sa propre voiture, un employé du magasin a été condamné vendredi par la cour d’assises du Val-de-Marne à 20 ans de réclusion criminelle.
Shamran Mehmood Raja, d’origine pakistanaise, âgé de 32 ans au moment des faits, a également été condamné à une interdiction définitive du territoire français, la présidente du tribunal soulignant “la gravité” de son crime, mais son “attitude aussi après ces faits”.
Tout au long du procès, débuté le 24 février, l’accusé a nié avoir étranglé Sandra Bignet dans son Franprix de Quincy-sous-Sénart (Essonne), où elle se trouvait vers midi pour une enquête réalisée dans le cadre de son master de marketing.
Il a en revanche reconnu avoir déplacé son corps après avoir recouvert son visage de scotch parce que son teint bleuté lui faisait “peur”, et avoir lié ses pieds et ses mains pour pouvoir la transporter, selon ses explications devant la cour.
Pour le parquet, Shamran Mehmood Raja a attaqué Sandra Bignet, possiblement après qu’elle eut refusé ses avances: le corps de la jeune femme ne montre pas de signe de viol, selon l’autopsie, mais l’ADN de l’accusé a été retrouvé sous un des ongles de la victime et sur son jean au niveau des hanches.
Le corps de l’étudiante a ensuite été retrouvé le 12 mai par ses proches, qui la cherchaient sans relâche, dans le coffre de sa propre voiture garée à Valenton (Val-de-Marne).
“Omerta”
L’oncle, le frère et le cousin de Shamran Mehmood Raja ont, eux, été condamnés à des peines allant de un à trois ans de prison avec sursis pour avoir aidé l’accusé à déplacer le cadavre, possiblement après l’avoir caché deux jours dans une des chambres froides du Franprix.
L’autopsie estime en effet peu probable que le corps de la jeune femme soit resté dans le coffre depuis le 9 mai au soir jusqu’à sa découverte, comme l’a défendu Shamran Mehmood Raja : le cadavre était trop bien conservé pour ne pas avoir été maintenu à une basse température.
L’avocate des parties civiles comme l’avocat général ont dénoncé l'”omerta” organisée par la famille qui a nié les faits reprochés tout au long de l’enquête, quitte à devoir changer de versions sur leur déroulé.
Le principal accusé a maintenu que Sandra Bignet avait été étranglée par un client du magasin qui avait ensuite pris la fuite.
Au fil des années, ses témoignages sur la physionomie du client qu’il incriminait ou encore le trajet qu’il avait fait pour le poursuivre ont radicalement changé.
“Sa version est incohérente, illogique, il s’adapte aux éléments du dossier”, a tancé l’avocat général dans son réquisitoire.
Les proches de la victime “sont soulagés que la culpabilité de chacun des accusés soit reconnue par la justice, même (s’ils) estiment que les peines ne sont pas à la hauteur de l’atrocité des faits subis par Sandra”, a estimé Julie Granier, avocate des parties civiles, après le verdict.
La veille, dans son plaidoyer, l’avocate avait déploré que pour les quatre accusés, “cinq ans après, il n’y a(it) aucun signe de regret. Si c’était à refaire, ils le referaient. C’est la conclusion à en tirer”.
Interrogé par l’AFP après l’énoncé du verdict, l’avocat du principal accusé a indiqué ne pas souhaiter faire de commentaire.
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