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Manifestation | Ile-de-France | 01/02
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Manif des agriculteurs au Min de Rungis : 79 gardes à vue levées

Manif des agriculteurs au Min de Rungis : 79 gardes à vue levées

Dernière minute. Les gardes à vue de 79 agriculteurs interpellés mercredi après une intrusion dans des entrepôts du marché de gros à Rungis, au sud de Paris, ont été levées jeudi matin, a indiqué le parquet de Créteil, sollicité par l’AFP.

Tenter de bloquer le marché de Rungis, poumon alimentaire de la capitale, était une “ligne rouge”, avait prévenu la préfecture de police de Paris. Cela n’a pas découragé les 91 personnes interpellées en fin d’après-midi après une brève intrusion dans l’enceinte du marché de gros du Val-de-Marne, où des “dégradations” ont été commises, selon le préfet de police de Paris Laurent Nuñez.

Vers 16h50, plusieurs dizaines d’agriculteurs, dont certains membres de la Coordination rurale, étaient arrivés à pied devant des entrepôts en lisière du marché de Rungis, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ces personnes sont “entrées brièvement sur une zone de stockage” avant d’être “sorties des lieux par les forces de l’ordre”, a expliqué une source policière.

“Nous avions décidé d’investir Rungis, nous avons investi Rungis”, s’est félicité Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne qui menait le cortège. Une partie du convoi parti du Sud-Ouest à destination de Rungis à l’appel de la Coordination agricole, bloqué par les forces de l’ordre dans le Loiret, a lui décidé d’y passer la nuit.

Ce jeudi matin, les gardes à vue de 79 agriculteurs ont été levées. Les investigations “vont se poursuivre” dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte mercredi notamment pour dégradation du bien d’autrui en réunion, “en particulier pour l’exploitation des vidéos visant à identifier les principaux auteurs des dégradations”, a précisé le parquet.

Ce jeudi matin, le convoi d’agriculteurs parti du Sud-Ouest à destination du marché de gros de Rungis à l’appel de la Coordination rurale, mais en partie bloqué sur plusieurs ponts du Loiret, s’est provisoirement replié vers le Loir-et-Cher, a annoncé un représentant du syndicat agricole. “On retourne à Pierrefitte-sur-Sauldre. On ne sait pas encore combien de temps. On va là-bas et on voit ce que l’on fait”, a indiqué à l’AFP Jean-Pierre Labeau, de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, peu après avoir quitté le pont de Sully-sur-Loire (Loiret).

Cap sur l’Assemblée nationale

Véronique Le Floch, présidente de la Coordination rurale, a suggéré jeudi sur RMC/BFMTV aux agriculteurs “qui souhaitent monter sur Paris” de “venir à l’Assemblée nationale” afin que les députés “puissent venir à leur rencontre”, alors que le mouvement de colère dans le secteur agricole ne retombe pas. “Ce n’est pas un appel à manifestation”, a mis en avant la représentante du deuxième syndicat agricole représentatif en France derrière l’alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs. Elle a ajouté “n’avoir pas besoin d’appeler” les agriculteurs à venir à Paris car “ils s’organisent partout pour venir marquer leur soutien aux 91” personnes interpellées mercredi après une intrusion dans l’enceinte du marché de gros de Rungis.

Le Salon de l’agriculture ne sera pas “une visite de santé” pour les politiques

Au Sénat, le patron du premier syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, a expliqué “appeler au calme et à la raison” les agriculteurs français dont “l’attente est énorme”, “avec évidemment (…) des sujets qui ne se règlent pas en trois jours”.

Mais, faute de réponses “en profondeur”, le Salon de l’agriculture fin février ne sera pas “une visite de santé” pour les politiques, a-t-il prévenu. Son syndicat s’était démarqué de la Coordination rurale en rejetant l’idée d’un “coup de force à Rungis”.

Les aides dégagées mercredi par l’exécutif français et les concessions de l’Union européenne, sur les jachères et les importations ukrainiennes, ne semblent pas trouver grâce aux yeux de la profession, également mobilisée en Italie, Espagne et Allemagne.

En plus des fonds d’urgence déjà annoncés pour les éleveurs bovins, le bio, les exploitants touchés par la tempête Ciaran, les viticulteurs en difficulté vont recevoir 80 millions d’euros d’aides, a annoncé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. À Bruxelles dans la soirée, il a appelé la Commission à “simplifier” rapidement les procédures de la Politique agricole commune (PAC), réclamant des “choses très concrètes” et promettant des propositions avec d’autres États membres.

La Commission européenne a accordé une dérogation partielle sur l’obligation de jachères. Mais celle-ci intervient “tardivement” dans le calendrier agricole et reste “limitée”, a critiqué l’organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE, Copa-Cogeca. Et les mesures prises pour limiter les importations agricoles ukrainiennes, qui ont bondi après les exemptions de droits de douane accordées pour soutenir le pays en guerre, sont “insuffisantes” pour les produits concernés (volaille, oeufs et sucre), estime Copa-Cogeca.

“Distorsion de concurrence”

La Commission européenne a “répondu aux demandes de la France”, s’est félicité mercredi l’Elysée, alors qu’Emmanuel Macron doit s’entretenir jeudi matin avec sa présidente, Ursula von der Leyen, et que la grogne s’intensifie en Europe. À la veille du sommet européen, des agriculteurs français et belges ont bloqué “ensemble” un point de passage à la frontière entre les deux pays dénonçant “la distorsion de concurrence” entérinée par les accords de libre échange et attendent demain “des annonces très fortes”.
Signe d’intenses tractations en coulisses, le Premier ministre Gabriel Attal a reçu mercredi des responsables de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne, après la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, lundi et mardi.

Article actualisé à 10h50 (levée des gardes à vue)

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