Avec son food-truck Le Petit Ferry, qui ouvre ce dimanche 9 juin, Amel Meddah entend bien réveiller le quartier des Coutures, au sud de Bagnolet. Au programme : de la restauration, mais aussi des animations. Une aventure portée en solo, mais menée avec des habitants et commerçants locaux. Rencontre.
Ce vendredi midi, la perceuse et la scie sauteuse vrombissent square Jules Ferry. Flore fignole la décoration de fleurs qu’elle peint sur la devanture du food truck. Cyprien et Francis ajustent une haie en bois de récup qui recouvrira le bas du véhicule. Tous trois sont voisins et préparent activement l’ouverture prévue ce dimanche du Petit Ferry, le nouveau point de rencontre du quartier des Coutures.
Boissons, glaces, burgers, foot et parties d’échecs
Derrière ce projet, Amel Meddah. “Je suis attachée à ce quartier, car j’y suis née et y ai grandi. Je suis allée à l’école Jules Ferry, juste à côté et au collège qui est en face.” Désormais, cette Bagnoltaise de 33 ans entend bien le réveiller. “Ce square était sans vie malgré sa rénovation. On s’est donc dit que c’était le lieu idéal pour créer un espace de rencontre et de partage entre les habitants du quartier“, explique-t-elle. “Ils ont fait plein de travaux pour qu’il y ait un terrain de jeu, une aire pour les petits enfants, un jardin partagé, mais il y a quand même des gens qui viennent parfois trainer le soir et laissent des cochonneries. Alors, j’espère que ce que fait Mel [comme on surnomme Amel] va aider à faire changer les habitudes“, témoigne une habitante croisée à côté.
Après l’inauguration ce dimanche, le Petit Ferry prévoit d’être ouvert entre 8:00 et 19:00 du lundi au dimanche, avec un after le vendredi jusqu’à 22h00, en tout cas jusqu’à l’hiver. Au menu : citronnades et thés glacés, burgers, frites, salades, sorbets, “fait maison et toujours avec une pointe de créativité“, précise Amel Meddah… Le tout à des prix accessibles allant 0,50 centimes à 8 euros. En dehors des horaires du collège Politzer, qui jouxte le square, le food truck servira également de la bière et, pourquoi pas, du vin. Le Petit Ferry aura aussi une petite terrasse.
Pour les jeunes, mais aussi les anciens
Le projet ambitionne aussi une dimension intergénérationnelle. “Ce lieu doit être ouvert à tous, quel que soit son âge. On oublie beaucoup les seniors, par exemple. Je veux que ce soit aussi accueillant pour eux que pour des ados“, résume Amel Meddah qui prévoit d’installer des guirlandes de LED pour donner un côté festif et guinguette. Elle a obtenu de la mairie l’autorisation d’organiser des activités : parties de badminton, de ping pong ou de foot. À côté du jardin partagé, elle compte mettre des tables pour jouer aux échecs ou aux dames. Dès le début, elle a aussi associé les jeunes de la maison de quartier.
“Il y avait une attente de partage et de convivialité“
“Tout cela repose sur la bienveillance et l’énergie de tout un collectif d’habitants, et sur un principe d’éco-solidarité auquel je tiens“, souligne la jeune femme. Pour son foodtruck, elle a choisi de créer une association et non une entreprise. Elle l’a nommée “Le Merisier” dont le bois est réputé noble et résistant. “C’est un symbole de renaissance et de résilience. Tous ensemble, on peut résister quels que soient les aléas auxquels on est confronté“, commente-t-elle. Elle plantera d’ailleurs dimanche un autre merisier.
L’entrepreneuse n’en est pas à son coup d’essai. En 2023, elle a participé à la création et au fonctionnement d’un tiers lieu, Le Four, rue Gustave-Nicklès qui a existé le temps d’une occupation temporaire de quatre mois dans d’anciens locaux des Jardins de Gally. “Les habitants se sont rendu compte avec cette expérience que ce quartier avait besoin d’un lieu pour partager du commun. On est entouré de parcs comme les Guilands à Montreuil, le bois de Vincennes… Depuis que l’on a fermé, les habitants nous demandaient quand nous ouvririons un autre lieu. Il y avait une véritable attente. Tout cela ne serait pas possible sans eux. Il y a bien sûr un noyau de bénévoles, mais c’est vraiment une dynamique qui nous porte pour faire vivre ce quartier. Sans le soutien de la mairie, on n’y serait pas arrivés non plus”, reconnaît-elle.
Un projet en lien avec les commerçants du quartier
Côté cuisine, ce sont les commerçants du quartier qui vont fournir Le Petit Ferry pour l’essentiel. Comme la Boucherie familiale, la boulangerie Le Secret du pain rue Jules Ferry, ou encore le primeur Le Jardin des Coutures rue Robespierre. Pour ce qui est des animations, Aniko doit animer des ateliers de Shih Tzu, Marie-Alice, des séances de Yoga... “On est à côté du marché aux puces de Montreuil et du périph, c’est un endroit qui permet de respirer. Nous allons essayer d’apporter aux enfants comme aux adultes, ces “leçons de choses” que l’on nous enseignait étant petits et qui manquent aujourd’hui, c’est-à-dire apprendre à observer le vivant qui nous entoure comme la plus petite bête comme une coccinelle”, ajoute Francis du collectif Les Pernelles, qui se présente comme “naturaliste”.
Pour Amel Meddah, mère célibataire d’un garçon de 11 ans, le pari reste osé. Elle s’est lancée en fonds propres dans cette aventure et c’est elle qui sera derrière les crêpières et les plaques de cuisson du food truck. “J’ai fait un virage à 180 degrés dans ma carrière. J’étais dans l’événementiel, j’ai aussi une expérience comme manager dans la restauration. Je gagnais très bien ma vie. Mais l’argent, ça va, ça vient.”
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Amel Meddah a beaucoup d’idées et d’énergie, je lui souhaite bonne route pour ce beau projet.
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