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À Bobigny, des femmes exilées, souvent mères, donnent de la voix pour sortir de la rue

À Bobigny, des femmes exilées, souvent mères, donnent de la voix pour sortir de la rue © CH

Certaines ont fui leur pays pour éviter un mariage forcé. Une soixantaine de femmes en exil, souvent de jeunes mères, se sont rassemblées ce mercredi après-midi devant la préfecture de Bobigny, pour demander un logement et un accompagnement social.

On n’a pas de logement, on n’a pas d’assistante sociale, beaucoup d’entre nous sont des femmes seules avec des enfants en bas âge“, lâche Aya, 26 ans, qui a trouvé une place dans un hôtel social de Saint-Denis grâce au 115. Pour combien de temps ? Avec son bébé de 4 mois emmailloté à son dos, Souroukia, 24 ans, enchaine les semaines à la rue. Parfois, elle réussit à obtenir une place pour une nuit. “Mais, parfois on doit aller jusque dans le 91 [Essonne], parfois c’est dans le 78 [Yvelines], je n’en peux plus, et en plus j’ai un problème au pied qui m’empêche de marcherJe suis fatiguée”, souffle-t-elle.

Il y en a qui n’ont pas eu d’autre choix que de dormir devant l’hôpital après avoir accouché

Avec une cinquantaine d’autres femmes, toutes les deux sont venues réclamer ce mercredi après-midi un logement et un accompagnement social sous les fenêtres du préfet de la Seine-Saint-Denis, à Bobigny. Certaines se sont connues à l’Amicale du nid, une association de Saint-Denis qui accompagne les personnes en situation ou en risque de prostitution. Beaucoup font partie du collectif Combat pour l’hébergement. “C’est un collectif qui s’est créé parce qu’il y avait beaucoup de personnes et de femmes surtout, à la rue, devant l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Comme on n’a pas de réelle solution à leur apporter, on a voulu mettre en place un espace de partage pour les aider à obtenir un logement et les aider dans l’accès au droit“, explique Ticia qui milite pour le collectif. “Il y en a qui n’ont pas eu d’autre choix que de dormir devant l’hôpital après avoir accouché. Certaines sont restées devant l’hôpital parce qu’il y a des vigiles. On se sent plus en sécurité, même si on ne dort pas vraiment, juste quand il y a un peu moins de voitures qui circulent“, relate Aya.

“Mes parents voulaient me donner en mariage forcé”

Beaucoup de ces femmes sont des exilées comme Fanta, 21 ans, qui est assise avec son bébé de tout juste un mois. Elle est arrivée en France il y a un an, après avoir fui le Sénégal. “Mes parents voulaient me donner en mariage forcé. Je ne voulais pas, alors je suis partie“, relate-t-elle. C’est à Paris qu’elle a rencontré son compagnon. Aujourd’hui, la famille vit près de la gare Montparnasse. Zenab, 20 ans, a aussi connu l’exil. Partie de la Côte d’Ivoire, elle a traversé le désert, rejoint la Tunisie, pris le bateau pour l’Italie, avant d’arriver à Paris. “J’ai passé l’hiver devant l’hôtel de ville [de Paris]. Au 115, il n’y avait pas de place“, témoigne-t-elle.

Le 115 débordé

Le 115, tu peux l’appeler pendant des mois, on te dira presque toujours qu’il n’y pas de logement. Et encore, il faut que ça décroche. Parfois, il faut attendre des heures. Pour avoir une chance, il vaut mieux commencer à les appeler dès 4 heures du matin“, pointe Aya. “Les conditions sont souvent difficiles : il y a des punaises, des cafards… Certaines familles avec plusieurs enfants sont logées dans une seule pièce… Certains hôtels n’ont pas de cuisine. C’est très compliqué. Alors, il y en a qui décident de retourner à la rue.” Pour Ticia, la mobilisation de ce mercredi représente un acte de courage. “Je trouve cela fou qu’elles aient la force de donner de la visibilité à leur combat pour l’accès au logement, parce qu’il y a la fatigue de vivre à la rue et la peur de l’insécurité.”

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