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Urbanisme | | 10/09
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À Bobigny, une ZAC pour désenclaver la cité de l’Abreuvoir

À Bobigny, une ZAC pour désenclaver la cité de l’Abreuvoir © CH

L’établissement public Est Ensemble a lancé ce lundi une enquête publique sur l’opération de renouvellement urbain du quartier de l’Abreuvoir. Il aura fallu plus de trente ans pour envisager la rénovation de ce site, au nord-est de Bobigny. Pourtant, avec ses serpentins, ses tours vertes et ses tripodes, la cité-jardin est labellisée “Architecture contemporaine remarquable”. Conçue par l’architecte Émile Aillaud et construite entre 1954 et 1958, elle compte aujourd’hui un peu moins de 7 000 habitants.

Couvrant 20 hectares, le projet de Zac prévoit, entre autres, de construire environ 267 logements neufs en accession sociale à la propriété et locatif intermédiaire, plus de 3 000 mètres carrés d’espace d’activités et de commerces, la création de voies et d’une nouvelle place, et un parc de 4 hectares.

Bâti vétuste

Avant que le quartier soit intégré au Nouveau programme de rénovation urbaine en 2022, l’attente a laissé des traces, comme le constate le dossier de création de la Zac (zone d’aménagement concertée). “Elle [la cité de l’Abreuvoir] présente aujourd’hui des dysfonctionnements multiples au regard des standards d’habitation contemporains (isolation thermique et acoustique, taille des logements, etc.)” note-t-il, tandis que “les bâtiments et les espaces extérieurs souffrent d’une obsolescence marquée et les problématiques de gestion urbaine de proximité sont prégnantes“.

Lire : Bobigny: la rénovation de la cité de l’Abreuvoir se profile enfin

Quartier isolé

Portée par l’intercommunalité Est Ensemble qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, dont Bobigny, la Zac ne couvrira pas la petite partie du quartier qui s’étend sur Drancy (272 logements). Prévue par phases jusqu’en 2030, le chantier vise à connecter la cité-jardin avec “pôles de centralité de Bobigny et de Bondy“. “Le diagnostic urbain a mis en évidence l’enclavement de la cité de l’Abreuvoir, lié à son isolement avec les quartiers environnants mais aussi aux porosités quasi-inexistantes entre la cité, vase-clos, et le tissu pavillonnaire“, souligne, en effet, le dossier d’étude. Dans la même logique, des “interventions ponctuelles sur le patrimoine bâti” vont permettre la création de traversées piétonnes et des percées visuelles vont ouvrir le quartier sur son environnement. Isolé, le quartier de l’Abreuvoir est aussi “sociologiquement fragile“. De ce point de vue, le projet de Zac veut “structurer la place du marché en tant que centralité principale du quartier pour qu’elle soit plus fonctionnelle et plus agréable à fréquenter.

Près d’un logement sur cinq démoli

À ce stade, le projet de Zac prévoit de démolir certains commerces et 15 logements privés sur le secteur Odessa-Edouard Vaillant. Surtout, il entend diversifier l’offre de logement, tant social que privé “afin d’éviter une segmentation de l’habitat” : il doit ainsi faire sortir de terre environ 267 logements neufs en accession sociale à la propriété et locatif intermédiaire. Autre objectif : créer environ 3 000 mètres carrés (de surface de plancher) de rez-de-chaussée actifs et commerciaux.

Mais, pour répondre aux difficultés entrainées par la vétusté des bâtiments, l’opération de renouvellement urbain sera d’une plus grande ampleur. Selon le programme retenu, Seine-Saint-Denis Habitat (propriétaire de tout le parc de logements) doit réhabiliter 1 017 logements sociaux et en restructurer 194 pour en faire 145 plus spacieux. L’OPH doit aussi restructurer 32 logements sur la barre de Vienne et démolir 258 logements sociaux. À charge pour lui de reconstituer 100 logements sociaux, ainsi que de développer 700 mètres carrés de rez-de-chaussée actifs et une maison de santé. Les 1 162 logements restructurés et réhabilités seront, par ailleurs, résidentisalisés.

Au total, le renouvellement urbain de la cité de l’Abreuvoir représente un programme d’investissement de près de 208 millions d’euros (hors taxes), tous maîtres d’ouvrage confondus, dont 135 millions d’euros pour Seine-Saint-Denis Habitat. L’Anru (Agence nationale du renouvellement urbain y contribuera à hauteur de 95,6 millions d’euros

Parc public et nouveaux équipements

Enfin, le projet de Zac considère le parc de la cité-jardin comme “l’un des leviers principaux de renouvellement du quartier.” D’une surface de 4 hectares, il sera réaménagé et intégré au domaine public, ce qui permettra de baisser les charges des locataires. Ces transformations accompagneront plusieurs projets sur l’ensemble des équipements publics qui font la vie du quartier : le complexe Edouard Vaillant qui doit être restructuré par la ville de Bobigny ; l’école maternelle Robespierre qui sera remplacée par un nouveau groupe scolaire de 21 classes ; le groupe scolaire élémentaire Vaillant Varlin qui sera réhabilité et agrandi pour accueillir six nouvelles classes et le centre de loisirs Guy Môquet. Ce dernier doit être restructuré pour développer une crèche de 21 berceaux qui remplacera l’actuelle crèche.

Avis de l’Autorité environnementale

Avant le lancement de cette enquête publique, la Mission régionale Ile-de-France de l’Autorité environnementale avait rendu, en janvier dernier, sont avis sur le projet de renouvellement urbain. Elle avait alors adressé un certain nombre de recommandations au maître d’ouvrage, Est Ensemble, auxquels il a répondu en mars 2024 :

  • effectuer une campagne de mesures de la qualité de l’air sur le périmètre du site de la Zac ;
  •  justifier l’implantation de nouveaux logements dans les zones les plus bruyantes et expliquer les améliorations prévues au regard de cet enjeu dans les logements conservés ;
  • préciser comment le projet va contribuer à une amélioration significative des mobilités des usagers et habitants en faveur de modes alternatifs à la voiture thermique et de préciser les conditions de stationnement en dressant un bilan du nombre de places avant et après pour chaque mode de transport (voitures, vélos, motos) ;
  • démontrer l’impact positif des mesures prévues dans le cadre du projet contre l’effet d’îlot de chaleur urbain en l’évaluant précisément, et simuler une élévation moyenne de la température de 2 et de 4 °C
  • présenter un bilan général des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre du projet global incluant la phase travaux et les démolitions prévues et d’analyser la possibilité de récupérer la chaleur fatale des data centers situés à proximité.

Pour l’instant, aucune contribution n’a été déposée. Le registre de l’enquête sera clos le 9 octobre.

Voir tout le dossier de l’enquête publique

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