Dans le quartier prioritaire de la Plaine, l’ancien bureau de Poste, fermé au grand dam des habitants au printemps 2019, a trouvé une nouvelle vie comme cabinet médical regroupant 25 médecins et professionnels de santé. À l’origine de cette initiative : un pharmacien et un groupe de médecins motivés.
Une douzaine de bureaux de consultation médicale, une grande salle de réunion et de convivialité, un hall d’accueil lumineux, deux salles d’attente… C’est un cabinet médical XXL de 420 m2, ou plutôt une “Maison pluriprofessionnelle de santé (MPS)” dispositif labellisé en 2007 pour lutter contre les déserts médicaux, qui a ouvert début 2024 à Cachan, inaugurée ce mardi 24 septembre.
💡 La MPS regroupe différentes spécialités de soins, peut collaborer avec d’autres établissements alentour, notamment des hôpitaux, et développe un projet. Il ne s’agit pas juste d’un regroupement de professionnels sous un même toit. Ce dispositif, encouragé par les pouvoirs publics, va de pair avec les Communautés professionnelles de santé (CPTS) qui fédère les médecins et acteurs du soin sur un territoire (une ou plusieurs villes). Le département compte actuellement 19 MPS, chiffre Eric Véchard, directeur de la délégation Val-de-Marne de l’ARS.
Entre la boucherie et le salon de coiffure, l’ancien bureau de Poste du quartier de la Plaine s’est doté d’un étage supplémentaire et entouré d’un habillage en bois. À l’intérieur, tout a été réaménagé. Médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes, psychiatres, psychologues, pharmaciens, assistants médicaux… 25 professionnels de santé y exercent, regroupés dans six pôles : soins médicaux de premier recours ; soins infirmiers ; réadaptation fonctionnelle ; santé de la femme et de l’enfant ; santé mentale, bien-être, prévention et accueil, accompagnement et coordination. La MSP des Terres de Bièvre est ouverte de 8h à 20h en semaine et de 8h à 13h le samedi, avec quelques créneaux sans rendez-vous. Ses soignants proposent aussi des téléconsultations et des visites à domicile.
Au départ, la volonté de travailler en équipe
Cette généresue offre de soins en plein quartier prioritaire politique de la ville est d’abord née de l’énergie d’un groupe de soignants. “Au départ, nous étions 8 médecins, installés essentiellement à L’Haÿ-les-Roses et Cachan, et nous souhaitions travailler en équipe”, relate Jacques Cittée, médecin généraliste et président de la CPTS de la Bièvre (communauté professionnelle territoriale de santé qui fédère les acteurs du soin de Cachan, Chevilly-Larue, Fresnes, L’Haÿ-les-Roses et Rungis) et partie prenante du projet. Alors que le collectif se cherche un lieu, le médecin est mis en relation avec Thierry Delpech, qui tient la pharmacie de la Plaine, dans le pôle de commerces où était installé la Poste. Ce dernier a une petite idée pour trouver une issue positive au départ de l’agence postale. Ainsi nait, dès 2019, le projet de créer une maison de santé qui pourra accueillir les médecins qui souhaitent se regrouper. Reste à organiser les choses, racheter le local qui appartient à un privé, financer l’opération… le tout alors que la crise sanitaire du coronavirus vient geler toutes les initiatives.
Le temps du montage de dossier
C’est là qu’interviennent tous les échelons de pouvoirs publics et organismes spécialisés. Côté organisationnel, l’URPS (union des médecins libéraux) et la Fémasif, association qui soutient le développement des maisons pluri-professionnelles de santé ont aidé à monter le dossier, définir le projet et indiqué les portes auxquelles frapper. Côté financier, la ville de Cachan a contribué en louant le bâtiment au propriétaire tout le temps nécessaire pour mener le projet à bien, évitant ainsi qu’il ne soit revendu pour d’autres destinées, puis a autorisé le permis de construire pour agrandir l’espace. “La désertification médicale est une véritable préoccupation, motive la maire PS, Hélène de Comarmond, pour qui cela s’inscrit dans une stratégie immobilière de santé plus globale, citant le rachat des anciens locaux de l’Assurance Maladie rue Camille Desmoulin, pour y regrouper la première MPS déjà ouverte en 2016, ainsi que la Maison médicale de santé de l’enfant et un centre ophtalmo.
Il convenait encore de réunir 1,5 million d’euros pour acheter et effectuer les travaux. Pour alléger l’addition, le Conseil régional d’Ile-de-France et l’Agence régionale de santé (ARS) ont chacun mis 250 000 euros tandis que le Conseil départemental ajoutait 100 000 euros. “Nous avons par ailleurs monté une SCI et souscrit un emprunt”, indique Jacques Cittée. L’acquisition a ainsi pu se faire en 2022, pour une ouverture après travaux début 2024. “Le fait de réaliser les travaux après la crise sanitaire nous a conduit à penser différemment certains aménagements”, indique Thierry Delpech, président de l’établissement, en faisant visiter les lieux. Ainsi la salle de réunion est-elle dotée de deux accès pour accueillir des consultations et/ou vaccinations en cas de nouvelle épidémie.
Côté fonctionnement, l’Assurance Maladie du Val-de-Marne contribue pour sa part entre 40 000 et 80 000 euros par an à la structure, dans le cadre de l’ACI (accord conventionnel interprofessionnel), en contrepartie de missions comme la santé publique, la formation des jeunes professionnels, la coordination… La MSP a aussi une vocation de recherche, en accueillant des internes et en développant des partenariats avec les universités.
Attirer les jeunes : un enjeu dans un secteur où la moyenne d’âge des médecins est de 56 ans
Pour ce qui est d’attirer les jeunes médecins, cela est déjà bien engagé. “Trois jeunes médecins nous ont rejoints depuis que nous avons créé la structure”, indique Jacques Cittée. Un enjeu fort pour le territoire, classé en ZIP (zone d’intervention prioritaire de santé) comme la majorité du département, et où la moyenne d’âge des médecins généralistes est actuellement de 56 ans, a rappelé Frantz Léocadie, directeur de l’Assurance Maladie du Val-de-Marne, évoquant également les 6 500 habitants sans médecin traitant, dont 544 en affection longue durée (ALD).
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