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Sport | | 03/04
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À Champigny, L’Élan de la Marne concilie sport et handicap mental grâce au basket adapté

À Champigny, L’Élan de la Marne concilie sport et handicap mental grâce au basket adapté © EM

À Champigny-sur-Marne, le club de basket adapté, L’élan de la Marne, accueille des sportifs porteurs de handicap mental, de tout le département, grâce à des règles modulées en fonction du niveau de compréhension. Reportage.

Les corps s’échauffent dans la salle Jessy Owens du gymnase des Mordacs, à Champigny-sur-Marne. Comme tous les lundis soir, la dizaine de joueurs de D1 du club campinois de basket adapté, L’Élan de la marne, enfilent un maillot orange et commencent à dribbler sous le regard de Bruno Dargent, leur entraîneur. Les baskets crissent sur le parquet. Essoufflés, les joueurs s’interpellent. « Ici ! », « Là ! » Quelques foulées. Un pas. Deux passes. Et trois, panier !

L’entraînement pourrait être celui d’un club traditionnel, il en possède toutes les caractéristiques. Pourtant, ici les règles du basket sont adaptées aux joueurs de L’élan de la marne, tous porteurs d’un handicap mental. Ils sont répartis en trois niveaux, de la D1 à la D3, selon leur degré d’autonomie et de compréhension des consignes, avec un point commun : un QI de 75 maximum.

Le sport, pour créer des liens

« Être différent ne m’empêche pas de faire du basket » déclare Louison, le ballon de cuir sous le bras. Autonome, le jeune homme de vingt ans, vient jusqu’au gymnase en bus depuis l’ESAT qu’il vient d’intégrer. Cela fait deux semaines seulement qu’il est inscrit au club, en première division. « J’ai essayé plusieurs sports avant de trouver le bon. Ce qui me plait dans le basket, c’est le collectif .»

Le collectif, c’est aussi ce qui a poussé Marie-Noëlle à inscrire Damien, son fils de 25 ans, au club : « ils sont mis dans des cases au quotidien. Alors, si en plus ils pratiquent un sport individuel, ils ne créent jamais de liens ! » motive-t-elle. Assise sur un banc, la maman observe son fils interagir avec le groupe de D3, mais ses encouragements ne sont pas réservés à Damien. Quand Angie, 29 ans, commence à fatiguer sur le terrain, Marie-Noëlle l’interpelle : « Allez ma grande, retourne-toi ! », avant d’ajouter comme pour se justifier, « ils sont comme nos enfants, on les connait bien ! »

La mère de Damien ne rate jamais un entraînement. « C’est important d’être là, pour eux d’abord, mais aussi pour nous. Cela nous permet d’échanger avec les autres parents sur nos parcours », confie-t-elle.

Des règles adaptées

De l’autre côté du terrain, le petit groupe de D1 s’entraîne avec plus d’autonomie. Ottman, 33 ans enchaîne les tirs de panier. Employé en restauration la journée, chaque lundi et mercredi, il troque le tablier pour le maillot de basket. Ce sport-là, qu’il pratique depuis quinze ans, est une façon pour lui de s’affirmer, de ne pas « être considéré comme un gamin de 5 ans ». Il le répète : « Avec le basket, j’oublie tout ». Ce qu’il n’oublie pas en revanche, c’est de bien viser le cerceau en métal, sous le regard de Bruno, l’entraîneur qui lui rappelle, « Ta fenêtre de tir, Ottman ! ».

Marcher, reprise de dribble, retour en zone… Les règles du basket adapté ne sont pas figées et s’appréhendent au cas par cas. « La seule chose sur laquelle on ne transige pas, ce sont les sorties de balles ou les fautes techniques. Car il faut montrer les limites », précise Francis Dargent, le président du club et père de Bruno.

© EM

Une aventure familiale

Chez les Dargent, le basket adapté, c’est une histoire de famille. Il y a Francis, le père, passionné de sport. Il s’est investi dans le sport adapté après la naissance de son fils Thierry, porteur de handicap mental. À l’époque, le club L’élan de la marne avait été créé au sein d‘un établissement spécialisé pour jeunes adultes. « Le problème, c’est que les résidents grandissaient, quittaient l’établissement et ne pouvaient plus pratiquer de sport. À ce moment-là, il n’y avait pas de club adapté pour adultes, dans le Val-de-Marne », se souvient le père. Francis reprend donc les rênes du club en 1990. Depuis, celui-ci accueille des joueurs et des joueuses de 17 à 62 ans, et rend accessible la pratique du basket et du tir à l’arc aux porteurs de handicap mental ou psychique de tout le Val-de-Marne. Un investissement qui « prend un certain temps », mais « quand on aime, on ne compte pas » sourit-il.

Face à Francis, dans son ensemble de jogging noir, Bruno, le fils cadet, confirme. Cela fait 30 ans que le cinquantenaire, employé en restauration, entraîne le club de basket adapté deux fois par semaine, sous le regard bienveillant de sa fille Loélia, présente à chaque rencontre et entraînement, et de Lourdes, mère de Hugo, 18 ans. Tous deux ont rejoint le club en octobre 2023. Hugo en D3, Lourdes en tant que coach de D3. Cette mère qui « ferait tout pour son fils » a décidé de s’investir « à fond » dans le basket adapté. Un soutien pour Bruno, un potentiel relai pour Francis Dargent. Lourdes, qui confie ne pas connaître « à 100% » les règles du basket, n’y aurait jamais cru. « Mais je m’adapte ! »

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