La situation de Patrick, sans abri septuagénaire vivant sur le parking Carnot de Champigny-sur-Marne, est de plus en plus compliquée. Jeudi 1ᵉʳ février, le service nettoyage a débarrassé des déchets accumulés tout autour de la voiture où il dort.
“Une armée d’individus est venue avec une benne et une balayeuse et ils m’ont tout pris, même l’eau et mes outils. C’est la dépression. Je ne vais même pas aller travailler ce soir“, lance Patrick dépité ce vendredi après-midi. Sans abri, il s’est approprié une place du parking Carnot près des bords de Marne et vit dans une petite voiture accidentée avec un chat. Pour se tenir chaud, il a tapissé le sol de l’habitacle de paille.
Il regrette le fourgon, plus spacieux qu’on lui a pris deux ans auparavant. “Ils me l’ont volé. Le maire a fait enlever 9 véhicules dont ce fourgon donné par un commerçant. J’avais tous mes papiers dedans et 2 000 euros en liquide. Des jeunes m’ont donné cette voiture, mais j’ai moins d’espace, c’est un véhicule de société“. Une cagnotte avait été ouverte pour qu’il s’achète un nouveau véhicule.
Dans son ancienne vie, Patrick a été architecte. Il a notamment contribué au projet musée de la Résistance nationale (dessiné par Dominique et Giovanni Lelli). Sa voiture est du reste garée juste en face. Désormais, il travaille sur les marchés à Champigny-sur-Marne et à Joinville-le-Pont, et aide les commerçants à remballer et à déballer. Le sans-abri fait également office de gardien du parking et de garde-champêtre. Il s’interrompt du reste de parler quand un camion vient se garer. “Vous n’avez pas le droit. J’appelle la fourrière. Il y a trois panneaux qui vous interdisent, ici, c’est pour les voitures“, lance-t-il au chauffeur qui n’obtempère pas. Dans le quartier, l’homme est apprécié des riverains. Certains sont venus le défendre jeudi matin, à l’instar de Suzanne. Le ton est même monté avec un policier municipal. “Ils m’ont dit que si je continuais, ils allaient me prendre au poste et me poursuivre pour outrage“, se plaint cette dame âgée.
Deux associations locales montent au créneau
Les bénévoles des associations Solidarité Champigny et Amigos Civicos se relaient également auprès du septuagénaire pour lui apporter de la nourriture et de la chaleur humaine. “C’est une intervention indigne. Ils n’ont pas le droit de confisquer ses biens ou de les détruire. Nous demandons au maire de faire cesser ces pratiques illégales et d’ouvrir des équipements publics en période de grand froid pour les accueillir“, défend Géraldine Aati. “Les riverains nous ont prévenus qu’il était mis sous pression. Il a besoin d’être hébergé, mais il a besoin d’aide pour refaire ses papiers“, ajoute Rosalie Morgado.
De son côté, le maire, Laurent Jeanne (Libres) dénonce les manœuvres de “la même clique politicienne qui instrumentalise la misère des gens“. L’élu indique s’être impliqué personnellement sur son cas. “Je le connais depuis plus de 10 ans. Je l’aime bien. Je suis allé le voir à plusieurs reprises pour lui proposer un studio en centre-ville. Il a des revenus qui le permettent. Je l’ai accompagné jusqu’au CCAS (Centre communal d’action sociale) pour qu’il fasse ses papiers. Une fois parti, il a dit à la directrice qu’il n’avait pas l’intention de le faire et qu’il était venu pour me faire plaisir. Il a choisi de vivre dans la rue“, développe le maire. Il y a trois ans, Patrick a été hospitalisé plus d’un mois pour des engelures après une vague de grand froid.
Concernant le nettoyage du 1er février, l’élu la qualifie d’opération de salubrité publique“, ajoute le maire qui reconnait également avoir enlevé son premier véhicule. “Un vieux camion pourri, plus en état de rouler qui ne pouvait pas être un domicile.”
Sur l’ouverture de centres pour les sans-abris, demandée par les associations, Laurent Jeanne dit avoir fait le nécessaire. “Il y a deux ans, nous avons ouvert le gymnase Lagrange et une seule personne s’est présentée. À notre demande cette année, le 115 a ouvert une soixantaine de places supplémentaires dans des hôtels sociaux, ce qui excède nos besoins“. L’élu estime à une trentaine le nombre de sans-abris dans la ville. L’association Solidarité Champigny et le Secours Populaires l’estiment au double, en prenant notamment en compte des cabanes sur les ex VDO. Ce jeudi, l’association va emmener le député Mathieu Lefèvre lors de sa maraude, pour poursuivre la mobilisation.
Jacques et Pascal en errance depuis leur expulsion
L’association Champigny Solidarité dénonce également le traitement subi par deux sans abris du quartier des Boullereaux. Longtemps, ces deux hommes ont vécu dans une cabane adossée à la salle Desvillettes, un local municipal, avant d’en être délogés l’été dernier. Depuis, Pascal s’est installé près du gymnase Daniel Ferry. Jacques a installé une tente sur l’avenue de la République. La semaine dernière, les services municipaux ont déplacé sa tente dans une des cours extérieures de la résidence Valophis Loucheur. “Non seulement ils ont détruit ses effets personnels, mais ils l’ont déplacé hors de la vue des gens et à côté d’un local à poubelle. Les riverains l’apprécient beaucoup, il ne dérangeait pas“, assure Géraldine Aati.
“Nous avions des plaintes récurrentes. Il entreposait de plus en plus d’objets et faisait ses besoins à la vue de tous“, justifie Laurent Jeanne.
Qui a envie de dormir dans un gymnase ?
Sérieusement ? Ce n’est pas de l’hébergement d’urgence. C’est juste une mesure cosmétique pour se donner bonne conscience et se dédouaner pour le cas où une personne venait à mourir de froid. Triste … à mourir
On peut facilement basculer dans la pauvreté extrême, et devenir marginal lorsque l’on est abandonné de tous … Personne n’est à l’abri de cela. Il y a de nombreuses tentes dans le bois de Vincennes, près de la Porte Dorée entre autre ; progressivement, on perd toute sociabilité.
Patrick était architecte !
Mais on doit bien constater aussi que le comportement de ces personnes, qui accumulent les saletés autour d’eux ne peut être toléré … Certaines associations ont créé des ‘villages’ de bungalows, où l’on essaie de les réinsérer ; ce peut être ne solution, mais qui ne devrait pas reposer que sur le bénévolat des associations.
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