Dans sa dernière création, “Ici sont les dragons”, le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine plonge dans l’Histoire et la Révolution russe de 1917, pour comprendre les origines de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine en 2022.
La pièce, qui se joue jusqu’au 27 avril à la Cartoucherie de Vincennes à Paris, doit sa genèse au déclenchement des opérations militaires par le président russe, le 24 février 2022. “Nous avons évidemment été très choqués”, explique Maurice Durozier, acteur dans la compagnie depuis plus de quarante ans.
Elle est née aussi d’une rencontre, en mars 2023, entre une douzaine de comédiens de la troupe et de jeunes acteurs ukrainiens, à Kiev, un moment “très fort”, dit-il.
L’idée a germé “de raconter le monde d’aujourd’hui, à la lumière de l’Histoire”. Pour cela, il fallu remonter à “ce qui s’est passé en Russie depuis la Révolution russe : le totalitarisme, les structures mises en place pour museler la population” et “surtout le désir jamais assouvi d’expansion, -l’impérialisme russe”, détaille-t-il.
La compagnie s’est imprégnée d’écrits, d’archives et de travaux d’historiens, dont Simon Sebag Montefiore, Orlando Figes, Anthony Beevor ou encore Stéphane Courtois, coordinateur de l’ouvrage polémique le “Livre noir du communisme”, paru en 1997.
“Les textes du spectacle ont été réellement prononcés”, assure Maurice Durozier. “Il fallait qu’on soit très juste par rapport à l’Histoire”.
Le spectateur est emmené dans un théâtre “épique”, essentiellement à Petrograd (Saint-Pétersbourg) en février 1917, au moment du renversement du tsar Nicolas II, jusqu’en janvier 1918, quelques semaines après la prise du pouvoir des bolchéviques lors de la Révolution d’octobre.
On y voit Lénine, Trotski, Staline et d’autres révolutionnaires, joués par des acteurs portant des masques, répliques de leur visage légèrement surdimensionnées, pas tout à fait réalistes. “C’était une nécessité, pour que le public accepte de voir ces personnages sur une scène”, explique M. Durozier.
Originalité : leur voix a été pré-enregistrée, dans la langue d’origine, par d’autres acteurs. Le spectacle compte ainsi cinq langues : le russe, l’ukrainien, le français, l’anglais et l’allemand, selon les personnages joués.
Les décors sont changés à toute allure, tandis que des images, ici inquiétantes, ici poétiques, sont projetées au mur et au sol, dans une ambiance sonore de musique live.
La première “époque” de cette saga doit être suivie de deux autres, l’une portant sur la période 1918-1945, l’autre sur 1945-2022. “Si les Dieux du théâtre nous prêtent vie”, rappelle la compagnie.
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