En décembre 2023, une vingtaine de jeunes de la Mission locale de Vitry-sur-Seine sont partis en voyage durant quatre jours et trois nuits. Un séjour dont ils ont largement contribué à l’organisation, et qui a été l’occasion de booster leur confiance. Explications avec Florent Michelin, directeur général de la mission locale.
“Ce séjour avait vocation à permettre à des jeunes de déverrouiller leur croyance qu’ils ne sont pas capables d’apporter des choses, de déconstruire l’image qu’ils se font d’eux, pour leur permettre de s’appuyer sur ce voyage”, motive le directeur de la mission locale qui couvre Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine.
Pas question, donc, de proposer un voyage tout organisé dans lequel ces “adulescents” de 18 à 25 ans auraient été essentiellement passifs. “On s’est dit : plutôt que de leur demander d’être responsable, on va les mettre en situation de responsabilité.” Trois équipes (les routards, les top chefs et les streameuses) ont ainsi été constituées, pour s’occuper des réservations dans les musées, au restaurant, faire à manger et encore filmer pour réaliser le film souvenir. Avec un budget à respecter et quelques consignes, pour réellement faire sortir ces jeunes de leur quotidien. Pour la restauration, par exemple, la recommandation était de ne pas manger comme d’habitude, une pizza ou un grec, mais de chercher autre chose, en lien avec leur destination notamment.
Dépaysement au château
Le lieu, aussi, a contribué au dépaysement. La petite troupe a pris la direction du nord, avec, comme hébergement durant les quatre nuits, le Château de bon plaisir, à Nielles-Lès-Bléquin, dans le Pas-de-Calais. Un gite quatre épis avec suspensions en cristal sous les hauts plafonds, obtenu à prix négocié en raison de la basse saison, et qui a produit son effet. “Symboliquement, c’était important, pointe Florent Michelin. Certains jeunes n’imaginaient pas être accueillis un jour dans un tel cadre, avec les moulures au plafond.”
Le programme, intense, comprenait trois ateliers par jour, de la culture au savoir-être. “On a essayé de proposer des ateliers différents de ceux de la mission locale”, insiste le directeur. Côté culture, les jeunes ont commencé par la visite du Musée de la céramique de Desvre, suivi d’un atelier poterie, avant de plonger à Nausicaa, l’immense aquarium de Boulogne-sur-Marne. La virée dans le Pas-de-Calais a aussi été, bien sûr, l’occasion de fendre le vent sur les immenses plages de la côte d’Opale.
Dans les ateliers plus orientés savoir être, la mission a aussi cherché à sortir des habitudes. “Nous avons travaillé l’estime de soi sans la nommer, expliqué que le désir de recruter est aussi grand que le désir d’obtenir le poste”, explique le directeur.
Les journées étaient aussi rythmées par les missions pratiques remplies par les jeunes eux-mêmes, comme la préparation des repas ou la logistique. “Le séjour n’a pas créé de compétences. On ne leur a pas appris à faire à manger ni à chercher des informations sur internet, mais cela a été un révélateur. Ils se sont rendu compte qu’ils étaient capables de plein de choses“, analyse Florent Michelin.
Bien sûr, il y a eu quelques aléas, comme la réservation dans un restaurant autre que celui dans lequel le groupe s’était initialement rendu. L’occasion de comprendre ce qui avait dysfonctionné, dans la communication entre l’équipe qui avait réservé et celle qui avait noté l’adresse. C’était tout l’enjeu des débriefings le soir, d’apprendre de ce type d’erreur “non pas en se demandant à qui la faute mais comment s’organiser pour l’éviter.”
Un pari qui n’était pas gagné d’avance, reconnaît le directeur, alors que les jeunes ne se connaissaient pas spécialement, étaient très isolés socialement, et étaient, pour certains, sous main de justice. “Mais, cela les a métamorphosés. L’un d’eux, qui était systématiquement en retard, est devenu ponctuel. Car il a donné du sens à sa ponctualité, il s’est rendu compte qu’il était attendu. D’autres ont décidé de repartir ensemble,en commençant par se poser la question du budget.”
Le budget du voyage, lui, s’est élevé à “15 000 – 18 000 euros”, chiffre Florent Michelin. Un montant financé dans le cadre du Contrat jeunes.
La mission locale envisage de recommencer en fin d’année. “Mais il faut prendre le temps de préparer, c’est toute une philosophie d’action. Ils doivent avoir l’impression que sans eux, le séjour ne se fera pas. Que ce sont eux qui font le séjour. En 2023, nous avons construit la trame pédagogique en octobre, réuni les jeunes en novembre et sommes partis en décembre.”
En attendant une éventuelle édition 2024, le film de l’édition 2023, baptisé “L’Échappée royale”, réalisé par l’équipe streameuses, est prêt. “La réalisation de ce film est très importante pour que les jeunes puissent continuer à s’appuyer sur cette expérience.”
À visionner ci-dessous :
Tout un pan de l’éducation populaire et de la simplicité de vie a disparu et on le compense avec des dépenses sociales. Effectivement, l’époque où des jeunes pouvaient partir en vadrouille et dormir dans un camping est révolue.
L’idée est bonne et les résultats semblent positifs ; mais tous ces jeunes sont issus apparemment des mêmes milieux. Ce manque de diversité renforce le sentiment d’être à part, dans une communauté loin de la république.
Un projet à reconduire, mais en veillant à une diversité plus représentative du pays dans lequel ces jeunes vivent, le pays et non le quartier.
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