Deux jours après l’incendie qui s’est déclaré au foyer de l’Adef situé rue Lenain de Tillemont, plus d’une cinquantaine de résidents, sans bail officiel, restent sans solution de relogement. Une partie d’entre eux a passé la nuit de lundi au cinéma Le Méliès. Ce mardi soir, ils ont trouvé refuge dans une salle de boxe.
Comme lundi, plus d’une cinquantaine d’hommes ont passé la journée de mardi devant la mairie de Montreuil, dans l’attente d’un nouveau logement. “Des logements pour nous“, scandent-ils parfois lorsque les percussions improvisées se taisent. “Réquisitions pour des logements“, peut-on lire sur une pancarte.
“Aujourd’hui, on ne sait pas où aller“
Dimanche, vers 18 heures, un feu a pris dans une chambre au 3ème étage du foyer de l’Adef, avant de se propager au 4ème étage. Le foyer compte 430 résidents majoritairement maliens et sénégalais. La cause de l’incendie serait une batterie de trottinette électrique, selon le Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf). La mairie indique que seuls quelques blessés légers sont à déplorer. Intoxiqués par les fumées, ils ont été conduits à l’hôpital pour des examens et quelques soins. L’un d’eux, qui a sauté par la fenêtre pour échapper au feu, a été hospitalisé avec les deux poignets cassés, rapporte aussi le Copaf.
“L’incendie s’est vite propagé et les dégâts ont aussi touché les étages du dessus. Il y en a qui ont tout perdu, y compris les papiers. Certains ont été relogés. Nous, on a dormi au cinéma [Le Méliès situé à deux pas de la mairie]. Aujourd’hui, on ne sait pas où aller“, relate Moussa, 49 ans.
Les résidents sans bail
Le soir de l’incendie, l’Adef a proposé un relogement à une quarantaine de personnes en lien avec la préfecture de Seine-Saint-Denis. Mais, entre cinquantaine et cent de résidents, selon certains, ne savent pas où aller. “La mairie fait la sourde oreille“, estime Judith, une Montreuilloise venu soutenir les sinistrés. “La question se pose encore pour une vingtaine de personnes. Mais la ville, qui a déjà ouvert deux de ses gymnases pour héberger des sans-abris, s’est mobilisée dès le jour du sinistre. L’Adef a pris en charge un certain nombre de relogements et les liens de solidarité ont fonctionné. C’est aussi à l’État de prendre ses responsabilités“, rétorque-t-on en mairie. Les agents de son service intégration ont par ailleurs été dépêchés sur place, au foyer de l’Adef, “pour évaluer les situations individuelles et apporter toute l’aide nécessaire à un retour rapide à une situation normale“, selon un communiqué de la ville.
“Le problème, ce sont les occupants sans titre“, explique Assa Traoré, arrivée devant la mairie peu après 21h30 ce mardi. Connue pour son combat contre le racisme et les violences policières, elle apporte des repas chauds. “On fait comme s’il n’existait pas, mais qu’est-ce que vous croyez? Qu’ils sont logés gratuitement? Non alors quand on accepte ça, on prend ses responsabilités. Ils doivent être relogés comme les autres“, poursuit la militante.
Une salle de boxe
Téléphone à la main, Assa Traoré est venue aussi pour essayer de trouver une solution d’urgence. Au bout d’un quart d’heure, elle annonce qu’ils pourront dormir cette nuit dans une salle de boxe grâce à une connaissance. La cinquantaine de personnes se met en marche, guidés par Judith, Laly, une autre militante associative et son chien Twix. Le groupe s’étire rapidement en une longue colonne dans les rues désertes de Montreuil à cette heure. “Au moins c’est déjà ça, mais j’ai peur de perdre mon travail. Ça va être compliqué si c’est tous les jours comme ça“, souffle Souleimane, ouvrier dans le BTP.
Après une demi-heure de marche, le groupe d’hommes arrive à destination et remplit vite tout l’espace de la salle de sport. “Cette nuit, vous restez ici. Vous ne sortez pas et vous restez toujours groupés. Demain il faudra partir à 7h00“, annonce Judith. Ce matin, les résidents sont retournés devant la mairie.
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