Des livres, des jouets, des vêtements, de la vaisselle et même de l’électroménager… Crée à Montreuil il y a une douzaine d’années par un collectif motivé, la Collecterie s’apprête à changer d’échelle en investissant le futur Village du réemploi. La Collecterie y ouvrira très prochainement un concept-store 100% récup et un café-restaurant associatif, aux côtés d’autres ressourceries dédiées au sport, au spectacle ou encore aux matériaux.
Quelques clients flânent encore entre le rayonnage de livres et les portants de vêtements à quelques minutes de la fermeture ce lundi à 18 heures. La Collecterie donne une seconde vie à toute sorte d’objets. “Ici, vous pouvez trouver de tout, des jouets, des pantalons à 1 euro ou de la vaisselle à 0,50 centimes. Nous sommes une ressourcerie multiflux“, annonce Séverine Bellec, la directrice.
1 800 tonnes collectées et triées depuis 2012
Les objets arrivent d’un peu partout, des habitants surtout, qui viennent déposer leurs dons, et, depuis deux ans, de la collecte à domicile. “Depuis la création, en 2012, 52 960 personnes nous ont apporté un peu plus de 1 800 tonnes d’objets“, détaille la Séverine Bellec.
Que deviennent les objets ? “Soit ils sont nettoyés et proposés dans notre boutique, soit ils sont inexploitables et on essaye de les envoyer vers la bonne filière de recyclage“, explique-t-elle. Les livres, par exemple, sont retransformés en pâte à papier. Le mobilier est réutilisé pour faire des panneaux de bois.
Chantier d’insertion
“Et puis, il y a ce qui part dans nos ateliers pour être réparé ou directement recyclé. Dans nos activités, il y a une partie création et artisanat, et donc emploi. On a très vite décidé de devenir chantier d’insertion. On accompagne un public très éloigné de l’emploi mais pour tout type d’activité, par de la formation ou de la mise en situation dans une entreprise“, poursuit Séverine Bellec. Actuellement, la Collecterie emploie ainsi 35 salariés en insertion pour 17 référents.
Ateliers menuiserie, tapisserie et couture
Ce qui fait la spécificité de La Collecterie, ce sont ses ateliers “maison” à commencer par la menuiserie. À l’origine de sa création, un collectif de neuf fondateurs convaincus de tout ce qu’il était possible de faire à partir de ce qu’on trouve dans la rue, à commencer par les meubles Ainsi sont nés les ateliers menuiserie, puis tapisserie et couture. L’association s’installe d’abord dans un petit local de 30 mètres carrés à Mozinor, prêté en 2013 par la mairie de Montreuil, puis déménage et prend ses aises rue Saint-Antoine (400 mètres carrés). En 2016, elle ouvre une deuxième boutique, rue du Capitaine Dreyfus et un atelier tapisserie. En 2022, elle affiche plus de 6 200 éléments d’ameublement et de textiles revalorisés par ses ateliers et la réalisation de 206 chantiers de mobiliers et d’ameublement pour des particuliers, des structures privées et publics.
Tout apport est pesé avant le tri. “On a une balance avec un logiciel spécialisé. On peut donc rendre des comptes précis à nos financeurs, sur les tonnages de mobilier, de vaisselle, de jouets, de textile…”, détaille la directrice de La Collecterie. Selon le dernier rapport d’activité de l’association en 2022, sur 629 000 euros de chiffre d’affaires, près de 487 000 euros proviennent de subventions d’aide aux poste ou à l’emploi, 9 200 euros environ de dons de particuliers, le reste provenant de subventions au fonctionnement ou à l’investissement. Les principaux soutiens financiers sont l’État (la Driets pour plus 460 000 euros), Est Ensemble pour 62 000 euros, le département de la Seine-Saint-Denis pour 38 000 euros et les investisseurs privés pour 20 000 euros. Les recettes des ventes représentent 521 000 euros.
Le Village du réemploi : un cluster de ressourceries
Dans quelques semaines, La Collecterie investira le programme tout neuf du Village du réemploi. L’association a remporté en 2017 un appel à manifestation d’intérêt de la ville de Montreuil avec Emmaüs Alternatives (projet repris par Emmaüs Défi) pour créer le Village du réemploi, présenté comme “la première zone commerciale dédiée au réemploi”. Au programme : 1 800 m2 au sein du projet immobilier d’Altarea Cogedim qui comprend la réhabilitation de 10 000 mètres carrés d’îlots d’habitation, dont 30% de logements sociaux, dans le cadre de la Zac de la Fraternité dans le Bas-Montreuil. La Collecterie y ouvrira un nouveau magasin solidaire et un café-restaurant associatif. “C’est un défi parce que l’on va s’ouvrir à de nouvelles activités, et parce que c’est une nouvelle aventure humaine“, confie Séverine Bellec. La Collecterie côtoiera la ressourcerie généraliste Emmaüs, la recyclerie Envie, les ateliers R-ARE, spécialisés dans le bois, la Recyclerie sportive, la ressourcerie montreuilloise Neptune, la Ressourcerie du spectacle et Refer (le Réseau francilien des acteurs du réemploi). Un véritable cluster de ressourceries.
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