Mangas, BD jeunesse, romans… le Salon du livre et de la presse jeunesse a ouvert ce mercredi 27 novembre à Montreuil, jusqu’au lundi 2 décembre. Pour fêter ses 40 ans, le salon s’est donné pour thématique “le rêve en général”. Ambiance et rencontre avec des éditeurs indépendants qui veulent faire découvrir de nouveaux univers.
Des gilets jaunes sont un peu partout : adossés aux stands, rangés en courtes colonnes ou assis au pied des paravents. Comme chaque année, le mercredi d’ouverture du Salon du livre et de la presse jeunesse, les enfants des centre de loisirs investissent ses allées. Yonis, 11 ans, a ses préférences : “Ce que j’aime c’est Naruto. C’est facile à lire et il y a de l’action“, clame-t-il.
“La base dans ce métier c’est d’être un passeur“
De nombreux enseignants arpentent aussi les allées du Paris Montreuil Expo où le rêve est mis à l’honneur pour la 40ème édition de l’événement. “Je me pose la question d’une reconversion comme éditrice. Je suis prof en CE1 depuis cinq ans en REP+, j’adore ça mais c’est épuisant et je suis passionné de littérature depuis petite alors pourquoi pas ?“, confie-t-elle. Face à elle, Frédéric Cambourakis, un ancien libraire, qui a fondé sa maison d’édition en 2006, située à Paris 12ème. “La base dans ce métier, c’est d’être un passeur comme le libraire ou la crémière. Je participe à ce salon depuis 15 ans environ. Bien sûr, il faut que ce soit rentable, parce que ce n’est pas aussi évident, mais on est là aussi pour participer d’une certaine manière à l’éducation des enfants. Ce sont des valeurs et des intérêts qui vont au-delà du commercial“, remarque-t-il.
Lui a fait le choix de l’international. Sur son étal, on trouve des livres illustrés de jeunesse, principalement traduits, qui viennent du Japon, de Corée, d’Italie, des États-Unis. “J’ai fait ce choix parce que ça m’oblige à me frotter à d’autres cultures. Je trouve intéressant d’amener des approches différentes. Même si, en France, on a un grand, voire le plus grand marché du livre jeunesse, il y a quelques tabous“, observe-t-il. Comme la représentation du corps qui passe souvent par les animaux. Avant les albums jeunesse, qu’il a développé à partir de 2012, Frédéric Cambourakis a commencé par la BD et la littérature adulte. Il a ensuite créé une collection féministe.
“Avoir de bons textes, à plusieurs niveaux de compréhension”
Un peu plus loin, Laurence Nobécourt, venue de Bruxelles, s’est reconvertie dans l’édition après avoir été professeure des écoles pendant 25 ans en Ile-de-France, en Bretagne et ailleurs. “Je suis présente à ce salon depuis le début, sauf l’année du Covid. Il y a dix ans, lorsque j’ai fondé la maison d’édition, j’avais 4 mètres carrés. Aujourd’hui, j’en ai 16“, se réjouît-elle. Entre temps, la société À pas de loup a grandi et approche les 100 ouvrages édités. “Je suis très heureuse d’être ici. Le premier livre que j’ai vendu, c’est à une fille originaire du Bangladesh qui parlait à peine français et achetait un livre pour son petit frère“. Face aux mangas ou “aux livres plus commerciaux“, son objectif est d’apporter une diversité d’histoires illustrées avec pour exigence “avoir de bons textes, à plusieurs niveaux de compréhension, sur lesquels on va revenir, et une originalité dans l’illustration. J’ai de la gravure, du stylo à bille, de l’encre de Chine, du stylo à gratter, de la tablette graphique, du collage…. On ne voit pas ça forcément partout“, explique-t-elle.
Une relation de proximité avec les libraires
Chez Le Tripode, maison d’édition créée en 2012 par Frédéric Martin, il n’y a pas d’albums mais des romans, et quelques romans graphiques comme des Hugo Pratt – les moins connus comme “Les lettres d’Afrique” d’Arthur Rimbaud. “On est là par cœur parce que l’on est attaché à ce salon. Il y a ici un esprit très famille. Les gens viennent nous voir parce que l’on est pratiquement les seuls à vendre des livres adultes. Ce que l’on veut, c’est aussi d’essayer défendre une lecture de qualité sans basculer dans l’élitisme et le côté intellectuel“, souligne Aglaé de Chalus, responsable communication. Pour la maison d’édition, l’enjeu du salon est de maintenir une relation de proximité avec ses lecteurs mais aussi les bibliothécaires et surtout des libraires. “On n’a pas de tête d’affiche, on n’a pas les moyens de faire des 4×3 dans le métro, donc on nourrit une relation très forte avec les libraires pour pousser des auteurs. Par exemple, on a été parmi les premières maisons d’édition à venir voir la librairie À la marge quand elle a ouvert à Montreuil. On a les mêmes problématiques qui sont de favoriser les rencontres avec les auteurs“, ajoute François Bétremieux, directeur de collection.
400 maisons d’édition
Au total, ce sont 400 maisons d’édition qui présentent leurs auteurs et autrices ce weekend. L’occasion de rencontrer plus de 2 000 écrivains, écrivaines, illustratrices et illustrateurs.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.