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À Montreuil, les occupants du squat Gambetta expulsés

À Montreuil, les occupants du squat Gambetta expulsés © X Alexis Corbière

Installés dans un immeuble privé depuis juin 2022, les membres du collectif de Gambetta ont été expulsés jeudi dernier de l’immeuble du 31 rue Gambetta à Montreuil où ils avaient trouvé refuge depuis juin 2022. Plusieurs associations dénoncent une mesure sans solution de relogement pérenne.

Rien n’y aura fait. Malgré des négociations entre la mairie de Montreuil et la préfecture de la Seine-Saint-Denis, la soixante d’habitants du 31 rue Gambetta ont finalement été expulsés le 10 octobre au matin.

L’expulsion ordonnée par le préfet était attendue depuis la 12 août, date à laquelle le juge de l’exécution a rejeté une deuxième demande de délais pour quitter les lieux. La première ordonnance de référé datait du 22 août 2022. La propriétaire des lieux avait alors immédiatement saisi la justice.

Lors du conseil municipal de Montreuil du 25 septembre, une délégation du collectif d’habitants était venue demander le soutien de la collectivité et “parler à la population“, comme l’a expliqué Mariam qui avait alors raconté son histoire. “J’ai quitté la Côte d’Ivoire pour la Tunisie. J’ai marché à pied pour aller au Maroc. J’ai traversé la Méditerranée pour aller en Espagne, puis venir en France. Franchement c’était dur. Jai perdu ma mère à l’âge de 12 ans. On m’a donné en mariage forcé. C’est pour tout ça que je suis allé à l’aventure“, avait-elle confié.

Un immeuble à l’abandon

L’histoire de ce collectif a commencé lorsqu’il se forme dans un campement au parc des Guilands en 2022. Sans solution de logement, il investit un restaurant à l’abandon rue Pasteur. “Nous étions 120 personnes à y vivre, la surface était petite et beaucoup d’entre nous étions enceinte ou avec des enfants en bas à âge“, explique-t-il dans un communiqué diffusé fin août. C’est après un arrêté d’expulsion pris par la mairie, que le collectif décide de s’abriter rue Gambetta. “Ce lieu est un grand hangar avec des appartements laissés à l’abandon depuis plusieurs années. C’est parce que le propriétaire n’avait aucun projet sur cette parcelle que nous avons pu obtenir au tribunal des délais de plusieurs mois pour y rester“, indique-t-il.

De leur côté, une cinquantaine d’associations, dont le Collectif accès aux droits (CAD), le Revers de la Médaille ou Médecins du Monde Île-de-France, ont dénoncé cette nouvelle expulsion après celles Vitry-sur-Seine ou de L’Ile-Saint-Denis. “Plutôt que de remettre à la rue celles et ceux qui sont parvenus, par leurs propres moyens, à trouver un toit, l’État devrait en urgence ouvrir des places d’hébergement stable pour les personnes que son incurie contraint à vivre dans des campements insalubres. Avec la loi Kasbarian-Bergé, qui réprime les personnes qui vivent en squat, il est de plus en plus difficile de trouver un endroit pour se mettre à l’abri“, déplore-t-elle.

Lire : Vitry-sur-Seine : manifestation contre le démantèlement d’un squat dans la zac Seine Gare

27 personnes prises en charge

L’opération conduite le 10 octobre 2024 avait été préalablement reportée afin de permettre à l’État de mobiliser un nombre significatif de places d’hébergement et de répondre de manière individualisée aux besoins de mise à l’abri des occupants. Sur la trentaine de personnes présentes sur place, les services de l’Etat ont procédé la prise en charge de 27 personnes dans des structures d’hébergement du département“, réagit pour sa part la préfecture de la Seine-Saint-Denis.

Elle fait aussi savoir qu'”au-delà de la légitime demande de la propriétaire de voir son bien libéré, en application de la décision de justice rendue, le défaut d’exécution de cette dernière engagerait la responsabilité de l’État. En effet, l’État doit indemniser les propriétaires de tout retard dans l’octroi du concours de la force publique.” Elle évalue les pénalités financières à “plusieurs dizaines de milliers d’euros“.

Comme d’habitude, les quelques solutions apportées par la préfecture ne visent qu’une partie des personnes et restent précaires, car les nuitées en hôtel pour les femmes et enfants ne sont que de 2 ou 3 semaines maximum. De plus, elles dispersent les personnes sur tout le territoire en Île-de-France“, pointe les associations soutenant le collectif Gambetta.

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