Depuis le début du mois de juillet, les commerçants de Saint-Denis et de Saint-Ouen sur Seine constatent une baisse importante de leur activité, à rebours des prévisions sur l’impact positif des JO en Seine-Saint-Denis. Restaurateurs et vendeurs espèrent que le début des épreuves marquera la relance de leur activité.
« On s’attendait à ce que ce soit multiplié par dix, le Père Noël, n’a pas encore ramené les cadeaux ». Derrière le comptoir du restaurant Les bons vivants à Saint-Denis, non loin de la Place des Pianos et du métro Carrefour Pleyel, le patron ne cache pas sa déception : « on a une grosse baisse d’activité ». À quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, les commerçants de Saint-Denis se demandent si l’activité sera aussi riche que ce qui avait été annoncé.
“Tout le monde est parti en télétravail à cause de la fermeture de la rue et des Jeux olympiques“
« On ne nous a pas vendu l’affaire comme ça ! » soupire une restauratrice du boulevard Anatole France, devenu voie olympique depuis le 15 juillet 2024, et fermé, depuis, à la circulation, pour les particuliers et les transports en commun. « Cela engendre une forte baisse d’activité » indique-t-elle. À ses côtés, Rachid, le gérant du restaurant, abonde : « on nous a dit qu’on allait travailler… Mais ce n’est pas encore le cas ! J’ai trois ou quatre clients et c’est tout ». Un espoir après le début des JO ? Mouvement de tête négatif. « Il y a six restaurants à l’intérieur du village olympique… Tout est gratuit ! » s’inquiète la restauratrice.
Place des Pianos, les employés de la boulangerie font le même constat : « la clientèle a beaucoup baissé… On jette beaucoup de produits en ce moment, surtout les gâteaux… » explique l’une des vendeuses. « Autour de la place, il y a beaucoup de bureaux, mais là tout le monde est parti en télétravail à cause de la fermeture de la rue et des Jeux olympiques. On a moins de commandes, moins de sandwichs à faire le midi. »
Le boulevard qui est d’ordinaire une voie de passage très fréquentée est aujourd’hui désert. Quelques bus floqués Paris 2024 passent sous le regard de plusieurs gendarmes postés à chaque carrefour pour régir la circulation des piétons. « Normalement, les gens s’arrêtent deux minutes, le temps d’acheter une baguette, là c’est impossible » soupire un autre salarié de la boulangerie.
Dans la supérette d’en face, le calme dans les rayons et la même moue sceptique : « Ce n’est pas la nette augmentation à laquelle on s’attendait ! » En cause ? « La fermeture des bureaux, le manque de passage de véhicules et la fin des travaux du village olympique ». Reste l’espoir que les touristes affluent après l’ouverture des JO, car « d’habitude, les mois de mai, juin et juillet sont ceux qui génèrent le plus d’activités ! Là, c’est très calme, si ça baisse encore en août, ça va être compliqué, vraiment pire que d’habitude ».
Place Blanche, la boulangerie redouble d’activité
Place Blanche, à deux pas du village olympique, le ton est plus optimiste : « grâce au village olympique, on a tenu durant les travaux. C’est un peu plus calme avec les barricades, mais on a pas mal de policiers et de CRS qui viennent manger à midi, et le soir on est bleu ! » sourit la gérante de la boulangerie La douceur du cinéma. « J’ai prévu d’embaucher deux personnes sur la période des JO. C’est exceptionnel, on sera ouvert même le dimanche. »
À Saint-Ouen, entre désillusion et espoir de relance
À Saint-Ouen sur Seine, les commerçants sont dans le même esprit. Alors que certains commerces s’attendaient à une hausse d’activité, c’est tout l’inverse qui s’est déroulé en juillet : « c’est vraiment calme, par rapport aux années précédentes » fustige le gérant du bureau de tabac de la Place de la République, « désabusé ». Alors que son commerce s’est trouvé sur une zone de travaux durant plusieurs mois, il pensait que son activité augmenterait à l’approche des JO, mais non. « Il y a eu un pic… Mais là, c’est encore pire que pendant les travaux. Il y a beaucoup de restrictions, les gens ne peuvent pas passer l’A86… Tous les commerçants râlent. »
Dans les stands fraichement ouverts de la grande halle de Saint-Ouen, la Communale, l’ambiance oscille entre optimisme et pessimisme. « Moi j’y crois, mais je suis la seule à y croire je pense ! » s’exclame la responsable du stand de poissonnerie. « En ce moment, c’est catastrophique, mais je vois plein de touristes, au métro, au bar…ça commence ! ».
« Aujourd’hui, j’ai 65 euros de perte pour un chiffre d’affaires de 71 euros… Je n’ai jamais fait ça ! » constate une employée du stand de fruits et légumes de la halle audonienne. « Je croise les doigts pour que cela change avec le début des JO. »
Dans le centre de Saint-Ouen, rue Charles Schmidt, l’épicerie Alpha Exotique tempère : « c’est calme, car il y a eu les départs en vacances, alors on reste ouvert un peu plus tard pour accueillir les derniers touristes » explique le gérant. « Depuis le premier juillet, on ne fait pas notre chiffre d’affaires journalier, on a du mal à joindre les deux bouts… On est proche du stade de France, c’est vrai que l’on s’attendait à accueillir plus de touristes ».
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