Les acteurs du handicap ont maintenant leur Station F. Situé à quelques mètres de l’ancien village olympique de Saint-Denis, le Handilab, inauguré le 17 décembre, un centre de formation, des laboratoires de recherche, un showroom et des bureaux accessibles aux personnes en situation de handicap. L’incubateur à startups dédié au handicap accueillera à terme 250 postes de travail.
Les caractères en braille sur la façade rénovée marque d’emblée l’identité du Handilab. L’espace de 13 000 mètres carrés, développé par le groupe immobilier Fiminco, se veut un pôle d’innovation unique en Europe dédié au handicap.
Avec des ascenseurs larges, sans obstacles et un mobilier intelligent, le site fait la part belle à l’accessibilité. Dans l’entrée, un robot humanoïde fait des pas bruyants en serrant la main aux invités, impatients de poser leurs coudes sur une borne conçue pour malentendants ou de suivre un match de foot du bout des doigts grâce à une tablette pensée pour les déficients visuels.
“Faciliter la vie des personnes en situation de handicap“
“Je me sens à l’aise, accueillie et acceptée“, estime Malika Oubahmane, fondatrice de Handy Duty, une plateforme qui met en relation les aidants et les personnes en situation de handicap. “C’est un lieu pour nous, avec des solutions qui vont nous apporter une meilleure qualité de vie. Pas seulement aux personnes en situation de handicap, mais aussi à nos proches et aux entreprises“, ajoute l’entrepreneuse, qui se déplace en fauteuil électrique en raison d’une dégénérescence musculaire.
La start-up de Malika Oubahmane, déjà couvée au sein de la French Tech et Perqo (pépinière d’entreprises à impact de la région Île-de-France) fait partie des 22 jeunes pousses ayant intégré en novembre la toute première promotion de l’incubateur du Handilab. Parmi le personnel de ces entreprises, il y a aussi des valides.
Les plus matures du vivier, comme Feelobject (plans tactiles pour les établissements recevant du public), Losonnante (bornes audio par conduction osseuse) ou Ava (logiciel de sous-titrage en temps réel pour sourds et malentendants) ont déjà leurs premiers clients, tandis que d’autres cherchent encore leur modèle économique. “On est sur toute la chaîne, depuis l’idéation jusqu’à l’internationalisation de la solution“, explique la directrice du Handilab, Fanny Cohen. Toutes les start-ups retenues ont un dénominateur commun : “faciliter la vie des personnes en situation de handicap“, souligne-t-elle.
“Repérer les pépites“
Les 22 lauréats du premier appel à candidatures ont la possibilité de s’installer gratuitement dans un espace Handilab pour travailler, seuls ou ensemble. Une deuxième vague devrait intégrer l’incubateur début 2025. Au total, 250 postes de travail sont réservés aux entreprises incubées, tandis que le reste du bâtiment fonctionne de manière hybride : une “tarification locative” avantageuse pour les acteurs du handicap et une section “plus classique“, explique Béatrice Furon, directrice des relations institutionnelles chez Fiminco, qui a dépensé 50 millions d’euros pour acquérir et rénover l’immeuble.
Outre la localisation du Handilab au cœur du tissu économique francilien, les participants de l’incubateur mettent en avant les perspectives de financement et de partenariat qui découlent de ce programme. Des mécènes privés comme Axa, L’Oréal, Capgemini ou encore Orange ont versé une dotation d’environ 1 million d’euros au total, pour amorcer et accompagner le projet.
“L’idée est de repérer les pépites et voir si on peut construire ensemble“, commente Elizabeth Tchoungui, directrice exécutive RSE du groupe Orange, qui pousse depuis des années pour l’inclusion des personnes autistes dans le monde professionnel. Elle voit également dans le Handilab un lieu pour “tester l’accessibilité de nos produits et services pour les malvoyants et les dyslexiques” et un espace “de sensibilisation des collaborateurs au handicap“.
Pour aller dans ce sens, les responsables du Handilab annoncent des modules de sensibilisation et des formations certifiantes en présentiel, “basés sur des témoignages et des rencontres“, et destinés aux salariés d’entreprises et aux décideurs de haut niveau du public et du privé. “Si on ne fait pas ce travail de fond, on ne changera pas fondamentalement la perception du handicap en entreprise“, conclut Béatrice Furon de Fiminco.
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