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Urbanisme | | 17/05
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À Saint-Denis, “une passerelle pour recoudre la ville”

À Saint-Denis, “une passerelle pour recoudre la ville” © CH

Il aura fallu trente ans pour faire sortir de terre la structure qui permettra d’enjamber les voies du plus grand nœud ferroviaire d’Europe et reconnecter les quartiers de Pleyel et du Landy à Saint-Denis. Inauguré officiellement ce jeudi, le franchissement urbain de Pleyel ne sera ouvert que fin juin.

Que se passe-t-il ici ?“, demande Amar à un policier. Ce jeudi après-midi, un important cordon de sécurité a été déployé place aux Étoiles, devant la sortie du RER D. De nombreux élus et deux ministres ont fait le déplacement pour l’inauguration du franchissement urbain Pleyel (FUP). “Pour aller à Paris ce ne me changera pas vraiment. On est à 10 minutes de la Gare du Nord. Par contre, pour aller à Saint-Ouen ou même au centre-ville de Saint-Denis ce sera plus rapide via la 13“, se réjouit cet habitant du quartier du Landy.

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Marc Mimram, l’architecte-ingénieur du projet et Gildas Marger, le président de Plaine Commune Développement.

Trait d’union entre les quartiers du Landy et Pleyel

Plus de 20 000 personnes devraient utiliser ce nouveau pont. Mais il faudra encore patienter jusqu’à l’ouverture de la gare de Saint-Denis Pleyel fin juin. “C’est très palpable. S’il y a un projet plus que les autres qui incarne cette couture nécessaire de la ville, c’est bien ce franchissement urbain“, se félicite Mathieu Hanotin, le maire (PS) de Saint-Denis. “On avait deux morceaux de la ville qui étaient séparés par les voies ferrées“, commente l’édile. Pour les piétons, la rue du Landy reste, en effet, le seul moyen jusqu’à présent de relier directement le quartier du Landy et celui de Pleyel ; rue qui connecte également à ce niveau là Saint-Ouen et le reste du territoire de Plaine Commune.

De fait, la nouvelle passerelle enjambe désormais les 48 voies du troisième faisceau ferroviaire le plus fréquenté du monde. Elle est aussi appelée à devenir un axe du futur quartier Pleyel de Saint-Denis qui se dessine. “Nous avions décidé d’arrêter le projet d’aménagement Lumière parce que nous ne souhaitions pas reproduire une nouvelle zone de bureaux. On a relancé une nouvelle dynamique pour repenser la place de Saint-Denis et de Pleyel avec l’arrivée des cinq lignes de métro, avec la proximité de l’A86 et son nouvel échangeur, et avec l’arrivée de la ZFE (zone à faible émission). Ici, on construit la première plateforme hôtelière“, explique Mathieu Hanotin, en montrant l’hôtel 4 étoiles qui logera dans la tour Pleyel.

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Une des deux nefs du FUP

Liaison indispensable pour les JOP

De part son positionnement et l’ouverture au public de la ligne 14 à la gare de Saint-Denis Pleyel, la nouvelle passerelle est devenue une structure clé des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Elle rend, en effet, accessibles des sites majeurs de l’événement : le Village des athlètes, le Stade de France et le Centre aquatique olympique. Selon Plaine commune, un spectateur sur quatre qui se rendra à l’un ou l’autre de ces deux sites de compétions, empruntera le FUP. Pour faciliter encore plus la mobilité, l’ouvrage a, par ailleurs, été pensé pour permettre des accès directs avec les quais du RER B.

Si le FUP a été achevé juste à temps pour les Jeux, le projet remonte à plus de trente ans. “Les premières réflexions datent du début des années 1990“, se remémore Gildas Marger, le président de Plaine Commune Développement. Au départ, il consistait simplement à relier le RER B à la gare du Grand Paris Express, au-dessus du chemin de fer. “Historiquement, ce faisceau créait une fracture nord-sud du territoire. Au lieu de faire une simple correspondance de gare-gare, il fallait construire une véritable liaison urbaine“, poursuit-il.

En fait, c’est le Grand Paris Express qui a été l’accélérateur du projet. “On ne pouvait pas imaginer installer une gare qui sera l’équivalent de Châtelet-Les Halles sans repenser tout ce quartier. Tant qu’il n’y avait pas de gare, qui aurait pu mettre les financements d’un tel projet de pont sur la table“, poursuit-il. Au total, le projet coûte 247 millions d’euros. Parmi les grands financeurs figurent l’État (74,5 millions d’euros), la Société des Grand Projets (60,4 millions d’euros), l’intercommunalité Plaine Commune (48,8 millions d’euros), la région Ile-de-France (20 millions d’euros) et la Métropole du Grand Paris (17,6 millions d’euros).

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Prouesse technique

Désormais, on pourra dire que la Seine-Saint-Denis a sa tour Eiffel allongée“, s’est félicité Stéphane Troussel, le président du département, en référence à la charpente du FUP plus lourde que celle du monument parisien avec ses 8 800 tonnes d’acier. Sa réalisation est, en effet, une prouesse technique. Les trois piliers intermédiaires qui soutiennent la structure ont été coulés jusqu’à 30 mètres de profondeur, parfois très proches de voies en exploitation. “Pour construire un chemin de fer, on n’a pas le droit de construire au-dessus des trains qui marchent. Ça veut dire qu’il faut faire des interruptions des voies qui doivent être décidées trois ans à l’avance“, explique Marc Mimram, l’architecte-ingénieur du projet. Pour démarrer le chantier, il a d’ailleurs fallu dévoyer trois voies, qui ont été reconstituées par la SNCF au technicentre de la Chapelle (à Paris).

Long de 300 mètres et large de 28 mètres, le cheminement piétonnier,se termine en forme de Y, avec l’une des branches rejoignant la passerelle pour les personnes à mobilité réduite. Celle-ci ceinture la gare du Grand Paris Express. À cette liaison, viendra s’accoler, dans deux ans, un second pont parallèle dédié aux bus et aux vélos. En tout, largeur du FUP atteindra alors 42 mètres.

Particularité visible de loin, deux vastes nefs viennent habiller le tablier du pont. “L’objectif était de créer un morceau de ville. Son aménagement a été pensé comme celui d’une place dans une ville, ce que vous pouvez constater avec le plancher en bois, les gradins, les nefs… Il aurait pu être trois fois moins large et suffire à absorber les flux. Demain, on peut imaginer ici des concerts, des foodtrucks“, observe Gildas Marger. Illustrant cette volonté de rendre “habitable“, il est équipé en trois sections d’instruments pour mettre en valeur le son émis par trois éléments naturels : le vent, l’eau de pluie et, plus étonnant, la chaleur du soleil. “Nous proposons une promenade sonore, développe Marc Mimram. Pour nous, c’est un endroit magique.”

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