Allonger une piste d’un kilomètre vers l’ouest, mieux respecter le couvre-feu, atterrissage et décollage continu, sortie tardive du train d’atterrissage… l’Observatoire régional du bruit en Ile-de-France (Bruitparif) fait de nouvelles propositions pour réduire les nuisances sonores de l’aéroport d’Orly la nuit.
Pour rappel du contexte, l’État a retenu au printemps le scénario ne modifiant pas les horaires de couvre-feu pour atteindre l’objectif réglementaire de diminution des décibels la nuit à proximité de l’aéroport d’Orly. Une décision prise après avoir commandité une Étude d’Impact selon l’Approche Équilibrée (EIAE) qui proposait trois solutions, dont deux préconisaient d’agir sur le couvre-feu. L’arrêté confirmant ce scénario était soumis à concertation publique jusqu’à fin juillet.
Les trois scénarios qui étaient proposés par l’EIEA, pour rappel
Scénario A : maintien du couvre-feu actuel et interdiction des vols les plus bruyants à partir de 22 h
Scénario B : interdiction des vols les plus bruyants à partir de 22 h et interdiction des décollages à partir de 23 h
Scénario C : extension du couvre-feu de 23 h jusqu’à 6 h et interdiction des vols les plus bruyants à partir de 22 h.
Lire : Bruit lié à l’aéroport d’Orly : l’État renonce à prolonger le couvre-feu, même d’une demi-heure
À cette occasion, Bruitparif a publié son propre rapport d’une centaine de pages. L’observatoire des bruits en Ile-de-France s’appuie sur méthodologie différente de celle de l’Étude d’Impact selon l’Approche Équilibrée (EIAE), considérant que celle-ci n’a pas retenu comme principal objectif la réduction du bruit nocturne prévu dans le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE), à savoir une diminution d’au moins 6 dB du Ln moyen au sein du périmètre Ln>50 dB(A)). Bruitparif estime par ailleurs que les hypothèses de l’EIAE s’appuient sur un rythme optimiste de renouvellement de la flotte des avions moins sonores. Sur le plan socio-économique, l’observatoire entend également mieux tenir compte “des coûts évités collectivement par la société du fait des réductions des expositions au bruit lié au trafic aérien et de les mettre en face des impacts économiques et sociaux chiffrés pour les compagnies aériennes.”
Scénario D : couvre-feu strict de 23h à 6h
Dans ses conclusions, Bruitparif considère donc qu’aucun des scénarios proposés par l’EIEA n’atteint les objectifs réglementaires, en particulier le moins disant, proposé dans l’arrêté soumis à consultation, et propose une variante, un scénario D, “qui pourrait être plus performant à l’horizon 2029 que le scénario C, tout en étant moins contraignant pour les compagnies aériennes, mais qui demande une amélioration de la gestion aéroportuaire des retards à l’arrivée.”
“Cette variante reprend les hypothèses du scénario A de l’EIAE pour l’évolution de la flotte mais avec une extension du couvre-feu à 23h pour les départs et les arrivées. Cette variante ne prend pas en compte de période d’aléas comme cela a été fait dans le cadre du scénario C de l’EIAE. Cela signifie que dans cette variante, les mouvements survenus après 23h sont reportés en journée (avant 22h) mais ceux compris entre 22h et 23h restent inchangés. Il s’agit donc d’une variante de mise en oeuvre d’un couvre-feu dès 23h qui aurait beaucoup moins de répercussions économiques pour les acteurs aéroportuaires que le scénario C présenté dans l’EIAE, dans la mesure où seuls 6 vols (2 décollages et 4 atterrissages) en moyenne seraient supprimés par nuit contre 18 (2 décollages et 16 atterrissages) dans le scénario C. Cette variante permettrait toutefois d’offrir une demi-heure de plus de période nocturne sans survols, et donc sans perturbations potentielles associées sur le sommeil des riverains, et ce, tous les jours de l’année, indépendamment des configurations de survols (atterrissage comme décollage)”, détaille le rapport de Bruitparif.
Allongement de la piste 3, montée et descente continue, sortie tardive du train d’atterrissage
Bruitparif propose aussi d’autres hypothèses, comme celle d’allonger la piste 3 piste (07/25) d’1km vers l’ouest pour “décaler le seuil de piste 07 et de faire voler les avions à des altitudes plus importantes lorsqu’ils décollent vers l’est de l’aéroport.” Ou encore d’imposer une montée continue des avions jusqu’à 10 000 pieds (environ 3 000 mètres) d’altitude et la généralisation des descentes continues, et encore une sortie tardive du train d’atterrissage.
📄 Voir le rapport de Bruitparif
Près de 2 000 contributions
La consultation publique sur l’arrêté, qui s’achevait fin juillet, a obtenu 1 881 contributions, dont celle de Bruitparif. Une synthèse de la consultation doit désormais être publiée sur le site du ministère de la transition écologique.
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