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Justice | | 07/05
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Antisémitisme : prison avec sursis et inéligibilité pour un chauffeur de taxi à l’aéroport d’Orly

Antisémitisme : prison avec sursis et inéligibilité pour un chauffeur de taxi à l’aéroport d’Orly © CD

Un chauffeur de taxi a été condamné lundi à huit mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir refusé de prendre en charge et proféré des menaces antisémites visant une famille à son arrivée à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), quatre jours après l’attaque sanglante du Hamas en Israël.

Le tribunal judiciaire de Créteil l’a reconnu coupable de menaces de mort et de discrimination commises en raison de la religion. Le prévenu a nié les faits lors de l’audience, malgré les témoignages concordants de l’agent régulateur de taxis et d’un autre chauffeur qui a pris en charge la famille. “Je ne te prendrai pas toi et ta famille, sale juif”, a lancé le 11 octobre le chauffeur selon les déclarations du père de cette famille, tout juste revenue d’Israël via Marrakech, à la direction des usagers et des polices administratives qui gère notamment les taxis parisiens.

Avant de revenir et de lancer “si je t’avais pris toi et ta famille dans mon taxi je t’aurais égorgé toi, ta femme et tes enfants”, rapportait encore la victime, qui n’a pas porté plainte par peur de représailles selon les avocats des associations représentées à l’audience.

“Ce dossier repose quasi-essentiellement sur la parole de (la victime) qui n’est pas présente aujourd’hui, ce que je déplore”, a commenté la procureure lors de ses réquisitions. “Mais pourquoi (la victime) serait allée dénoncer ce genre de faits si ça ne s’était pas passé?”, a interrogé le ministère public.

L’audience, qui s’est déroulée dans une salle comble et en présence d’associations – dont la Licra, seule partie civile reconnue – n’a pas permis d’éclaircir pourquoi les versions des parties différaient tant.

Le chauffeur de taxi assure que l’altercation est survenue parce que la victime était “pressée”, qu’elle l’aurait insultée et lui aurait adressé des gestes vulgaires.

“Les faits sont ultra constitués: la question qui se pose est -quelle doit être notre attitude face à cette recrudescence d’actes antisémites?”, a demandé Me Franck Serfati, avocat de l’Organisation juive européenne.

“Affaire sociétale”

De par sa proximité avec l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, le dossier a revêtu dès son origine un caractère médiatique et sensible. À cette date, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, menant une attaque, d’une violence jamais vues depuis la création d’Israël en 1948. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour “anéantir” le Hamas, déclenchant d’intenses bombardements de la bande de Gaza. Plus de 34 735 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis le début des bombardements et les opérations militaires israéliennes, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1 170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Les autorités ont estimé que quelque 250 otages avaient été enlevés par le Hamas et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes selon l’armée. “Il y a dû avoir un effet d’engouement (du prévenu) avec ce qu’il a dû regarder à la télévision, des scènes de violences abominables qui ont dû influencer ses propos”, a supposé l’avocate de la Licra lors de sa plaidoirie. “Les réquisitions et les parties civiles essayent de faire écho à cette situation horrible, et de montrer (le prévenu) comme l’illustration de cet antisémitisme”, a plaidé l’avocat du prévenu, Me Boris Rosenthal, qui a dit “refuser de succomber à la tension” liée au contexte. La violence du Hamas le 7 octobre “n’est pas le sujet aujourd’hui”, a-t-il rappelé.

“Les communautés juives françaises ont peur, on a peur, c’est vrai”, a poursuivi l’avocat, notant lui aussi les actes et les mots antisémites “décuplés” depuis l’attaque du Hamas. Mais il a exhorté le tribunal à ne pas faire du dossier “une affaire sociétale” plutôt que “pénale”. Son client a également été condamné à l’inégibilité pendant trois ans et à effectuer un stage de citoyenneté. Le tribunal ne lui a cependant pas interdit d’exercer sa profession, comme requis par le ministère public.

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