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Politique | Val-de-Marne | 17/04
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Antisémitisme, Ukraine… les fractures qui ont poussé Nadine Herrati à quitter Les Écologistes

Antisémitisme, Ukraine… les fractures qui ont poussé Nadine Herrati à quitter Les Écologistes

La première fois que Nadine Herrati, ex-co-secrétaire départementale des Écologistes du Val-de-Marne, a songé à quitter son parti, c’était en juillet 2023, lors d’un vote interne sur la stratégie contre l’antisémitisme du mouvement, sur laquelle elle travaillait depuis des mois.

Ce mardi 16 avril, celle qui fut militante des Verts, puis d’EELV, puis des Écologistes, depuis douze ans, a annoncé son départ du parti dans les colonnes de l’Express, y dénonçant “l’emprise croissante d’une frange d’ultragauche vociférante chez les verts, qui exerce une forme de terrorisme intellectuel.”

Sollicitée par Citoyens.com, la militante, qui reste maire-adjointe de Gentilly, détaille la montée du malaise. À commencer par celui lié au traitement de l’antisémitisme croissant. Une tendance sociétale qui s’est illustrée, se souvient-elle, “sur certaines pancartes brandies par les gilets jaunes” fin 2018, et qu’elle ressent particulièrement depuis 2020. À l’époque, l’élue, qui a passé une partie de sa vie en Israël et y a toujours de la famille, prend le problème à bras-le-corps. Elle contribue à une motion pour créer un groupe de travail sur ce sujet au sein du parti, afin que les écologistes prennent leur part du rempart.

Un groupe de travail “lutte contre l’antisémitisme”, qu’elle co-anime, est ainsi créé en octobre 2021, via une motion votée à l’unanimité. Objectif : veiller sur le sujet et proposer des prises de position. Depuis, le groupe a travaillé. “Nous avons eu deux grands succès : une journée d’été à Grenoble en 2022, et une journée sur l’antisémitisme à gauche le 24 avril 2023.” Une rencontre organisée au Sénat, à l’invitation du sénateur écologiste Guy Benarroche, en présence d’instances représentatives. “Cette journée a permis de poser les ressorts de l’antisémitisme, comme le conflit israélo-palestinien, et aussi de ne pas réduire l’antisémitisme qu’à la Shoah, en remontant à d’autres ressorts comme l’antisémitisme capitaliste”, poursuit Nadine Herrati.

De quoi nourrir le groupe de travail et proposer une stratégie de lutte contre l’antisémitisme, qui prend la forme d’une motion présentée au conseil fédéral de juillet 2023. “La préparation de la motion en ateliers a été impeccable, mais le texte a entraîné un tollé inattendu”, se souvient l’élue. Finalement, la motion est votée, mais le passage qui concernait le conflit israélo-palestinien et l’autodétermination des peuples palestiniens et israéliens se retrouve complètement “édulcoré”, regrette la militante. “C’est la première fois que j’ai pensé à quitter le parti.”

Voir la motion d’origine
Voir la motion votée

Quelques mois plus tard, l’attaque terroriste du Hamas, suivie d’une réplique massive d’Israël sur l’ensemble de la bande de Gaza, creuse la plaie. “Le 7 octobre a ouvert d’énormes clivages.” Dans ce nouveau contexte, même le féminisme ne fédère plus. “Ce qui m’a révolté, c’est, le 25 novembre, l’exclusion des femmes venues porter la voix des victimes de viol du 7 octobre, lors de la manifestation parisienne contre les violences faites aux femmes. Et, lors de la manifestation du 8 mars, leur exfiltration par les services d’ordre pour les protéger des agressions.”

Des clivages qui n’épargnent pas le mouvement écologiste. “On n’a pas le verrou du PS sur cette question, estime Nadine Herrati. Cette thématique reste dérangeante et le parent pauvre dans notre parti.” Comme si, le parti, pourtant explicitement hostile à l’antisémitisme, manquait de solidité dans sa capacité à porter haut et fort cette position par gros temps, et à soutenir les militants qui le font.

Ce week-end, c’est une autre question géopolitique qui a mis fin à l’engagement partidaire de Nadine Herrati. Cela commence par un tweet, vendredi 12 avril. La militante écologiste partage une brève de RTL, titrée “Guerre en Ukraine : un jeune Français sur deux se dit prêt à s’engager, selon une étude”, faisant référence à une étude d’une centaine de pages du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Irsem). L’article partagé est illustré d’un groupe de jeunes soldats sur un blindé. Dans son post, l’élue commente : “La prise de conscience d’un récit commun progresse dans notre jeunesse. Formidable nouvelle. Une Europe de la défense se présente dorénavant comme une tâche enthousiasmante”.

Rapidement, le post, illustré de la photo de jeunes sur un char d’assaut, déclenche la polémique. “La guerre, “une tâche enthousiasmante”… Mais à quel moment les écolos sont totalement partis en vrille sur ce point ? Tes enfants à toi, t’es prête à les envoyer se faire trouer la peau en Ukraine ? En plus tu l’as même pas lu, le sondage…” lâche ainsi Alan, parmi les quelque 500 commentateurs de son post. “T’as pas HONTE ! 🤮🤮🤮 Mes fils militaires n’iront pas crever en Ukraine !! 😡🤬 #PlusJamaisEELV”, réagit une insoumise. Beaucoup de commentaires invitent l’élue à aller combattre elle-même et s’interrogent sur la position officielle des Ecologistes. Même Jean-Luc Mélenchon poste sa réaction. “Autrefois, les Verts étaient pacifistes. Dorénavant ils sont va-t-en guerre et trouvent le récit guerrier « enthousiasmant ». Sans même se soucier de savoir ce que dit vraiment le sondage de RTL. Si la France était menacée, les jeunes Français sont prêts à s’engager. Pour comprendre la nuance, il faut comprendre combien l’amour de son pays n’est pas forcément la haine de celui des autres !”, sermonne le chef des Insoumis. Un tourbillon de réactions, classique du réseau X, qui ébranle l’élue. “Je voyais simplement dans cette étude le signe que l’on pouvait commencer à travailler à une Europe de la défense”, se défend-elle, regrettant ce “harcèlement”.

Au-delà de la tempête passagère sur les réseaux sociaux, c’est aussi la fermeté du soutien à l’Ukraine qui se retrouve en débat? Un autre sujet de clivage à gauche, avec parfois des positions irréconciliables.

Quel rapport entre cette séquence et son mouvement, lui-même pris à partie sur les réseaux ? Un soutien qui n’a pas été au rendez-vous, estime Nadine Herrati. “On m’a fait comprendre que j’avais peut-être eu des propos maladroits.”

Nadine Herrati reste maire-adjointe

Actuellement maire adjointe et présidente d’un groupe écologiste au conseil municipal, de Gentilly, l’élue entend rester impliquée dans son mandat, en siégeant sans-étiquette.

Quid de l’adhésion à un autre parti politique ? “J’ai eu des sollicitations, mais, pour le moment, je me repose, et je me recompose.”

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