Élections | Seine-Saint-Denis | 09/07
Réagir Par

Au lendemain des législatives anticipées, la gauche déchirée en Seine-Saint-Denis

Au lendemain des législatives anticipées, la gauche déchirée en Seine-Saint-Denis © CH

Si la gauche est parvenue à conserver les 12 circonscriptions de la Seine-Saint-Denis, elle sort des élections législatives divisée. Le député insoumis dissident Alexis Corbière, réélu au 2d tour, a ainsi appelé à revoir radicalement les méthodes du Nouveau Front populaire. Clémentine Autain, qui a soutenu les candidats “purgés“, a, quant à elle, fait savoir qu’elle ne siégerait pas dans le groupe LFI à l’Assemblée nationale.

En juin 2022, les douze députés insoumis nouvellement élus, sous la bannière de la Nupes, s’étaient affichés au pied de la préfecture de la Seine-Saint-Denis, à Bobigny. Sur la photo de ce “grand strike“, comme l’avait appelé Raquel Garrido, sourires et “V” de victoire étaient de rigueur. Au lendemain du 2d tour, ce dimanche, il n’y aura pas de photo. Pourtant, la gauche a réédité la performance en conservant les 12 circonscriptions du département.

La France insoumise a beaucoup de mal à supporter que tout le monde ne soit pas au cordeau, caporalisé

Malgré la formation express du Nouveau Front populaire (NFP) et la victoire, ces élections législatives inattendues ont, de fait, été émaillés de déchirements. À commencer par la “purge” des deux députés sortants (LFI) de la 5ème circonscription (Bobigny, Le Bourget, Drancy) et de la 7ème (Bagnolet-Montreuil), Raquel Garrido et Alexis Corbière. LFI les a écartés à la faveur, respectivement, d’Aly Diouara et de Sabrina Ali-Benali. Le premier a été élu, mais pas la seconde.

Lire : Législatives anticipées en Seine-Saint-Denis : Raquel Garrido et Alexis Corbière écartés par LFI

Purge“, l’expression de Raquel Garrido, qui a fini par se désister pour faire barrage à Aude Lagarde, la maire (UDI) de Drancy, a été reprise par Clémentine Autain, réélue au premier tour, venue la soutenir, ainsi qu’Alexis Corbière et Danielle Simonnet (également écartée à Paris 20ème) lors d’une conférence de presse de la rupture. Dès l’annonce des résultats du 2d tour, la députée de la 11ème circonscription (Sevran, Tremblay-en-France, Villepinte) a d’ailleurs pris ses distances avec LFI. “J’ai bien entendu (…) Jean-Luc Mélenchon (…) a parlé de de 19 députés élus au premier tour pour la France insoumise. Il y en a eu, si l’on me compte, 20. Donc j’ai bien compris que je ne faisais plus partie du groupe. (….) Le problème est réglé, je ne ferai pas partie de ce groupe là. Aussi parce que, il faut le dire, il y a eu des désaccords, que la France insoumise a beaucoup de mal à supporter que tout le monde ne soit pas au cordeau, caporalisé. Et que par ailleurs, mes camarades qui ce soir ont gagné (…) qui étaient ce que l’on a appelé les purgés, ont gagné. Moi, je resterai avec mes camarades. Je pense qu’il faut trouver une solution pour sortir des guerres fratricides“, a-t-elle pointé sur LCI.

Ce n’est pas une purge

Nous avons désinvesti des gens. Ce n’est pas une purge“, défend pourtant ce matin su BFM TV Mathilde Panot, députée (LFI-NPF) réélue dans la 10ème circonscription du Val-de-Marne. “Lorsque vous avez des personnes qui ne souhaitent pas siéger dans votre groupe politique, qui sont dans nos meilleures circonscriptions de France, je crois qu’il est normal qu’on investisse des gens qui siégeront dans votre groupe.”

Inquiétante Mathilde Panot“, réagit sur X Raquel Garrido. “La purge a eu lieu dans le dos des militants insoumis de nos circonscriptions dont l’engagement et la volonté ont été totalement piétinées. Il s’agit d’une décision unilatérale imposée par JLM pour une seule raison : « le crime de lèse-Mélenchon ». La purge est fondée après-coup sur un énorme mensonge qui, pour être répété mille fois, n’en devient pas une vérité. Nous n’avions aucun plan de rejoindre un autre groupe parlementaire. Notre démarche était transparente et constante : être un trait d’union au sein de la gauche et des écologistes en vue de contrer la ligne sectaire des mélenchonistes. Cela a marché. Il faut dire merci ! Aujourd’hui, nous plaidons pour un grand groupe qui dépasse les logiques de boutiques partisanes. J’ai bon espoir que nous y arrivions. C’est vraiment dommage que le noyau dur mélenchoniste n’écoute pas le message des urnes : de la Somme à la Seine-Saint-Denis, il y a un refus total des méthodes brutales de ce petit clan en déclin“, fustige l’ancienne députée de la 5ème circonscription.

Lire : Législatives 2024 en Seine-Saint-Denis : Raquel Garrido jette l’éponge et solde ses comptes

Un Front populaire “démocratique

De son côté, Alexis Corbière, a appelé à tirer les “enseignements de ce pour quoi la Nupes a chuté“. Il s’est positionné en faveur d’un Front populaire “démocratique“. “Le Front populaire, s’il veut continuer d’exister, il doit tolérer toutes ces discussions et les respecter. [Il] n’appartient pas à une des formations, à une des personnalités, fussent-elles pleines de talent“, a-t-il signalé, dans une salle des fêtes comble de la mairie de Montreuil, aux côtés de sa colistière (PCF) Haby Ka. Il avait, par ailleurs, bénéficié du soutien entre les deux tours de Stéphane Peu, le député (PCF-NFP) réélu dès le premier tour avec 71,80 % des voix dans 2ème circonscription (Pierrefitte, Saint-Denis Nord-Est, Villetaneuse). “Je pratique le pardon des offenses. Le pire a été dit, je l’ai déjà oublié. Nous devons nous rasssembler (…) unité face à l’extrême droite“, a toutefois fait savoir Alexis Corbière, en signe d’apaisement.

Plainte à Bagnolet

Reste que, dans la 7ème circonscription, la campagne a été rude et la division de la gauche a laissé des traces. “Les méthodes utilisées par certains adversaires déshonorent le débat public et la classe politique toute entière. Il faut en finir avec cette brutalisation permanente du débat public (…)”, a déploré hier par communiqué le maire (PS) de Bagnolet, Tony di Martino. L’édile témoigne son soutien aux militants “brutalisés“, signalant qu’une plainte a été déposée après que Cédric Pape, son premier adjoint, ait été “molesté par des colleurs d’affiches de la candidate concurrente d’Alexis Corbière.”

Dans la 4ème circonscription (Le Blanc-Mesnil, La Courneuve, Dugny, Stains), Mohamed Awad, candidat LFI dissident du NFP, a adressé ses “vœux de réussite à Soumya Bourouaha“, la députée sortante (PCF-NPF) qui a été élue avec près de 60% des voix. Son investiture avait été la réponse de LFI à la candidature d’Abdel Sadi, comme suppléant, aux côtés de Raquel Garrido et au maintien de celle d’Alexis Corbière. Mais, Mohamed Awad accompagne ce message d’apaisement, de ce qui semble déjà être la promesse d’une confrontation future : “Au niveau local, nous faisons irruption dans un paysage politique sclérosé. Plus rien ne sera comme avant“, écrit-il ainsi sur son compte Facebook.

Lire aussi : Législatives 2024 : les 12 députés élus en Seine-Saint-Denis

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Aucun commentaire

    N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

    Ajouter une photo
    Ajouter une photo

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    Vous chargez l'article suivant