Logements | | 01/03
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Au Pré-Saint-Gervais, la perte d’un millier d’habitants anime le débat politique

Au Pré-Saint-Gervais, la perte d’un millier d’habitants anime le débat politique

Alors que la majorité des villes de Seine-Saint-Denis gagnent en population, celle du Pré-Saint-Gervais décroit. En dix ans, la commune a perdu 1 000 habitants. Une chute démographique qui s’est invitée, jeudi soir au conseil municipal, dans le débat d’orientation budgétaire.

Depuis dix ans, nous entendons que tout va bien, mais les chiffres nous montre une autre réalité. Une perte de 1000 habitants. Comment expliquer cette érosion démographique dans un contexte où la construction continue, comme si le défi n’était pas de retenir ses habitants, mais de les remplacer ?“, interroge Cédric Guilloux, élu d’opposition (SE) du groupe Alternative gervaisienne.

De fait, les derniers chiffres de la population municipale publiés par l’Insee établissent une chute de la population du Pré-Saint-Gervais. Rien qu’entre 2023 et 2024, la commune a perdu 425 habitants. Une “anomalie” pour l’opposition pour qui, non seulement le Pré-Saint-Gervais ne retient pas ses habitants, mais elle n’en attire pas non plus. Ce, alors que la commune est celle de la petite couronne qui est la plus proche de centre de Paris.

On est devenu une ville très gentrifiée

Cette dynamique démographique n’est pas sans conséquences sur les finances de la ville qui anticipe d’ailleurs une baisse des dotations de l’État en 2024. “La population qui progresse le plus, ce sont les seniors. On devient la ville de Seine-Saint-Denis qui a la proportion de seniors la plus élevée dans un territoire qui est très jeune“, remarque Laurent Guardiola du groupe Alternative gervaisienne. Sociologiquement, la ville a aussi changé, selon lui, avec plus de départs d’employés et d’ouvriers. “Parce que tout ce que vous construisez est très cher. On est devenu une ville très gentrifiée, beaucoup plus que celle des autres villes voisines“, critique l’élu.

Et l’opposant d’enchaîner sur les orientations budgétaires. “Ce soir, on nous annonce qu’on va avoir recours à un nouvel emprunt de 2,5 millions d’euros sur 20 ans. Pour financer quels projets ? Et l’année prochaine, c’est potentiellement 6 millions d’euros de plus. Pour faire quoi ?“, questionne Cédric Guilloux.

Logement trop cher

Dans une ville parmi les plus densément peuplées de France avec plus de 25 000 habitants au km², la question du logement n’est pas nouvelle. À la faveur d’un projet immobilier porté par l’actuelle majorité sur la friche Busso, elle figurait même au cœur des élections municipales partielles de 2021.

Lire : Le Pré-Saint-Gervais : polémique sur l’aménagement de l’ancienne usine Busso

Comme Pantin, le Pré n’échappe pas à une forme de gentrification. Malheureusement, on a assez peu de moyens pour s’y opposer puisqu’on se heurte à chaque fois au droit de propriété“, réagit Tristan Martin-Téodorczyk, adjoint au maire en charge du logement. “On a certes beaucoup de logements sociaux, mais de petite taille“, rappelle par ailleurs l’élu. De fait, plus d’une habitation sur deux dans la commune est un logement social.

Pour Tristan Martin-Téodorczyk, la baisse de population s’explique par “le faible dynamisme des parcours résidentiels“, avec une plus grande difficulté d’accès au logement privé du fait de loyers trop élevés. “Le taux de rotation dans les logements sociaux n’a jamais été aussi bas parce qu’on ne construit pas assez. Heureusement, on construit le projet Busso auquel malheureusement, vous vous opposez“, tacle l’élu.

L’histoire du Pré et les expériences des villes aux alentours aussi, nous montre que quand la ville a gagné des habitants, c’est quand elle a construit. Avec la Cité jardin, par exemple, il y presqu’un siècle, elle a gagné 1000 habitants. Entre 1975 et 1982, la population de la ville a baissé et elle s’est remise à augmenter quand la ville a construit la Zac du centre-ville et le quartier Babylone. Il n’y a pas de mystère : il faut accepter de construire du logement si l’on veut que la ville conserve, voire augmente sa population“, abonde Jean-Marc Robinet, adjoint à la culture. “Sauf qu’au Pré, il n’y a pas vraiment de foncier pour le faire. Le coût de l’immobilier aujourd’hui fait qu’un certain nombre de familles, notamment celles qui ont des enfants, sont obligées de quitter le territoire“, ajoute-t-il.

Il y a une difficulté que personne n’arrive à résoudre : on construit, mais il y a moins d’habitants“, observe, de son côté Stéphane Commun, l’adjoint aux finances de la commune, citant en contre-exemple, le cas de Romainville où la population est passée de 23 000 à 40 000 habitants. “Ici, lorsqu’on construit 20 logements, on a l’impression qu’on est le plus grand bétonneur du monde“, glisse-t-il.

Lire aussi : Population 2024 en Seine-Saint-Denis, ville par ville

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