Avec sa capacité d’accueil de 1 000 places et ses 500 tribunes, le nouveau centre aquatique Camille Muffat inauguré mercredi servira pour les compétitions, mais surtout pour l’apprentissage de la nation des enfants d’Aubervilliers et de Pantin.
C’est sous le regard de Laurence et Guy Muffat que la nouvelle piscine d’Aubervilliers a ouvert ses portes ce mercredi aux habitants, après avoir servi de site d’entraînement pour le water-polo durant les jeux olympiques. “C’est émouvant, c’est un honneur parce que Camille est partie il y a presque dix ans. Elle avait la volonté de faire du haut niveau, ce qui n’est pas forcément évident. Son parcours montre que tout est possible, avec du travail. J’espère que c’est que verront les enfants et les adultes qui viendront s’entrainer ou simplement pour le plaisir“, commente la maman de la championne de natation, décédée à seulement 26 ans en 2015 dans un accident d’hélicoptère.
Hommage à une championne olympique
Que la commune, ait choisi ce nom, ne doit rien au hasard : Camille Muffat est l’une des deux seules nageuses françaises à avoir remporté trois médailles aux Jeux olympiques (or, argent et bronze, à Londres en 2012). “C’est un très beau message d’espoir pour nous, parce que c’était une sportive qui est arrivée au plus haut niveau et en même temps, c’est très touchant parce qu’on se demande ce qu’elle ferait aujourd’hui. Maintenant, cette super piscine porte son nom“, observe Chaharazed et Kaaviya, qui ont participé au portrait d’écriture réalisé en hommage à Camille Muffat, avec 23 autres camarades du conseil local des jeunes d’Aubervilliers.
Une piscine de 1 000 places
Avec sa charpente en bois à la sortie du métro Fort d’Aubervilliers sur la ligne 7, le nouveau centre aquatique est immanquable. “C’est l’héritage des JO qui se concrétise. Cette piscine est d’abord un bel ouvrage pour Aubervilliers qui mérite aussi avoir du beau. Ce sont les sportifs, mais aussi tous les élèves et toutes les familles qui vont pouvoir en profiter. Le savoir nager c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous sommes très heureux d’ouvrir cette nouvelle infrastructure. C’est un combat que j’avais aussi lorsque j’étais cheffe d’établissement et qu’il faut poursuivre parce qu’il n’est pas normal qu’en Seine-Saint-Denis il y ait encore plus d’un élève sur deux qui ne sache pas nager“, a insisté Karine Franclet, la maire (UDI) d’Aubervilliers.
De fait, la piscine Marlène Peratou était trop petite pour la commune de 90 000 habitants, avec sa capacité maximale de 625 usagers. La piscine Camille Muffat apporte 1 000 places supplémentaires dont les élèves des écoles de Pantin pourront aussi bénéficier. “Il y a eu ici pendant de longues années un parking de mécanique sauvage“, rappelle, de son côté, Geoffrey Carvalhinho, conseiller régional d’Île-de-France et élu d’opposition pantinois, qui pointe la transformation du quartier à cheval entre les deux villes, avec la réouverture prochaine du Fort d’Aubervilliers et dans quelques années d’une gare de la ligne 15 Est du Grand Paris Express.
“L’héritage des jeux est tenu“
Construite en deux ans, la piscine représente un investissement total d’environ 30 millions d’euros, dont 19,9 millions d’euros de la ville d’Aubervilliers, maitrise d’ouvrage, 10 millions d’euros de la Solideo, 5,6 millions du département, 4 millions d’euros de la Métropole du Grand Paris, 3 millions de l’État et 1,5 million de la région Ile-de-France. Doté d’un mur rabattable et d’un fond mobile, le bassin olympique principal de 50 mètres de long par 25 mètres de large, peut être divisé en deux. À côté, un autre bassin polyvalent de 25 par 15 mètres est destiné aux plus jeunes. “Après les jeux, c’est encore les jeux. Tous ceux qui nous avaient expliqué avant que nous n’avions que des promesses à la bouche et que pour les habitants il ne se passera rien, ce rendez-vous comme les est encore la preuve que l’héritage des jeux est tenu“, pointe Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.
“Ce centre aquatique est la réponse à un besoin“, souligne quant à lui Yann Krysinski, nouveau directeur général exécutif de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) qui rappelle que sur les 64 ouvrages livrés par cette dernière, neuf sont dédiés à la natation ou au sport aquatique, cinq piscines en Seine-Saint-Denis. “Notre ambition a été à chaque fois de penser des projets durables et surtout d’anticiper la phase d’exploitation, avec des solutions pour minimiser la consommation d’énergie et d’eau“, poursuit-il. 53% des besoins en énergie sont ainsi couverts par le raccordement au réseau de chaleur géothermique. La toiture végétalisée permet de retenir les eaux de pluie et de maximiser l’isolation thermique. Un système permet par ailleurs de réutiliser les eaux non potable des sanitaires.
La piscine a aussi soigné l’accès aux personnes porteuses de handicap, avec notamment un local pour chien-guide, une ligne guide tactile au sol, des patères à double hauteur.
Les “jadistes” veulent la remise en état des parcelles
Malgré l’enthousiasme général, quelques jadistes sont venus déployer en début une banderole pour rappeler les parcelles “détruites, pour rien, doivent être remises en état“. En mars 2022, la cour administrative d’appel de Paris avait donné raison aux défenseurs des Jardins ouvriers des vertus d’Aubervilliers, estimant la construction d’un solarium à côté de la nouvelle piscine illégale. Si le projet a été abandonné, la parcelle de 4 000 mètres carrés qui devait accueillir cet équipement et les 19 jardins ont été détruits. Dans sa décision, la cour administrative demande à la mairie d’Aubervilliers de “remettre en état” la parcelle.
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