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Justice | Seine-Saint-Denis | 27/04
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Aux assises de Seine-Saint-Denis, la douleur des proches d’Aman, victime collatérale d’une rivalité

Aux assises de Seine-Saint-Denis, la douleur des proches d’Aman, victime collatérale d’une rivalité

Chacun leur tour, les copains de la bande vont piocher dans leurs douloureux souvenirs pour décrire, vendredi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, cette nuit où leur “frère” Aman, 16 ans, a perdu la vie, victime fortuite de rivalités de cités.



Après avoir dîné au restaurant, le 6 juin 2020, Aman, son cousin Rayan, Emmanuel et Richecard iront déguster leur glace au “synthé”, terrain synthétique d’Orgemont à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
La cité est en conflit ouvert avec sa voisine des Raguenets à Saint-Gratien (Val-d’Oise), séparées de moins de deux kilomètres, sans que personne ne sache vraiment l’origine de la querelle.
Cette nuit-là, l’ambiance est bon enfant, “on rigolait comme d’habitude, puis il y a eu le drame”, raconte Rayan M., à la barre.
Un jeune homme sort d’une Renault Clio blanche et fait feu à deux reprises en direction du groupe.
Rayan pense d’abord à “un bruit de pétard”. “Je cours (…) J’ai fait demi-tour quand je vois qu’Aman n’est pas là, je vois qu’il est allongé sur le trottoir”, se remémore son cousin germain.
Touchée à la tête et au thorax, la victime décède sur place d’une hémorragie interne sous les yeux de ses amis.
“Quand Aman est parti, une partie de moi est partie”, confie son cousin. Sa peine est indicible. Ils étaient inséparables.
Contre l’avis de son club, ce footballeur professionnel, âgé de 21 ans, a tenu à faire le déplacement à Bobigny pour “témoigner”, quitte à se “faire licencier”. Toute la bande de copains est présente, rare dans un procès de rivalités interquartiers où la loi du silence est d’usage.
“Même après le drame, je n’y croyais pas, je lui ai envoyé un message”, explique ce grand sportif longiligne.

Famille brisée

“Ça me hante tous les jours. Je pense que je ne pourrai pas faire le deuil, j’apprends juste à vivre avec”, poursuit le jeune homme. “Il n’y a aucune personne sur cette terre qui a un quart de sa gentillesse. C’était un ange.”
Ce crime a “brisé” cette famille comorienne soudée, “tuée de l’intérieur”, détaille Rayan. Sa mère et celle d’Aman ont coupé les ponts. Présentes dans la salle d’audience, elles ont toutes deux étouffé des sanglots.
Tout comme Richecard, qui doit s’y reprendre à plusieurs fois pour décrire son “frère”, “gentil, souriant, blagueur”.
Des qualificatifs qui reviendront tout au long de l’audience. Pour les amis d’Aman, cette affaire est “irréelle”.
Se remémorer la scène de crime est “traumatisant”, explique l’un d’entre-eux qui s’exprime en visioconférence depuis le sud de la France où il évolue dans un club de football.
L’enquête va démontrer qu’Aman se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, pris au piège d’une brouille futile entre cités. Lui habite dans le centre-ville d’Epinay-sur-Seine.
Le conducteur de la Clio, originaire des Raguenets, avait justifié sa descente à Orgemont car la vitre de sa voiture avait été cassée par des jeunes du quartier ennemi la veille.
Contre toute attente, le passager du véhicule, Abass S., a reconnu mardi être l’auteur des tirs qui ont provoqué la mort d’Aman, après avoir nié les faits pendant plus de trois ans.
Seul à comparaître détenu dans cette affaire, il risque trente ans de réclusion criminelle.
“Je ne te demande pas de me pardonner mais de ne pas baisser les bras”, a-t-il lancé au cousin d’Aman.
Trois autres jeunes hommes sont jugés pour complicité de meurtre.
Au “synthé”, lieu du drame, une fresque porte le nom de la jeune victime.
Le verdict est prévu le 10 mai.

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