Santé | | 05/01
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Bien manger pour mieux lutter contre le cancer : repas de chef à Gustave Roussy Villejuif

Bien manger pour mieux lutter contre le cancer : repas de chef à Gustave Roussy Villejuif © Guillermo Muro

Bien manger et hôpital vont rarement ensemble. Et pourtant, le plaisir gustatif est nécessaire pour conserver l’envie de manger lorsqu’on est affaibli et écœuré par les traitements. Pour stimuler les papilles, l’Institut Gustave Roussy de Villejuif expérimente de nouveau les plats de chefs étoilés auprès de quelques patients.

“La capacité du corps à supporter un traitement dépend beaucoup de la masse musculaire, et donc de l’état nutritionnel”, motive Bruno Raynard, chef du service nutrition de l’Institut Gustave Roussy, important centre de lutte contre le cancer.

Dans ce contexte, l’hôpital mène régulièrement des initiatives pour améliorer l’ordinaire. En décembre, a ainsi été inauguré le programme culinaire “Repas toqué”. Celui-ci consiste à proposer deux fois par mois des plats cuisinés par un chef étoilé à une quarantaine d’enfants et d’adolescents malades du cancer, pour stimuler leur appétit. 

Lire aussi : Des petits plats de chef étoilé pour mieux lutter contre le cancer à l’IGR de Villejuif

“On a d’abord séjourné dans un hôpital où ils ont servi de la langue de bœuf aux enfants. Ce n’est pas possible!”, témoigne Élisabeth, mère d’une fille de 13 ans sous chimiothérapie à Gustave Roussy, qui salue l’initiative. 

“La chimiothérapie induit une sensibilité aux odeurs, modifie le goût. Les enfants, surtout les adolescents, disent souvent avoir l’impression de manger du carton”, détaille le Dr Christelle Dufour, cheffe du département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent à Gustave Roussy. 

Ces “Repas toqués” vont “améliorer tous les sens”, assure-t-elle. “D’abord la vue, grâce une jolie assiette. Ensuite l’odorat, via une odeur différente des plateaux habituels, et puis bien sûr le goût”.

L’hôpital Saint-Louis à Paris (AP-HP) a été le premier à lancer ce programme en 2018, à l’initiative de l’association “Princesse Margot” qui accompagne les jeunes patients atteints d’un cancer.

Les repas à l’hôpital sont un sujet qui “revient régulièrement chez les patients et leurs familles”, qui jugent peu appétissants les plateaux servis, déclare la présidente de cette association, Muriel Hattab. Or “bien manger, c’est important aussi pour le moral: ça peut améliorer l’humeur et permettre un état combatif face à la maladie”.

Le bien manger à l’hôpital : un enjeu de santé publique

Selon des enquêtes nationales de satisfaction organisées par la Haute Autorité de Santé (HAS), quelque 58% des patients à l’hôpital sont satisfaits de leur plateau repas. 

Le député LREM du Val-de-Marne Frédéric Descrozaille avait pour sa part expérimenté un projet nommé “Repas à l’Hôpital” de 2018 à 2021, avec le soutien du ministère de la Santé, dans trois établissements : l’AP-HP Paris Centre, le centre hospitalier de Paray-Le-Monial (Saône-et-Loire) et celui de Douai (Nord).

Le but était d’améliorer la satisfaction des patients vis-à-vis des plateaux repas, et de respecter les recommandations de la loi EGalim, qui demande d’intégrer dans la restauration collective 50% d’achats de produits de qualité et durables, dont au minimum 20% de produits bio.

“Le repas est partie intégrante de l’offre de soin. C’est pourquoi la signature du projet est -Mangez mieux, guérissez plus vite-“, explique le député. “Je voulais prouver que sans une ligne de budget en plus, sans un article de loi supplémentaire, EGalim pouvait être appliquée à l’hôpital simplement par le renouvellement de l’offre alimentaire”.

Au terme de l’expérimentation, “la satisfaction des patients a augmenté de 30% et le gaspillage alimentaire réduit aussi jusqu’à 30%, soit un gain moyen de 27 centimes par plateau”, précise Marie-Cécile Rollin, directrice de Restau’Co, le réseau interprofessionnel de la restauration collective, qui a mené le projet.

Ses promoteurs attendent maintenant que le ministère de la Santé étende l’expérimentation à d’autres établissements. Car pour l’heure, ces initiatives sont loin d’être généralisées, et concernent rarement l’ensemble des patients.

Les hôpitaux français consacrent 1 à 2% de leur budget à l’alimentation, selon le Conseil national de l’alimentation, une instance consultative indépendante placée auprès des ministres chargés de l’Agriculture, la Santé, l’Environnement ou encore la Consommation.

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