Des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à quatre ans dont 18 mois ferme ont été requises mercredi à Paris à l’encontre des membres d’un réseau présumé de blanchiment de trafic de stupéfiants qui avait pour “plaque tournante” les grossistes en textile d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
Le ministère public a également demandé l’interdiction de gérer une entreprise pour les patrons de ces sociétés d’import-export installées au Centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa), essentiellement des grossistes en prêt-à-porter d’origine chinoise.
“Cette affaire emblématique a mis en lumière les liens entre le trafic de stupéfiants et le blanchiment (d’argent) dans le milieu du textile”, a expliqué la procureure Clémence Girard. Celle-ci a toutefois écarté les qualifications de blanchiment de trafic de stupéfiants, estimant que ces prévenus ne pouvaient pas forcément savoir d’où provenait l’argent liquide qu’ils ont contribué à blanchir.
En revanche, le Cifa a été “le support utile au blanchiment, puisqu’il génère beaucoup de cash”, a-t-elle poursuivi. “Les espèces générées au sein du Cifa vont attirer la criminalité organisée liée au trafic de stupéfiant”, appâtée par la possibilité de voir son revenu “blanchi et réinjecté dans l’économie légale”.
21 personnes et 8 sociétés jugées
Dans ce dossier qui remonte aux années 2014-2015, 21 personnes et huit sociétés comparaissent depuis début mars devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs, des faits passibles de dix ans de prison.
Les prévenus du “Sentier chinois”, souvent originaires de la même province du Zhejiang, près de Shanghai, ont tous nié un lien entre leur activité et le blanchiment de trafic de stupéfiants. En revanche, ils ont pour l’essentiel reconnu des faits de fraude fiscale.
En fonction de leur “niveau d’implication” dans cette “plaque tournante du blanchiment international”, le ministère public a demandé des peines allant de quatre mois avec sursis, pour le gérant d’une société “satellite”, à trois ans de prison dont 18 mois ferme pour le gérant de l’entreprise la plus impliquée, par laquelle l’affaire avait éclaté en 2015.
Le ministère public a par ailleurs requis des peines de trois ans d’emprisonnement dont 10 mois avec sursis et quatre ans dont 18 mois ferme, cette fois pour blanchiment de trafic de stupéfiants, à l’encontre de deux transporteurs d’argent liquide marocains accusés d’être en lien avec les trafiquants de drogue.
La relaxe a été demandée pour un grossiste.
Mécanisme de compensation
Enfin, pour cinq intermédiaires ayant participé dans ce dossier au mécanisme de “compensation”, qui consiste à échanger de l’argent liquide contre des virements bancaires (souvent vers la Chine), les procureurs ont requis des peines allant de deux ans de sursis à quatre ans d’emprisonnement dont un ferme.
“On est face à un écosystème où chacun a un intérêt”, une commission étant retranchée à chaque étape, a résumé Alexis Liberge, autre représentant du ministère public.
L’enquête a mis au jour un système complexe et truffé d’intermédiaires pour blanchir le fruit d’un trafic de résine de cannabis importée du Maroc, via l’Espagne.
Le procès est prévu jusqu’au 29 mars.
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