Démarche boitillante, cheveux grisonnants, rides marquées… Lorsque A. avance laborieusement avec ses béquilles jusqu’au box des accusés, rien ne laisse présager de ses accès de violence. Ce vendredi 9 février, le prévenu, atteint de sclérose en plaques, a pourtant comparu au tribunal judiciaire de Créteil pour avoir brutalisé sa compagne, elle-même handicapée.
Dans la journée du 20 décembre, le sexagénaire a été interpellé en état d’ébriété à Boissy-Saint-Léger après avoir roué de coups L, avec qui il vit depuis mars 2022, comme lui originaire de Moldavie.
“Il devient violent lorsqu’il boit“
En situation de handicap, cette dernière affirme avoir été poussée avec son fauteuil roulant sur la voie publique. “Il s’est énervé car il ne voulait pas me laisser aller à la pharmacie“, murmure craintivement la compagne à son interprète, emmitouflée dans sa longue doudoune beige. “Il devient violent lorsqu’il boit. J’ai peur de rester avec lui“.
Malgré l’interdiction de paraître au domicile et son placement sous contrôle judiciaire, A. est retourné chez lui le 31 décembre, date à laquelle il a de nouveau agressé la victime. Pointant sur elle une lame de cutter, l’homme, sous l’emprise de l’alcool, l’a menacé de lui couper la langue. De quoi traumatiser L qui dort mal et a perdu l’appétit.
“Il a dit qu’il allait tous nous mettre dans un cercueil“
Écoutant attentivement les retranscriptions de son interprète, l’accusé nie en bloc les accusations dont il fait l’objet. “Beaucoup de choses se sont passées entre L et moi, mais je ne l’ai jamais frappé”, affirme-t-il avec aplomb, dans sa langue maternelle.
“Ce n’est pas ce que démontre le rapport de police !”, rétorque le président, rappelant la présence de “traces rougeâtres” sur les joues de la victime. “Vous souvenez-vous l’avoir frappé ?“, poursuit le président. “Non. Je ne l’ai pas touché. Pas même avec un seul doigt !”
L. n’est pas la seule victime. Le garçon de huit ans, résidant au domicile du couple, a aussi mentionné à la police avoir été frappé à plusieurs reprises, notamment à l’œil par un jet de cuillère, et avoir reçu des menaces. “Il a dit qu’il allait tous nous mettre dans un cercueil.”
La spirale de l’alcoolisme
Lorsqu’il s’installe en France en 2004, A est ouvrier dans le bâtiment. Mais sa santé se détériore. Contraint d’arrêter toutes activités professionnelles, il sombre dans l’alcool.
“Quand allez-vous arrêter de boire ?”, demande le président. A indique avoir arrêté depuis sa dernière interpellation, en janvier dernier.
Avant le jugement, la procureure requiert deux ans d’emprisonnement à son encontre, dont un an avec sursis. “Ce qui m’inquiète est que Monsieur ne prend aucune responsabilité“, relève-t-elle.
Si une expertise psychiatrique note un début de trouble neuro-psychique, causé par l’alcool, elle a conclu que celui-ci est sans conséquences sur ses actes. Il est donc pénalement responsable.
Quatre mois de prison ferme
Au terme de l’audience, A sera condamné à un an de prison, dont huit mois avec sursis. Ayant écopé d’un sursis probatoire renforcé, l’homme ne pourra plus revenir en Ile-de-France pendant trois ans. Lors de cette période, il devra par ailleurs être suivi en psychiatrie et se faire aider pour arrêter l’alcool.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.