Qui dirige le prestigieux Lawn Tennis de Saint-Mandé (LTSM) ? Depuis quelques mois, le club traverse une violente crise de gouvernance. Ce jeudi 8 février, une assemblée générale a élu un nouveau comité directeur et un nouveau président. Son prédécesseur, élu en novembre, conteste. Ambiance.
Au Lawn Tennis de Saint-Mandé, les présidents défilent. Sept se sont succédé depuis 2018 ! Le club de tennis centenaire, fort de 870 adhérents, affronte une tempête inédite. Jeudi 8 février au soir, l’assemblée générale extraordinaire convoquée par des adhérents pour élire un nouveau comité directeur n’a pas calmé le jeu. “Je suis venu juste avant que ça ne démarre pour avertir les membres présents de l’illégalité de cette assemblée générale et les prévenir que les décisions seraient nulles et non avenues“, fustige Ulysse Florentin (photo de une), président revendiqué du LTSM, hué par une partie de l’assemblée tandis que d’autres participants tentaient une médiation sans succès.
Le président parti, la réunion a commencé. “Il devait y avoir une grosse centaine de participants, avec des dizaines de pouvoirs donnés par d’autres adhérents. Le président de la ligue de tennis du Val-de-Marne était également présent. Un groupe de neuf adhérents a été élu et, parmi eux, un président, Olivier Guilhot“, explique un participant. “C’était une assemblée pirate, dénonce Ulysse Florentin. Nous demandons à la ligue d’être rétablis dans nos droits. La direction demeure la même depuis novembre 2023“, insiste-t-il, annonçant un recours administratif.
Un premier président évincé
Comment en est-on arrivé là ? C’est en décembre 2022 que le jeune homme de 27 ans rejoint le comité directeur. Rapidement, il en conteste des décisions et dénonce, par exemple, la mise à l’écart d’un gestionnaire ou la densification des cours de tennis au détriment de créneaux dédiés aux matchs. “Nous avons beaucoup de joueurs qui nous quittent pour Vincennes où il y a une vingtaine de courts”, justifie-t-il. Il s’interroge aussi sur un chantier à 150 000 euros programmé pour remettre le restaurant du club house à neuf. “La femme d’un des membres a été mandatée sans appel d’offre pour une prestation d’architecte chiffrée à 10 % du projet”, affirme le dirigeant associatif. Il désapprouve encore le projet de promouvoir Thierry Gouré, alors directeur sportif, aux fonctions de directeur général. “Il n’aurait plus eu de comptes à rendre à personne, alors qu’il n’en faisait déjà qu’à sa tête. Et puis, cette fonction n’a pas de sens dans un club avec quatre salariés.”
En septembre 2023, suite à plusieurs démissions, il n’y a plus que cinq membres au comité directeur. Une assemblée générale extraordinaire se réunit donc pour compléter les sièges vacants. Ulysse Florentin fait alors entrer six fidèles. Le président, Fabrice Oterelo, se retrouve ainsi en minorité. Ses jours sont comptés. Le 16 novembre, Ulysse Florentin fait voter au comité directeur la révocation du président et se fait élire à sa place.
Un licenciement qui ne passe pas
Peu après sa prise de fonction, début décembre, il enclenche une procédure de licenciement contre Thierry Gouré. “Tous les ans, il augmentait ses horaires dévolus à la gestion, au point qu’il a fallu faire appel à un entraîneur supplémentaire. Il préparait des plannings contraires au droit du travail, avec parfois jusqu’à 13 heures de cours par jour pour un entraîneur. Je lui reprochais aussi son insubordination”, motive Ulysse Florentin qui nomme à sa place un autre directeur sportif.
“Je travaillais depuis 11 ans au club et la direction m’a proposé en juin une évolution professionnelle pour sortir de l’entraînement et me consacrer davantage à la gestion. Suite à ce putsch, ils m’ont coupé la tête. Ils m’ont mis dehors avant les fêtes de Noël. Je n’ai plus rien”, regrette auprès de 94 Citoyens l’ancien tennisman de haut niveau. “D’expérience, c’est souvent dans les clubs qui ont de l’argent que ça se passe mal”, ajoute-t-il.
Au sein du club, la décision scandalise. Thierry Gouré est apprécié de nombreux adhérents à qui il donne des cours. Un groupe Whatsapp, réunissant presque 200 personnes, se crée pour le soutenir, appelant à une nouvelle présidence. Une pétition de soutien est également lancée.
De son côté, Thierry Gouré conteste son licenciement aux prud’hommes. Ulysse Florentin, lui, dépose plainte pour harcèlement, indiquant que peu de temps avant l’entretien préalable au licenciement du cadre, trois opposants du comité directeur sont venus lui mettre la pression.
Le 18 janvier dernier, lors d’une assemblée générale ordinaire, le vent tourne cette fois contre Ulysse Florentin et son secrétaire général. Ces derniers closent la séance “sous le contrôle d’un huissier” précise Ulysse Florentin. Pourtant, les débats se poursuivent. Les participants actent la démission de six administrateurs et révoquent le président et trois de ses fidèles. Deux adhérents cosignent un procès-verbal convoquant une assemblée générale extraordinaire ce jeudi 8 février pour élire un nouveau comité directeur. “C’est une assemblée pirate. Ils préparent un putsch“, dénonce alors Ulysse Florentin qui reproche aussi au Comité Val-de-Marne de tennis d’avoir validé “un faux PV” alors qu’il avait levé la séance. “Dès ma prise de fonction en septembre, ils ont refusé de m’accorder les accès au logiciel permettant de communiquer avec les adhérents“, ajoute-t-il.
Anthony Dagnaud, président du comité départemental du tennis en Val-de-Marne, dément. “Comme je l’ai exposé dans de mon discours lors de l’Assemblée Générale du 18 janvier, je n’ai pas été élu pour intervenir dans les « affaires » démocratiques des clubs. En tant que président du Comité du Val-de-Marne, mon unique objectif est de contribuer à la bonne marche des clubs dans l’intérêt exclusif de ses membres et du tennis en général. Les services administratifs du Comité Val-de-Marne de Tennis, en lien avec notre Fédération, suivent avec attention, et cela, depuis septembre 2023, les problèmes de gouvernances qui perturbent le bon fonctionnement du club, et cela, au détriment de ces membres. Je tiens à réaffirmer, comme je l’ai fait devant les membres du club du LT Saint Mandé présents lors de l’Assemblée Générale, et de manière catégorique, n’avoir pris parti pour aucune des parties”, réagit le président du Comité 94, dans un mail adressé à 94 Citoyens.
C’est dans ce contexte légèrement tendu que se déroule l’assemblée générale extraordinaire le jeudi 8 février, considérée comme nulle et non avenue par le président sortant, mais bien validée par la centaine de présents. À la ligue désormais de trancher le différend.
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