Entre la mairie, le cinéma et la future gare du Grand Paris Express, le nouveau poste de police municipale de Champigny-sur-Marne en impose. Hautement symbolique dans l’ancienne ville communiste gagnée par la droite en 2020, l’inauguration de ce bâtiment splendidement réarchitecturé illustre aussi la prise en charge croissante de missions de sécurité par les villes, pour compléter, voire suppléer, une police nationale aux moyens limités.
Ce samedi 27 janvier à 11 heures, il fait froid mais beau à Champigny. Devant le 61-63 de la rue Jean Jaurès, en plein centre-ville, la foule s’est pressée pour fêter l’inauguration du nouveau poste de police municipale.
Promesse de campagne, la police campinoise vient compléter la longue liste des polices municipales (PM) du Val-de-Marne. Aujourd’hui, seules 3 communes sur 47 n’ont pas de PM : Créteil, Gentilly et Ivry-sur-Seine. Elles disposent en revanche d’équipes d’ASVP (Agents de surveillance de la voie publique). Même tendance en Seine-Saint-Denis, même si le sujet divise parfois dans les municipalités de gauche.
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Dans la ville voisine de Joinville-le-Pont, qui compte beaucoup moins d’habitants (20 000 contre 77 000), il y a déjà 20 policiers municipaux et 3 ASVP. “On ne peut pas faire plus financièrement, prévient le maire, Olivier Dosne (LR), qui s’inquiète d’une baisse des moyens de la police nationale. Il est déjà arrivé qu’on appelle le 17 sur un accident et qu’ils ne puissent pas venir, témoigne l’élu. Et j’ai peur qu’avec les Jeux olympiques, on délocalise la police vers Paris.” L’édile se félicite de la nouvelle police campinoise. “Nous avons beaucoup de problématiques de cités riveraines entre Joinville et Champigny.”
Prévention et “petite délinquance du quotidien”
“Il y a 18 mois, nous avons commencé par recruter un premier policier. Aujourd’hui, nous disposons de deux brigades”, se réjouit Laurent Jeanne, maire (Libres) de Champigny.
“Nous agissons beaucoup sur les incivilités et la petite délinquance du quotidien, les nuisances sonores, conflits de voisinage, dépôts sauvages, alcoolisation, regroupements…” explique Augustin Dumas, chef de la police municipale.
C’est exactement ce qu’en attend ce couple de sexagénaires, venu applaudir ce qu’ils considèrent comme le nouveau commissariat de centre-ville. Résidant du côté de la patinoire, ils se plaignent de regroupements en bas de chez eux, et de “dealers”.
“Nous avons été agréablement surpris par Champigny. Ici, il y a du lien. Il y a le relais des grands frères qui viennent aider à désamorcer, il y a le service jeunesse”, estime le chef de la PM. “Nous effectuons aussi beaucoup d’opérations en commun avec la Police nationale, y compris des ateliers de prévention comme le Prox Raid. Mais nous sommes davantage dans la proximité et la prévention tandis que la police nationale fait de l’investigation”. De quoi constituer un “continuum de sécurité”, résume la préfète.
Super poste de police
L’écrin qui accueille la nouvelle équipe “ferait rêver beaucoup de commissariats de police nationale”, commente le sénateur LR Christian Cambon, en gravissant les étages fraichement rénovés. Déployé sur 550 m2, le centre a pris place dans un pavillon Mansart agrandi et sécurisé à l’avant par une avancée en béton, sous la houlette de l’agence Pluriel(les) architectes. Très lumineux grâce à de généreuses baies vitrées, le poste conjugue ergonomie et sécurité. Salle des armes hyper-sécurisée où l’on vient s’armer et se désarmer selon un protocole en trois étapes, salle de crise, centre de supervision urbaine pour opérer les 70 caméras, open space de travail, vestiaires, espaces d’accueil du public… toutes les fonctions ont leur espace dédié. Côté mobilités, trois voitures, dont 2 électriques, et une demi-douzaine de vélos électriques sont à disposition.
Horaires d’ouverture de la police municipale
Le poste de police municipale, situé au 63 rue Jean Jaurès, est ouvert tous les jours, de 10h à 22h en semaine, de 13h à 1h du matin les vendredi, samedi, dimanche. Il est possible d’y déposer des mains courantes tous les jours. Pour les dépôts de plainte, deux permanences sont assurées par des agents de la police nationale chaque semaine. Une permanence téléphonique est aussi assurée au 01 89 123 123.
6 millions d’euros d’investissement dont 4 millions payés par la ville
Montant de l’investissement : 6 millions d’euros dont 1,5 million d’euros de subvention de l’État, et 500 000 euros de subvention de la région, principalement pour le centre de supervision urbaine (CSU) qui opère les caméras de vidéosurveillance. Un outil indispensable pour éviter “l’effet splash”, défend Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional, expliquant qu’une ville sans caméras entourée de villes avec des caméras se retrouve à attirer la délinquance, par effet de report.
120 caméras d’ici à 2025, opérées par la ville
Le Centre de supervision, équipé d’un très spacieux mur d’écrans, pilote pour l’instant 70 caméras, mais leur nombre sera porté à 120 d’ici à 2025, indique Laurent Jeanne. Un service sur lequel peut s’appuyer la police nationale, mais est exploité par la police municipale.
“La police municipale n’a pas vocation à pallier le manque de moyens de la police nationale”, rappelle néanmoins le maire, regrettant, notamment, une diminution l’effectif de policiers judiciaires. “Nous avons besoin que l’État soit à nos côtés”, insiste l’édile.
Problème d’attractivité du métier
Sollicitée sur le sujet par 94 Citoyens, la préfète, Sophie Thibault, indique que les effectifs de la circonscription de police de Champigny sont “stables”, “par rapport à 2017”. Le problème, explique la préfète du département, est celui du recrutement. “Nous pouvons avoir des postes, mais ils ne sont pas toujours pourvus, car il y a des problèmes d’attractivité du métier. Nous rencontrons les mêmes difficultés que dans d’autres secteurs comme la petite enfance, par exemple.” Dans certains cas, du reste, des policiers nationaux peuvent être tentés de rejoindre la municipale, qui propose parfois de meilleurs salaires.
À Champigny, pas de surenchère sur les salaires, assure-t-on, mais un cadre de travail soigné. Surtout, “c’est le projet qui a attiré“, indique le maire. “Nous n’avons pas voulu confondre vitesse et précipitation”, insiste encore l’élu. Pas question, par exemple, de récupérer une équipe quasiment clefs en main, issue d’une autre commune. Certes, c’est plus rapide, mais cela augmente le risque de voir la voir partir, du jour au lendemain, dans une autre ville où l’herbe serait soudain plus verte. Composer une équipe qui se fédère grâce au projet campinois, telle a donc été l’ambition dès le départ. “Nous avons pris soin de ne pas embaucher plus de deux agents issus d’une même police.”
Objectif 22 policiers municipaux d’ici à 2025
La police municipale campinoise, qui compte actuellement 10 agents (dont 2 femmes), passera à 14 dès le mois de février, dont 10 agents armés. L’objectif est d’atteindre les 22 d’ici à la fin 2025. L’effectif de tranquillité publique compte aussi 8 ASVP (Agents de surveillance de la voie publique).
À la tête de l’équipe, Augustin Dumas, 37 ans, arrive de la police municipale de Villeneuve-Saint-Georges, après avoir commencé sa carrière dans la gendarmerie. Même parcours pour Jérémie, 31 ans. Marc, 50 ans, fait partie des ASVP mais compte bien rejoindre la PM dès que possible, qui s’apprête à passer le concours externe cette année. “Pour moi, c’est une reconversion. Avant, je travaillais dans le marketing. Mais cela faisait longtemps que je voulais m’impliquer dans la vie locale”, confie-t-il. C’est la discussion avec l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Grégory Goupil, policier de métier et cheville ouvrière de la création de la police campinoise, qui lui a fait sauter le pas.
Excellente nouvelle d’autres villes devrait en prendre l’exemple hélas certaines sont trop bien protectrice de leurs électorat surtout pas de vidéos protections police municipal qui ferme à 16h personnel réduit au minimum
La vidéosurveillance permet souvent d’identifier les délinquants et de les arrêter APRES COUP, et elle peut avoir un effet dissuasif pour les petits délinquants. Les autres, et notamment les dealers dans les trop nombreuses zones de non droit, les repèrent et vont ailleurs.
Et comment imaginer que des policiers puissent être attentifs plusieurs heures devant une multitude d’écrans ?
Disons que cela constitue un élément de sécurité de plus, mais que la vraie solution réside dans des patrouilles d’ilotiers, comme cela existait du temps jadis …
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