Depuis huit ans maintenant, la fondation d’entreprise Hermès fait découvrir les métiers de l’artisanat de luxe auprès des écoliers. Cette année, ce sont les élèves de l’institut médico-éducatif (IME) Jean Allemane de Champigny-sur-Marne qui ont participé à l’expérience. Reportage.
“J’ai souhaité créer une dynamique de réussite chez mes élèves, développer leur créativité, leur donner la force de s’accomplir et de construire leur propre chemin“, explique Yamina Issad. Tout au long de l’année, l’enseignante spécialisée a accompagné ses élèves, atteints de handicaps mentaux ou polyhandicapés, à des ateliers de confection de lampe aux abats-jour en cuir, au sein de l’établissement. Guidés par l’artisane-maroquinière Luisa Pinto et son assistante Agathe, douze élèves volontaires, âgés de 8 à 18 ans, se sont formés aux rudiments de la maroquinerie, étape par étape.
Au programme de la dixième et dernière séance, assemblage-bichonnage, ils ont ainsi intégré et assemblé du matériel électrique à leur lampe et ajouté les derniers détails à l’abat-jour en cuir : un travail qui demande minutie, rigueur, sérieux et organisation. “Le projet a apporté beaucoup de compétences aux élèves, notamment au niveau de l’organisation. Ceux qui ont participé à l’expérience rangent bien mieux leur plan de travail en classe par exemple.”
Sensibiliser aux métiers manuels
L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet Manufacto, lancé par la fondation d’entreprise Hermès depuis 2016. L’objectif de ce programme, mené avec l’académie de Paris et les Compagnons du Devoir et du Tour de France, est de sensibiliser aux métiers manuels en milieu scolaire. En moyenne, près de 2 000 élèves y participent chaque année, dans une quinzaine d’académies, dont celle de Créteil, qui s’est inscrite depuis 2017.
“Je les accompagne en milieu scolaire, mais je voulais voir s’ils pouvaient transférer leurs connaissances en milieu professionnel. J’ai été agréablement surprise… ils ont pu appliquer ce qu’ils ont appris en géométrie par exemple“, témoigne Yamina Issad.
“C’est la cinquième année que je participe au dispositif, mais c’est la première fois que je le fais avec des enfants en situation de handicap. Il y a des enjeux différents“, détaille Luisa Pinto, maroquinière. “On adapte les réalisations en fonction du public. Dans notre cas, le projet des lampes en cuir était le plus pertinent. Avec les enfants de l’IME, il était aussi nécessaire que les enseignantes fassent la formation. Cela leur a permis d’adapter la séance et d’éviter des problèmes de sécurité que moi-même, je n’aurais pas pu anticiper.”
“C’était un vrai travail de patience et d’organisation : à chaque début de séance, on revenait sur ce qu’on avait fait à la séance précédente : les termes qu’ils avaient appris, les techniques… Je trouve qu’ils s’en sont très bien sortis“, constate l’artisane.
Se projeter dans l’avenir
Pour se souvenir de cette expérience, les jeunes l’ont aussi consignée dans un journal de bord. “Ils sont contents et fiers de leur travail… alors, on a eu l’idée de faire un carnet souvenir qui retrace toutes les séances“, explique Fabienne, une des enseignantes encadrantes.
Du côté des élèves, Rose se projette. “Je veux devenir styliste de mode“, lance l’adolescente, qui n’a manqué aucune séance, bien qu’ayant d’ordinaire des difficultés à se rendre à tous les cours.
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