L’actuel président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, Christophe Leribault, va prendre la tête du château de Versailles en remplacement de Catherine Pégard, qui occupait cette fonction depuis 2011, après une tergiversation de près de trois ans.
Nommé mercredi par le président Emmanuel Macron sur proposition de la ministre de la Culture Rachida Dati, M. Leribault, 60 ans, sera en poste à compter du 4 mars, à moins de cinq mois des Jeux Olympiques de Paris dont les épreuves équestres doivent se tenir dans ce haut lieu touristique.
Sa nomination met un terme à une période de transition inédite, Mme Pégard, 69 ans, ayant été nommée par intérim à sa propre succession sur décret présidentiel en octobre 2022, alors que son troisième mandat devait s’achever et qu’elle avait atteint la limite d’âge depuis le mois de mars 2021.
Christophe Leribault avait pris la direction du musée d’Orsay et de celui de l’Orangerie en octobre 2021, succédant à Laurence des Cars, nommée à la tête du musée du Louvre. Durant son mandat, de futurs grands travaux et un réaccrochage ambitieux des oeuvres impressionnistes ont été annoncés en juin dernier.
Grands succès à Orsay
Cet historien de l’art et conservateur général du patrimoine, qui a fait sa carrière à Paris, peut se targuer d’avoir fait revenir en nombre le public à Orsay après la crise sanitaire, grâce à plusieurs expositions à très grand succès comme Edvard Munch en 2022 (724.414 visiteurs) et Van Gogh à Auvers-sur-Oise, qui vient de s’achever sur un record historique de 793.556 visiteurs.
Dans ses nouvelles fonctions, il aura notamment à relever des défis concernant les “transition énergétique, révolution numérique, modification du tourisme international, évolution du mécénat”, a souligné Mme Dati dans un communiqué, tout en saluant “l’action et le bilan remarquables” de Catherine Pégard.
Ancienne journaliste politique, cette dernière avait été nommée en 2011 par le président Nicolas Sarkozy à la tête de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, après avoir été sa conseillère en 2007. Elle a effectué trois mandats sous trois présidents différents, un record.
L’intérim qu’elle assurait depuis 2022 est également inédit, même si la loi ne l’interdisait pas.
Sous sa présidence, plus de 10.000 m2 supplémentaires du domaine de Versailles ont été ouverts au public ou restaurés, comme le bassin de Latone, la galerie de l’histoire du château, les appartements de Mesdames (les six filles de Louis XV), la galerie des carrosses, la chapelle Royale, les appartements du Dauphin et la salle du Jeu de Paume, lieu emblématique de la Révolution française.
Plus récemment, le château a ouvert au public les appartements privés de Marie-Antoinette.
“Femme de réseau”, ni fonctionnaire, ni énarque, contrairement à ses prédécesseurs Christine Albanel et Jean-Jacques Aillagon, Mme Pégard a “considérablement oeuvré pour le mécénat français et international de Versailles, ainsi que pour son rayonnement à l’étranger”, selon son entourage.
Polémiques et critiques
Versailles et la Cité Interdite de Pékin ont par exemple signé un accord pour l’organisation d’une exposition, qui débutera le 1er avril à Pékin, sur les échanges entre la France et la Chine au XVIIIe siècle.
Comme certains de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a beaucoup utilisé le château de Versailles pour ses réceptions officielles, dont celle en l’honneur du président russe Vladimir Poutine en 2017 ou, plus récemment, du roi d’Angleterre Charles III.
Poursuivant la politique d’ouverture à l’art contemporain entamée par Jean-Jacques Aillagon, Catherine Pégard a en outre dû affronter plusieurs polémiques, dont celle autour d’une sculpture d’Anish Kapoor, vandalisée après que l’artiste l’eut qualifiée de “Vagin de la reine”.
Elle a aussi essuyé de virulentes critiques après l’utilisation du château et du Grand Trianon par l’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, visé aujourd’hui par trois mandats d’arrêt pour malversations financières, abus de biens sociaux et blanchiment en bande organisée.
En tant que mécène, il a en effet utilisé Versailles à des fins professionnelles mais aussi privées, une affaire sur laquelle la justice enquête encore.
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