Claques derrière la tête, insultes, coups de cravache : un ancien responsable d’internat de l’école catholique Stanislas sera jugé en septembre pour des violences commises entre 2012 et 2018 au sein de cet établissement privé du sixième arrondissement. Il est aussi mis en examen dans une affaire de viol.
L’audience doit se tenir le 9 septembre 2024 à 08H30 devant le tribunal correctionnel de Valenciennes (Nord), compétent en raison du lieu de résidence du mis en cause, a indiqué à l’AFP le parquet de Valenciennes.
Cet homme sera jugé pour des violences dénoncées par six anciens élèves des classes préparatoires de cet établissement du centre de Paris: “Coups de cravache, coups de pied, claques derrière la tête, placages au sol, insultes, ainsi qu’une emprise psychologique”.
Soupçons de viol et agression sexuelle
Outre ces violences, cet ancien maître d’internat, qui a travaillé “au sein de plusieurs établissements catholiques d’Ile-de-France”, a été mis en examen le 26 janvier dans une autre affaire, pour “viol et agression sexuelle par personne abusant de sa fonction” contre un élève alors âgé de 17 ans pour des faits commis entre le 30 juin et le 1er juillet 2001 au sein de l’internat Saint-Martin-De-France de Pontoise (Val-d’Oise). Placé “sous contrôle judiciaire”, il a “l’interdiction d’entrer en contact avec la victime”, précise le parquet de Valenciennes.
Courrier aux familles
L’ancien responsable “conteste” tant les accusations de “viol et agression sexuelles” que de “violences”, mais concède une “attitude autoritaire s’agissant des derniers faits reprochés”, précise cette même source.
Contacté par l’AFP, le directeur de Stanislas, Frédéric Gautier, a indiqué qu’il “venait d’apprendre la plainte pour viol”, qu’il “ignorait totalement”.
Dans un courrier adressé à la communauté éducative de Stanislas, dont l’AFP a obtenu copie, le directeur informe les familles de la mise en place d’une adresse électronique “pour que toute personne, élève mineur ou adulte” qui “souhaiterait faire état de faits” puisse le faire, “compte-tenu de la nature des accusations”.
Frédéric Gautier dit avoir “mis à pied, puis licencié pour faute grave” cet ancien responsable en novembre 2018, “en raison de consultations d’images pédopornographiques mettant en scène des mineurs” et procédé “simultanément à un signalement au procureur de la République”.
Il ajoute avoir effectué un second signalement en octobre 2020 “pour les faits dénoncés par quatre anciens élèves de classes préparatoires”, puis avoir en janvier 2021 adressé un courrier aux familles et anciens élèves, “les informant de la mise en place d’une adresse de signalement et d’un point d’écoute”.
Les faits de “viol et agression sexuelle par personne abusant de sa fonction” sont respectivement sanctionnés “des peines de 20 ans de réclusion criminelle et de sept ans d’emprisonnement”, a détaillé le parquet. Ceux de violences commises au sein d’un établissement d’enseignement sont sanctionnés “de trois ans d’emprisonnement et cinq ans d’emprisonnement” selon que ces faits ont entraîné une incapacité de travail inférieure ou supérieure à huit jours.
Licencié
Le salarié avait contesté son licenciement devant les prud’hommes, qui ont validé son renvoi de Stanislas. Selon le jugement de mars 2020, confirmé en appel, consulté par l’AFP, cet ancien responsable de l’internat a été salarié en CDI du foyer Ozanam de Stanislas d’avril 2014 à octobre 2018. Il était également professeur de musique auprès d’élèves de 13 à 14 ans.
L’établissement Stanislas s’est retrouvé sous le feu des projecteurs après des déclarations polémiques d’Amélie Oudéa-Castéra mi-janvier, alors qu’elle était ministre de l’Éducation : elle avait expliqué y avoir scolarisé ses trois fils en raison des “heures pas sérieusement remplacées” dans le public, provoquant l’ire des enseignants. Médiapart avait ensuite dévoilé un rapport de l’Education nationale, qui pointait “des dérives dans l’application du contrat d’association” de l’établissement avec l’Etat, par exemple l’obligation de suivre des cours de catéchisme. Il faisait état aussi de “dérives” lors de ces cours, par exemple des propos homophobes et anti-avortement.
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