Comment s’informent les jeunes ? Suivent-ils encore des médias ? Sont-ils accros à l’info ou s’en désintéressent-ils ? Ambiance devant le lycée polyvalent Marcel Cachin de Saint-Ouen-sur-Seine.
“Le Pape en doudoune, j’avoue j’y ai vraiment cru !“, s’exclame Yason, élève de seconde au lycée polyvalent Marcel Cachin de Saint-Ouen-sur-Seine. Autour de lui, ses copains hochent la tête, ils se sont fait duper aussi par cette fameuse photo du Pape François en doudoune blanche, générée par l’intelligence artificielle Midjourney.
“Ce serait bien que les médias nous écrivent directement sur Snapchat !”
“Vous informez-vous tous les jours ?” Le petit groupe d’adolescents secoue la tête, “pas tous les jours, non. D’ailleurs, ce serait bien que les médias nous écrivent directement sur Snapchat !” rigole l’un d’eux.
Lina, élève en première année de BTS confie : “mes parents regardent le JT à la télé, mais je ne le regarde pas avec eux. Cela ne m’intéresse pas.” L’actualité ? Elle la suit de loin, à travers les publications de ses amis sur Snapchat, Instagram ou Tik Tok. “Plus tard, peut-être que je changerai mes habitudes, mais aujourd’hui, je ne vois pas l’intérêt de m’informer“, conclut-elle.
Les lycéens, rencontrés ce mercredi devant l’établissement, l’admettent cependant : sur les réseaux sociaux, ils ont parfois du mal à distinguer le vrai de l’approximatif, le sérieux du divertissement. “Pendant les confinements, il y avait des rumeurs de troisième guerre mondiale“, se souvient Sissoko, élève en première. Intéressé par les “sujets sensibles” comme la guerre ou encore la politique, il s’informe principalement sur les réseaux sociaux et regarde de temps en temps BFMTV ou TF1.
“Il faudrait enseigner comment repérer les sources fiables”
Athem, 17 ans regrette que, “à l’école, on ne nous apprend pas à vérifier qui parle pour dire quoi. C’est dommage !” Le lycéen s’estime chanceux. Son grand-père, qui lit Le Monde tous les jours, lui a transmis son appétence pour la lecture de la presse, et un esprit critique. “Il faudrait enseigner comment repérer les sources fiables. S’informer c’est une chose, savoir bien s’informer en est une autre !” défend-il, pointant du doigt les chaînes télés qui produisent, selon lui, des débats clivants, “peu approfondis.”
“J’en ai marre de devoir vérifier les infos en allant sur plusieurs médias”
Ilias, 16 ans, s’informe tous les jours via le réseau social X (anciennement Twitter). Il suit l’actualité quotidienne sur les comptes de l’association Cerfia et de AlertesInfos, et a le sentiment que certains médias manquent de neutralité et d’objectivité, c’est d’ailleurs sa “principale crainte.” “J’ai l’impression qu’ils omettent des informations de façon délibérée. Par exemple, lorsqu’une personne est tuée par la police, certains médias ne précisent pas toujours les circonstances exactes de la mort. C’est orienté !” soupire l’adolescent. S’il ne pense pas souffrir de désinformation, il témoigne de son embarras face aux avis contradictoires. “Les médias s’expriment sur un sujet, le gouvernement dit l’inverse.”
“J’en ai marre de devoir vérifier les infos en allant sur plusieurs médias”, abonde Sekou. L’adolescent de 17 ans, amateur de football confie s’être fait avoir par l’une des dernières fake news en date : le départ de Kylian Mbappé au Réal Madrid. Le lycéen, élève en classe de première, s’informe essentiellement sur les réseaux sociaux. Snapchat pour le sport, avec le compte Fou2Foot, et la chaîne Tik Tok HugoDécrypt pour l’actualité généraliste. “Il résume tous les sujets de la semaine !“ apprécie l’adolescent qui peut ainsi se dédier à l’une de ses activités préférées : lire les actualités liées au foot. “Je suis toujours à la recherche d’infos là-dessus !“
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