Après une vie de vadrouille au quatre coins du monde à peindre et à écrire des carnets de voyage, Simon (63 ans) sort Cormoran, son premier polar aux éditions Jets d’Encre. Par jeu littéraire, l’auteur a borné cette intrigue policière et psychologique au seul Val-de-Marne, son port d’attache. Rencontre.
Les meurtres s’enchaînent sur les berges de la Marne et de la Seine. L’enquête menée par la commissaire Louise Vuong Quang patine. Même les cormorans du pont du port à l’Anglais n’échappent pas aux soupçons. Le titre du livre était tout trouvé. Tout au long des 420 pages de récit, Simon entretient le suspense en s’attardant sur une kyrielle de personnages évoluant sur une unité de lieu, le Val-de-Marne.
L’auteur nous emmène en footing des quais à Choisy-le-Roi avec l’héroïne qui échafaude des hypothèses. Il ouvre les portes d’un bar-tabac de Maisons-Alfort où un client accoudé au zinc pleure la mort de son père d’adoption. La famille Morteaux, dans le viseur des enquêteurs, vit à cheval entre Cachan, Fontenay-sous-Bois, Vincennes, Vitry-sur-Seine ou Villeneuve-Saint-Georges.
Pour écrire ce livre, Simon a parcouru le département pendant trois ans sur un vélo. “Une demi-journée et plusieurs dizaines de kilomètres, entrecoupés de haltes dans des bars et des cafés“, explique celui qui a passé le premier tiers de sa vie entre L’Haÿ-les-Roses et Cachan.
“Ce sont des lieux de sociabilité, mais aussi de solitude, ils m’ont permis de prendre le pouls de ces villes”, indique-t-il en reconnaissant avoir intégré au récit des anecdotes glanées çà et là. “Ce livre était une sorte de retour au pays natal. J’ai voulu jouer avec ces frontières administratives, sans trop de mal, parce qu’il se dégage une poésie de cette banlieue“. L’auteur avait déjà déclaré son amour au 94, il y a vingt ans, peu après les émeutes de 2005 en participant à un ouvrage collectif de carnets de voyage appelé Banlieue nomade. “Je voulais que l’on montre autre chose que les voitures brûlées“, se remémore-t-il.
L’alibi de l’enquête de police
Simon a attendu trente ans et presque autant de livres pour s’essayer au genre du polar. Lecteur de Fred Vargas, mais pas particulièrement fan des romans policiers, il a tenté en vain une immersion. “Connaissant très mal ce milieu, j’ai demandé à passer deux semaines d’observation au commissariat du Kremlin-Bicêtre, mais n’ai jamais eu de réponse“, explique-t-il. “Heureusement, j’ai réussi à rencontrer deux anciens policiers et j’ai pu m’inspirer de leurs témoignages.” C’est moins la résolution de l’énigme policière qui passionne l’auteur que la plongée dans la psyché des protagonistes. “De toute façon, ils sont tous coupables“, mystifie-t-il.
Si le récit est une fiction “pas du tout autobiographique“, assure Simon, il confie en revanche que l’un des crimes relatés dans le livre s’est réellement produit, même si l’auteur a modifié le profil des victimes. “J’avais vingt ans, un meurtre atroce dans une courette à Vincennes“, se souvient-il.
Depuis qu’il a terminé l’écriture de son livre, l’auteur ne revient que de manière épisodique en Val-de-Marne, partagé entre la Bretagne où il vit et l’Asie où il voyage. Simon prépare actuellement le dernier tome d’une trilogie consacrée au Vietnam, en plus d’expositions.
Cormoran : À commander directement aux éditions Jets d’Encre (424 pages)
Le livre est aussi disponible sur commande dans toutes les librairies.
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